10/08/09 (B511) A écouter en langue Somali, l’interview qu’Ahmed Reyaleh a donné à une station danoise, à propos du 1er forum de l’opposition qui s’est tenue à Bruxelles le 27 juin. L’intégralité des propos a été traduite en Français ci-dessous. Merci à notre correspondant pour ce travail.

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_____________________ Traduction réalisée par notre correspondant

Interview donnée en Somali par Ahmed Reyaleh, porte parole du Comité d’organisation du forum de Bruxelles à une station danoise.

Journaliste : Nous vous invitons à une émission consacrée à la tenue d’une grande conférence par l’opposition Djiboutienne à Bruxelles.

Journaliste : Nous apprenons que l’Opposition Djiboutienne organise une grande conférence réunissant la société civile Djiboutienne, la diaspora de part le monde et l’ensemble de l’opposition Djiboutienne à Bruxelles, que pouvez vous nous dire sur l’objectif et la nature de celle-ci ?

Ahmed Reyaleh : L’objectif de cette conférence est de sensibiliser l’ensemble de la diaspora Djiboutienne sur les situations catastrophiques que traverse Djibouti actuellement notamment le danger que cours le pays à savoir l’imminence d’une guerre civile, ainsi que l’urgence du refus du changement de la constitution Djiboutienne.

Journaliste : Djibouti est l’un des pays le plus stable de la région depuis son indépendance, il a été notamment épargné des guerres civiles des pays de la région, quels genres de problèmes souffre Djibouti ?

A.R : Ce sont des problèmes cruciaux qui font souffrir le peuple djiboutien et dont le système en place est responsable. En apparence la république de Djibouti paraît politiquement stable, mais le système dictatorial en place utilise des méthodes extrêmement violentes, il règne par la terreur, les intimidations, les arrestations voir les exactions sommaires, il appauvrit la population pour mieux les gouverner.

Pis encore, il veut modifier la constitution pour pérenniser ce système.Ce qui amènera une guerre civile sans précédente voir une catastrophe. D’où notre mobilisation aujourd’hui à Bruxelles.

Journaliste : Si je comprends bien, vos problèmes sont d’ordre politique ; il existe pourtant un multipartisme à Djibouti, vous pouvez constituer des partis politiques pour battre par les urnes ; cela ne vous est-il pas possible ?

A.R. : A Djibouti, la liberté même les plus élémentaires sont inexistantes , on accepte plus aucune voix discordante, chaque citoyen est sommé soit de rentrer dans les rangs du système soit les menaces et la prison, n’en parlons alors même pas de parti , les droits les plus fondamentaux, travailler, penser, de proposer, sont quotidiennement bafoués.

Toute personne se réclamant d’un parti politique est systématiquement isolée, expropriée, licenciée, l’on ne peut même pas s’asseoir, discuter avec un supposé opposant politique, vous consentirez avec moi que même les partis existants sont tous chassés du pays.

Journaliste : D’après nos informations la dernière élection était ouverte à l’opposition mais cette dernière a été incapable d’y participer ?

A.R. : Les citoyens qui sont privés de penser autrement ne peuvent pas participer à une élection, militer ou s’identifier à un parti politique autre que le régime est synonyme de prison, c’est la raison pour laquelle les opposants Djiboutiens sont tous contraints à l’exil et dénoncer de l’extérieur est la seule issue. C’est aussi pourquoi personne, je dis bien personne ne peut exposer des idées neuves, un programme, un projet politique, une vision pour Djibouti.

Journaliste : Pourquoi n’avons-nous pas entendu parler par les medias Djiboutiens, des ONG internationaux sont présents à Djibouti, pourquoi ne parlent ils pas des souffrances que vous dénoncez ?

A R : Les médias à Djibouti ne sont pas libres, le journaliste qui doit exercer son métier n’a plus aucune liberté, ni vous ni quiconque ne peut parler des difficultés des Djiboutiens au risque de subir des pressions.

Actuellement la célèbre artiste Djiboutienne NIMA DJAMA, croupit en prison depuis deux mois pour avoir parler de la situation inacceptable du peule, ceci est l’illustration parfaite, Mahdi Abdillahi, numéro deux d’un parti politique a été torturé jusqu’à ce que mort s’en suive en prison, l’homme d’affaire Abdourahman Boreh est chassé de son pays et son business est liquidé à Djibouti.

Je peux vous en citer un millier d’exemples récents, tous cela sous les yeux impuissants de la presse Djiboutienne qui est réduite au silence. Djibouti a la particularité d’être un petit pays ou tout le monde connaît tout le monde et les medias ne sont pas indépendants.

Journaliste : L’image que le monde a de Djibouti est que vous êtes un petit pays qui a su tirer son épingle du jeu vu l’instabilité de la région de la corne d’Afrique, son économie se développe exponentiellement, le chômage recule, beaucoup de projet y sont menés , c’est le cas du port de l’aeroport,et du pont entre l’Afrique et l’Asie passant par Djibouti en cours. Vous jouez aussi un rôle important par la présence des armées du monde, existe-t-il une autre image que celle-ci de Djibouti ?

A.R. : Un progrès économique se répercuté sur la vie de la population de ce pays, or il y a une extrème pauvreté dont souffre 80% des Djiboutiens. Un progrès économique est-il compatible, peut-il cohabiter avec une misère totale de toutes les couches sociales à votre avis ? Je dois malheureusement vous avouer qu’en réalité la population Djiboutienne dans son ensemble vit dans la pauvreté la plus absolue.

Quant aux projets que vous énoncez, plus de 80% d’entre eux sont des mensonges, de la poudre aux yeux, certes des investissements existent mais le peuple n’en profite absolument pas.

A vrai dire peut-on dire que Djibouti n’a pas les moyens d’offrir de l’électricité, de l’eau et une vie décente à son peuple ?

Non, c’est honteux, il y a là un système qui appauvrit son peuple pour mieux le maîtriser, qui l’harcèle, le persécute, le terrorise pour rester au pouvoir, c’est inadmissible aujourd’hui. En réalité le régime n’accepte aucune voix discordante, soit on est corrompu à coup de billets soit la prison est la dernière alternative, voir jusqu’à assassiner comme il a fait ce dernier temps.

Journaliste :
Si je reviens à votre rencontre, les participants sont ils des Djiboutiens longtemps expatriés ?

A.R. : Pas seulement, notre mobilisation rassemble la société civile, la diaspora de part le monde, les intellectuels, les commerçants, nous invitons chaque Djiboutiens où qu’il soit à apporter sa contribution et ses idées pour sauver Djibouti.

Journaliste : peut-on envisager que des participants viennent de Djibouti ?

A.R. : Il faut savoir que la majorité des opposants Djiboutiens, des intellectuels, des indépendants ont quitté le pays et vivent à travers le monde, n’ayant pas pu supporter la situation extrêmement préoccupante du peuple Djibouti et ce régime irresponsable.

Tous ceux-là nous communiquent constamment leurs préoccupations et sont prêts à participer à une quelconque rencontre pourvu qu’elle sauve le pays et le peuple d’un désastre annoncée que l’opinion internationale et l’occident ferme les yeux.

Journaliste : Pour finir, pouvez vous nous dire quelque chose sur l’organisation d’un tel événement et vos attentes ?

A.R. : L’une des attentes de ce rassemblement est la mobilisation de la masse Djiboutienne dans le monde, parce qu’elle n’a plus raison d’avoir peur, pour recréer la confiance des uns aux autres et de s’unir, de ne plus s’isoler avec la souffrance et de se mettre ensemble pour chercher comment chasser cette dictature de notre pays et de le sauver d’une catastrophe imminente.

Journaliste : je vous en remercie Ahmed Reyaleh

A.R. : Je vous remercie également.