16/08/09 (B512) Yémen Express (2 articles en Français)

__________________________ 2 – Guysen (Israël)

Les combats s’intensifient au Yémen

Par Constance Le Bihan pour Guysen International News

Le régime d’Ali Abdullah Saleh a étendu dimanche l’assaut mené contre les rebelles chiites dans le nord du pays. Samedi, les combats se sont rapprochés de la capitale, Sanaa, alors que les rebelles ont rejeté l’accord de cessez-le-feu. Lancée depuis cinq jours, cette offensive militaire crève l’abcès de ce conflit larvé entre la minorité zaïdite chiite et le gouvernement. Un conflit larvé, mais virulent : plus de 120 000 déplacés et des milliers de morts depuis 2004.

Peut-être ce conflit peut-il déjà porter le nom de guerre. En cinq jours, l’offensive du gouvernement yéménite contre les rebelles chiites du nord a fait des centaines de nouveaux déplacés. Et le décompte des tués à déjà commencé.

Face aux provocations des rebelles chiites, la réaction du gouvernement n’a pas tardée. La semaine passée, les rebelles ont indiqué avoir gagné des positions dans la région de Sadaa, au nord du pays. Depuis, les bureaux gouvernementaux de la province, frontalière avec le gouvernement, sont occupés par les rebelles. Une manière univoque de signifier au gouvernement que la trêve de 2008 est rompue.

L’année passée, le président avait déclaré que le conflit, qui couve depuis 2004 avec les rebelles chiites, était « terminé ». Un point de vue qui, manifestement, n’était pas partagé par tous.

La rébellion chiite dirigée par Abdul-Malik al-Houthi souhaite rétablir sur le Yémen le régime des imams, évincé par une révolution républicaine en 1962. Lui-même chiite zaïdite, le président conservateur Ali Abdullah Saleh, 67 ans, ne veut pourtant pas de ce « retour en arrière », qui remettrait en cause son règne. Il s’insurge alors contre la milice d’Abdul Malik al-Houthi, la qualifiant de « raciste » et se positionne comme « l’homme providentiel » de la stabilité.

Allié fidèle de Washington, le président yéménite a bon gré mal gré réussit à faire coexister sous la férule les frères ennemis de l’Islam. Et cela au détriment des 260 juifs qui résident dans des conditions de plus en plus difficiles au Yémen, principalement à Sanaa. Ses deux prédécesseurs ont ainsi été assassinés alors que les islamistes sunnites et chiites se disputaient les lambeaux de ce pays classé 138ème par les Nations Unies pour son développement humain (IDH), sur les 179 pays étudiés.

Comble de la politique du président hachémite : il a lui-même aidé à la création de la rébellion chiite des « Houthi », partisans d’Abdul Malil al Houthi en finançant l’organisation pour lutter contre les islamistes sunnites au nord du Yémen. Depuis, le gouvernement a accusé l’Iran d’armer clandestinement la rébellion, via l’Arabie Saoudite, pour étendre l’empire chiite.

Jeudi, le gouvernement d’Ali Abdullah Saleh a proposé aux rebelles de signer un cessez-le-feu. Niet, ont fait valoir les rebelles chiites. Même le hochet de la libération des prisonniers chiites, agité par le gouvernement, n’y a fait. Les rebelles ferraillent pour le pouvoir et semblent déterminés. Pour eux, la campagne du gouvernement est « un crime qui accable les civils », comme l’a souligné le leader chiite al Houthi.

La milice, qui récuse le meurtre de trois otages occidentaux en juin 2008 dont l’accuse le gouvernement, reproche à son « frère » chiite Ali Abdullah Saleh de se montrer trop conciliant avec les islamistes sunnites. En 1994, lors d’une guerre civile, le sud du Yémen voulait faire sécession. Une hantise contre laquelle Ali Abdullah Saleh n’avait pas hésité à utiliser les miliciens sunnites wahhabites pour se battre contre les indépendantistes du sud.

« Gouverner le Yémen est difficile, avait indiqué le président Saleh dans une interview au New York Times en 2008, c’est comme de danser avec des serpents ». On veut bien le croire.

_______________________________ 1 – La Tribune (Algérie)

Yémen : l’armée dit éviter les civils dans son offensive contre les rebelles

L’armée yéménite a affirmé hier, au 5ème jour de son offensive contre les rebelles chiites dans le nord du pays, éviter soigneusement les civils et a nié utiliser des bombes au phosphore. Un porte-parole militaire a démenti des accusations dans ce sens des rebelles zaïdites.

«La mission essentielle de l’armée, dans l’opération en cours, est de sauver les civils des griffes du terroriste Abdel Malek Al Houti [le chef des rebelles zaïdites]», a déclaré le porte-parole. Les rebelles accusent les forces armées d’avoir causé la mort de dizaines de civils dans ces bombardements.

Le porte-parole n’a pas fait état de nouvelles opérations militaires hier au lendemain de combats qui ont fait au moins deux morts parmi les soldats et 16 parmi les rebelles, selon une source de sécurité. Les rebelles ont rejeté jeudi dernier une trêve conditionnelle du gouvernement.