25/09/09 (B517) A propos de déchets radioactifs (par Bouh Warsama)


Caricature par Roger Picon

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La découverte, ces dernières semaines, de l’épave d’un navire bourré de bidons radioactifs au large des côtes calabraises (sud de l’Italie) a confirmé tout à la fois les révélations faites en 2006 à la Justice italienne par un ex mafieux et les fortes inquiétudes exprimées par des associations environnementales sur la présence et les conséquences de déchets toxiques en Méditerranée.

(Bouh Warsama)

De par les obstacles mis dans ce « dossier qui se révèle explosif » il a fallu de la constance au tenace juge italien anti-mafia, Bruno Giordano, magistrat du Parquet de Régio di Calabria, et la mobilisation d’équipements sophistiqués pour retrouver au bout de trois années d’investigations le navire coulé volontairement et sa cargaison composée de 120 bidons de déchets radioactifs qui reposaient par 500 m de fond.

L’ex mafieux repenti a fait, le 21 avril 2006, le récit au Parquet de Milan du sabordage du « Cunsky » par des explosifs à usage militaire qui provenaient de Pays Bas alors que les déchets nucléaires venaient de Norvège.

– Le « Cunsky », l’arbrisseau…marin qui cache la forêt de déchets !

Selon le Cabinet du Procureur de Régio di Calabria, l’affaire du « Cunsky » ne constituerait qu’une première étape dans cette affaire qui pourrait conduire à la découverte d’autres très mauvaises surprises.

Aussi surprenant que cela pourrait paraître, ce navire ne serait que l’une des 32 « embarcations » coulées volontairement par la Mafia en Méditerranée avec à bord des produits toxiques tels que du Thorium 234, du Plutonium ou du Sulfate d’Ammonium

– Plaintes classées « sans suite » !

D’autre part, depuis les premières plaintes déposées en 1994 par l’association
Legambiente, toutes celles qui ont suivi ont été simplement « archivées » ce qui a fait dire à M Venneri, son vice président, que « C’est peut être de la désinvolture de la part de l’Etat italien …mais il ne faut pas écarter l’hypothèse d’une volonté délibérée d’enterrer toutes ces affaires ».

Quant à l’ex procureur de Régio di Calabria, Francesco Néri, il témoigne de « la légèreté » de l’Etat dans ce dossier aux multiples facettes et qui dépasserait de très loin les frontières du pays, voire les limites de la mer Méditerranée.

Il a rappelé qu’en 1995, « le Ministre italien de la Justice lui avait refusé l’octroi d’un crédit de 50 000 euros pour financer des recherches en mer…et ce « sans explication ».

– La Somalie, poubelle des déchets radioactifs occidentaux ?

Les confidences de l’ex mafieux ne se sont pas limitées au sabordage du « Cunsky » en 2006, au large des côtes de la Calabre.

Cette semaine et en présence de la presse internationale, il a relancé l’affaire en déclarant que le navire « La Ndrangheta avait transporté des milliers de fûts radioactifs en Afrique….. »

Il a précisé, en outre « qu’en arrivant au port de Bossasso, (NDLR : ville portuaire du Puntland, région autonome dans le nord-est de la Somalie) placé sous la surveillance des militaires italiens…,ces derniers détournaient leur regard….. ».

L’une des conséquences catastrophiques du tsunami du 26 décembre 2004

De mémoire, ce tsunami s’est révélé être d’une intensité rare : 9.0 sur l’échelle ouverte de Richter, l’un des plus violents séismes jamais enregistrés au monde.

Il a frappé une bande côtière somalienne sur 650 kilomètres de long, entre Hafun et Garacad, tuant au passage environ 300 personnes, rasant au moins 18 000 habitations, détruisant les bateaux, emportant les filets et provoquant plus largement des dégâts dans tout l’écosystème côtier.

L’une des conséquences catastrophiques, que l’on discernait déjà en mars 2005 et dont on mesure aujourd’hui l’ampleur de l’incidence sur la Santé des populations côtières en Somalie, fut qu’il a violemment bousculé des dépôts sauvages de produits toxiques et même radioactifs déversés de manière sauvage sur les plages somaliennes.

Mal conditionnés, les containers fuient depuis le passage du raz-de-marée.

Outre le bétail et le milieu marin gravement touchés, le PNUE a observé ces derniers mois une recrudescence de maladies nouvelles dans les populations locales et d’une grande gravité. Les spécialistes les imputent à des contaminations chimiques ou aux effets de la radioactivité.

Le raz-de-marée de décembre 2004 s’est produit en pleine saison de pêche. Les conséquences furent que l’eau de mer a salé les eaux douces et même les terres arables.

Le tsunami a aussi dévasté la forêt de mangrove, déjà très sévèrement affectée par les besoins en bois de chauffe et de construction, en particulier dans la zone qui va de Kismayo jusqu’à la frontière kényane.

Selon les experts, la mangrove a du mal à se régénérer bouleversant tout l’écosystème local avec le risque de voir disparaître à court terme le gibier aquatique et les crustacés qu’elle abrite qui constituent une ressource alimentaire cruciale dans ce pays où des années de sécheresse successives ont décimé les troupeaux, créant ainsi des famines sans précédent parmi les populations locales.

– Mais le pire est sans doute à venir de la chimie radioactive qui a commencé à gangrener les plages.

Depuis la fin des années 1980, les rivages du Somaliland et surtout du Puntland sont devenus la poubelle privilégiée pour nombre d’entreprises occidentales encombrées de déchets toxiques impossibles à recycler et très coûteux à détruire (Rapport de coût supérieur de 100 à 1).

En Somalie, ces problèmes ne se posent pas, puisqu’il suffit de larguer les fûts sur un coin de plage en payant quelque droit de passage au seigneur de guerre du cru ; souvent par l’intermédiaire…de familles ou d’amis installés à Djibouti ou y faisant ouvertement commerce.

A la lecture de ces quelques dernières lignes, en périphérie du pouvoir du Palais de l’Escale certains sauront ce à quoi nous faisons allusion……..