30/09/09 (B518)  Communiqué de l’UAD, pour dénoncer les dérives du régime, refuser le projet d’un troisième mandat présidentiel et appeler le peuple à une mobilisation décisive …

UNION POUR L’ALTERNANCE DEMOCRATIQUE (U.A.D)
(ARD, UDJ, MRD)
Adresse : Avenue Nasser – Djibouti

APPEL AU PEUPLE DJIBOUTIEN ET A LA
COMMUNAUTE INTERNATIONALE

Nous, partis politiques coalisés sous la bannière de l’Union pour l’Alternance Démocratique (UAD), n’avons cessé de mettre en garde contre la dégradation de la situation socio-économique et politique de notre pays et contre ses conséquences dévastatrices pour notre peuple. Nous n’avons cessé d’appeler les Djiboutiennes et les Djiboutiens mais aussi la Communauté internationale à la vigilance. Si les Djiboutiens se sont majoritairement exprimés contre la logique du pire, comme en ont témoigné les succès de nos appels au boycott des mascarades électorales (présidentielle d’avril 2005, locales de mars 2006 et législatives de février 2008), nous ne pensons pas que la Communauté internationale ait pris la pleine mesure de la gravité de la situation. A nos yeux, le régime n’a point subi le degré de pression que commandaient ses méfaits.

Dès lors, interprétant cette attitude de la Communauté internationale comme un soutien à ses agissements, le président Ismaël Omar Guelleh n’a pas hésité à manifester en mars 2009 sa volonté de modifier la Constitution en vue d’un troisième mandat, tentant ainsi de s’ouvrir la voie à une présidence à vie. Cette initiative irresponsable et dangereuse a choqué l’écrasante majorité des Djiboutiennes et Djiboutiens.

Force est de constater qu’aujourd’hui la situation dans notre pays présente de sérieux risques d’explosion sociale mais aussi de guerre civile. Jamais, le mécontentement n’a été aussi profond et aussi généralisé. Jamais, notre pays n’a été aussi proche de l’explosion. Il suffit, pour s’en rendre compte, d’observer les formes préoccupantes que prend le profond malaise social dans la capitale comme en province. Il suffit, pour s’en rendre compte, d’observer le flot de jeunes djiboutiens qui, perdant toute confiance en ce régime, gagnent ou regagnent le maquis du Nord et renforcent ainsi les rangs du FRUD, mouvement armé djiboutien d’opposition, ou émigrent à leurs risques et périls en grand nombre, par le golfe d’Aden ou la Méditerranée. Du reste, si la situation actuelle perdure, l’idée du recours aux armes pour se débarrasser de ce pouvoir risque fort de l’emporter sur les autres formes de lutte pacifique auxquelles nous tenons tant.

Face à cette grave évolution, et autour des valeurs fortes qui lui sont chères, à savoir l’unité, la fraternité, la paix, l’Etat de droit et le développement durable, la démocratie, la bonne gouvernance, la justice sociale, l’entente cordiale avec les pays voisins et le reste du monde, l’Union pour l’Alternance Démocratique :

– rejette et condamne toute idée de troisième mandat présidentiel et de présidence à vie ;
– appelle le peuple djiboutien à l’unité et à une mobilisation décisive contre la dictature ;
appelle la Communauté internationale à prendre la pleine mesure de la situation à Djibouti et à user de toute son influence pour faire entendre raison au président Ismaël Omar Guelleh.

L’UAD estime que la solution du problème djiboutien passe par la mise en place d’un gouvernement d’union nationale de transition, regroupant opposition, gouvernement et société civile, et chargé de redresser la situation économique et sociale ainsi que de jeter les bases d’une vie collective nationale et démocratique.

Les points essentiels suivants doivent faire partie de la plateforme commune de gouvernement à élaborer par l’opposition, le gouvernement et la société civile ;

1 – Un véritable multipartisme intégral (sans entraves politico administratives inutiles)
2 – La mise en œuvre de la décentralisation à l’instar de celle qui existe dans le reste de l’Afrique et prévue par l’Accord du 12 mai 2001 avec le FRUD armé du regretté président Ahmed Dini Ahmed ;
3 – Une justice indépendante et opérationnelle, y compris dans sa composante administrative (tribunal du contentieux administratif) et avec des juges libres ;
4 – Le réexamen du Conseil constitutionnel dans son statut comme dans sa composition ; il est, comme le reste de l’appareil d’Etat, totalement inféodé au régime parce qu’entièrement nommé par lui ;
5 – La mise en place d’une Commission électorale nationale indépendante en charge de l’ensemble du processus électoral depuis la confection des listes jusqu’à la proclamation des résultats et composée à parité de représentants de l’opposition et du régime sous la présidence d’une personnalité indépendante de la société civile acceptée par les deux parties (c’est la condition sine qua none de la transparence électorale) ;
6 – Le respect des libertés fondamentales (syndicale, d’expression, de presse, etc…) et des droits de l’homme ;
7 – L’accès libre et équitable des partis politiques aux médias publics (radio, télévision, journaux, etc.)

Nous rappelons que ces points sont conformes à la Constitution djiboutienne et à l’accord de paix FRUD armé – Gouvernement du 12 mai 2001. Ils sont également conformes à la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance adoptée le 30 janvier 2007 à Addis-Abeba par la huitième session ordinaire de la conférence de l’Union africaine, charte dont Djibouti est signataire. Cette charte réaffirme la volonté des Etats d’ « œuvrer sans relâche pour l’approfondissement et la consolidation de la démocratie, de l’Etat de droit, de la paix, de la sécurité et du développement », leur résolution à « promouvoir les valeurs universelles et les principes de la démocratie, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et le droit au développement ».

Ils y expriment leur souci d’ « enraciner dans le continent une culture d’alternance politique fondée sur la tenue régulière d’élections transparentes, libres et justes, conduites par des organes électoraux nationaux indépendants, compétents et impartiaux. »

Comme l’a dit samedi 11 juillet 2009, le président des Etats-Unis d’Amérique Barack Obama à l’occasion de sa première visite sur le continent à Accra, au Ghana, pays où s’enracinent la démocratie et la bonne gouvernance, nous pensons que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ». Or, Djibouti n’a point d’institutions fortes mais croupit sous un homme fort qui l’opprime. L’heure est plus que jamais grave sous nos cieux et commande que l’on agisse en conséquence.

Fait à Djibouti, le 26 septembre 2009

Pour l’ARD
Le Présisent
Ahmed Youssouf Houmed

Pour l’UDJ
Le Président
Ismaël Guedi Hared

Pour le MRD
Le Vice-Président
Souleiman Farah London