06/10/09 (B519) Nouvelles de Somalie (4 articles en Français)

_________________________ 4 – Point de vue (MomoInfos)

Africom : la recolonisation de l’Afrique

Africom , le commandement militaire des Etats-Unis d’Amérique pour l’Afrique, fut lancé par Bush en 2008 sur l’instigation des néoconservateurs, connus aux USA par le diminutif américain « neocons » qui voyaient — et voient encore — partout des djihadistes affiliés à Al-Qaeda, y compris en Afrique, en Somalie par exemple.

Récemment, Africom est devenu une sorte de branche armée de la diplomatie étatsunienne en Afrique. Et il y a des gens qui suspectent que cette nouvelle ruée militaire sur l’Afrique n’ait rien à voir avec le terrorisme — que les USA semblent avoir provoqué en Somalie par leur interventionnisme dans ce conflit —, mais tout à voir avec la percée chinoise. En d’autres termes, un moyen de défendre l’approvisionnement de l’économie américaine en ressources naturelles dont regorge le continent africain.

Pourtant le ton de l’opposition à Africom monte aux Etats-Unis. Surtout parmi les Afro-américains. Ainsi, le 31 août 2009, la puissante organisation afro-américaine, la Conférence nationale des Avocats Noirs — la National Conference of Black Lawyers (NCBL) lançait une campagne en règle contre Africom, avec une longue lettre ouverte de quatre pages au ministre de la Justice Eric Holder, lui aussi Afro-américain. La missive a été intitulée « Arrêtez Africom au nom de la Loi ! »

A part les dangers juridiques que cette organisation voit dans l’engagement militaire américain aux côtés des armées des régimes africains, la lettre ouverte remet en question le principe même à la base de la création d’Africom. « Africom affirme que sa mission est "de promouvoir un environnement africain stable et sécurisé en appui de la politique étrangère étatsunienne".

Selon les déclarations publiques d’Africom, la mission est fondée sur la proposition selon laquelle Al-Qaeda et des forces terroristes opèrent en Afrique et constituent des défis pour les gouvernements africains. Ces derniers étant incapables de les relever sans l’aide américaine. L’acceptation par le président Obama d’une mission controversée dont l’objectif est de combattre des terroristes, qui ne sont probablement même pas en Afrique, nous induit à craindre qu’il a été mal conseillé sur cette question. Selon toute vraisemblance, on l’a persuadé de faire sienne l’idée selon laquelle l’Afrique a besoin de l’appui militaire américain.

La justification de l’existence d’Africom aurait été fabriquée de toutes pièces par l’Administration Bush dans le but de donner un prétexte pour utiliser des moyens militaires. Objectif : assurer une mainmise sur les ressources pétrolières africaines et bloquer l’influence croissante de la Chine et des autres pays sur le continent africain ».

Rageh Omaar, un journaliste somalien d’investigation travaillant pour la chaîne qatarie Al Jazeera, s’est récemment penchée sur Africom dans un reportage en 4 parties intitulé "Le Nouveau front de l’Amérique : Diplomates ou Combattants ? " , qui a été diffusé pour la première fois le 20 septembre.

Rageh Omaar remet d’abord en question la triple ambition d’AfricomF « Défense, diplomatie et développement ». Ces deux dernières tâches, dit-il, étant traditionnellement le travail des diplomates et des coopérants, mais guère celui des soldats. Des intervenants interviewés dans ce reportage, dont Hank Cohen, Sous-secrétaire d’Etat aux Affaires africaines sous Bush père, s’étonnent de cette ruée américaine vers l’Afrique. Un continent, selon Cohen, traditionnellement non-aligné du fait de son passé colonial…

On ne s’étonnera donc pas de voir qu’un pays africain, le Liberia, se soit porté volontaire pour héberger le quartier-général d’une organisation militaire que certains considèrent comme la branche armée de la recolonisation de l’Afrique.

Rageh Omaar rappelle aussi le passé trouble de l’interventionnisme américain en Afrique : l’appui étatsunien aux dictateurs africains de tous poils, dont Mobutu.

Rageh Omaar s’étonne aussi du fait qu’ Africom collabore activement avec les armées des pays qui ne contribuent pas particulièrement à la cause de la démocratie en Afrique : l’Ouganda et le Rwanda… Et ce, en contradiction flagrante avec le discours-leçon d’Obama à Accra, au Ghana…

L’Afrique sortira-t-elle indemne de l’assaut d’une machine militaire disposant du budget astronomique de 515 milliards de dollars ? La météo de l’indépendance de l’Afrique paraît en tout cas fort sombre pour certains analystes.

_____________________________ 3 – CICR

Somalie : le CICR envoie de toute urgence du matériel médical à Kismayo

En raison de la poursuite des affrontements armés dans la région de Kismayo (dans le sud de la Somalie), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a fourni des médicaments et du matériel médical indispensables à diverses structures médicales de Kismayo, Marheere, Dobley, Afmadow et Jilib.

« Le week-end dernier, le Croissant-Rouge de Somalie a envoyé deux chirurgiens de guerre et un anesthésiste en renfort à l’hôpital de Kismayo », explique Ahmed M. Hassan, président de la Société nationale. Ils ont emmené 400 kg de fournitures chirurgicales données par le CICR, dont l’hôpital avait besoin de toute urgence pour traiter les blessés de guerre ».

Les dispensaires des zones de Kismayo, Marheere, Dobley, Afmadow et Jilib ont reçu du matériel pour pansements permettant de soigner jusqu’à 500 patients blessés lors des affrontements. La semaine dernière, le CICR a envoyé un camion de Mogadiscio à Kismayo avec 1 800 kg de matériel chirurgical et médical, afin de couvrir les besoins de 100 blessés de guerre.

Cette semaine, le CICR continue à évaluer précisément les besoins dans les domaines chirurgical et médical, en coopération avec les structures médicales locales.

Le CICR et le Croissant-Rouge de Somalie appellent toutes les parties au conflit armé non international à appliquer les règles du droit international humanitaire. Ils les enjoignent de veiller constamment, dans la conduite des opérations militaires, à respecter la vie et la dignité des personnes ne prenant pas, ou plus, part aux hostilités, notamment des civils, des combattants capturés et des blessés. En outre, ils rappellent à toutes les parties au conflit l’obligation qui leur incombe de respecter et de protéger le personnel médical ainsi que les structures et les véhicules sanitaires affectés à la prise en charge des blessés et des malades.

_____________________________ 2 – AFP

Somalie: poursuite des combats entre islamistes dans le sud

De violents combats se sont poursuivis lundi pour la deuxième journée consécutive dans le sud de la Somalie entre mouvements islamistes rivaux, a-t-on appris de sources concordantes.

Des combattants shebab ont lancé à l’aube une nouvelle attaque contre les forces du Hezb al-Islam dans une localité de la région du port de Kismayo (500 km au sud de Mogadiscio), selon des témoins et des responsables locaux.

"Les shebab ont attaqué ce matin nos positions près de Birthader (60 km à l’ouest de Kismayo), ils ont été repoussés à l’issue de la bataille la plus violente que nous ayons connue cette semaine dans la région", a déclaré à l’AFP un porte-parole local du Hezb al-Islam, Osmail Haji Adow.

La veille, au moins huit personnes avaient tuées dans cette zone lors d’un assaut lancé par les shebab sur la localité de Jana Abdala, bastion du chef de guerre islamiste Hassan Abdullahi, dit "Turki".

Les affrontements de ce lundi matin, confirmés par des habitants interrogés au téléphone par l’AFP, ont fait de nombreux tués parmi les combattants, selon un notable local, Mohamoud Ugas Abdi, qui n’a cependant pas pu donner de bilan précis.

Comme à l’accoutumée, les deux camps ont revendiqué la victoire.

"Nous nous sommes emparés de trois de leurs positions et avons capturé plusieurs véhicules. Nous avons également fait prisonnier trois blessés, dont un Kényan", a affirmé M. Adow.

Cheikh Mohamed Dhaif, un commandant shebab, a assuré pour sa part: "nous avons tué beaucoup d’ennemis et nous avons toujours le dessus".

Normalement alliés dans leur lutte contre le gouvernement somalien de transition (TFG), shebab et miliciens du Hezb al-Islam contrôlaient conjointement jusqu’à récemment le sud et une grande partie du centre de la Somalie. En mai, ils avaient lancé une vaste offensive à Mogadiscio contre le TFG.

Les deux groupes s’affrontent depuis la semaine dernière pour le contrôle de Kismayo et de sa région.

_____________________________ 1 – Le Figaro avec AFP

Au moins 8 morts en Somalie

Au moins 8 personnes ont été tuées et 14 blessées aujourd’hui lors de nouveaux combats dans le sud de la Somalie entre mouvements islamistes jusqu’à récemment alliés dans la lutte contre le régime transitoire en place, ont rapporté des témoins.

Les combats ont commencé après une offensive des islamistes radicaux shebab contre le village de Jana Abdala, tenu par les islamistes du Hezb al-Islam à 60 km à l’ouest de Kismayo, le principal port du sud de la Somalie déjà théâtre de violents combats entre ces deux forces la semaine dernière, selon le témoignages d’anciens.

Jana Abdala est le bastion du chef de guerre Hassan Abdullahi, dit "Turki".
"Cinq shebab et trois combattants de Hezb al-Islam ont été tués dans les combats selon ce que nous savons pour le moment", a indiqué un combattant de ce dernier mouvement s’exprimant sous couvert de l’anonymat.

"Les shebab ont lancé un assaut très lourd et bien organisé, ils ont été repoussés mais ils ne sont pas retournés à Kismayo (qu’ils contrôlent) et ils pourraient reprendre l’offensive tôt (lundi matin)", selon un habitant de la localité voisine d’Afmadow, Mohamed Abdi, qui a égalemenet confirmé le bilan provisoire de 8 morts et 14 blessés.

Aucun commentaire de la part des shebab n’a pu être immédiatement obtenu.