15/10/09 (B520) 16 ème anniversaire de l’arrivée des premiers réfugiés Djiboutiens en Ethiopie. Un lecteur nous écrit …

Le 5 juillet 1993, l’armée djiboutienne a lancé une offensive généralisée sur tous les fronts, au nord et au sud-Oeust – que les résistants du FRUD tenaient depuis novembre 1991..

Fuyant les combats qui faisaient rage un peu partout dans l’arrière-pays, les populations civiles se réfugièrent massivement dans les zones frontalières avec l’Ethiopie et/ou l’Erythrée.

Près de 18.000 personnes ont été ainsi accueillies par les deux pays voisins de Djibouti. Les années sont passées. Les relations diplomatiques entre les voisins ont connu des hauts et des bas, au gré des intérêts économico-géo-stratégiques, pour être au beau fixe ces dernières années, entre Djibouti et l’Ethiopie et à la tempête entre Djibouti et l’Erythrée.

Le réchauffement des relations djibouto-éthiopiennes n’est pas un léméent favorable à nos concitoyens ayant choisi – faute de mieux – de se réfugier en Ethiopie.

Cela fait 16 ans qu’une vingtaine de familles djiboutiennes (sur des milliers) , attendent une hypothétique réinstallation, quelque part dans le monde. L’ancienne Abyssinie, connue autrefois pour son hospitalité, ne cahce plus un réel agacement du fait de la présence, sur son sol, des réfugiés djiboutiens (en majorité issue de la communauté Afar). Tous les moyens sont bons pour se débarrasser de ces réfugiés jugés encombrants.

En 1996, une opération de rapatriement « volontaire» aavait été organisée conjointement par les autorités des deux pays, avec le concours technique et financier du HCR Haut commussariat des Nations-Unies pour les réfugiés .

Aucun succès n’a été enregistré. Pire, aucune des promesses ni des engagements pris, n’ont jamais été respectés par les deux Etats. Rien d’étonnant !!!

Décembre 2007, la petite Hasna Mohamed Hassan, fillette à peine âgée de 12 ans, vivant avec son père, réfugié djiboutien de la première heure, à été séquestrée pendant 45 jours par un individu de 23 ans, de nationalité éthiopienne. A peine libérée par son tortionnaire, elle avait été emprisonnée par les autorités locales sous des prétextes aussi fallacieux que grotesques.

Double peine
Considérant probablement qu’elle n’en avait pas assez «bavée» pendant 6 semaines entre les mains du malfrat éthiopien, elle avait été condamnée à six mois de prison ferme et bien que mineur (12 ans !) elle avait été incarcérée dans un établissement pénitentiaire qui abrite environ 2.000 détenus adultes..

Pour faire libérer cet enfant, la mobilisation internationale s’est mise progressivement en action. Deux hommes se sont illustrés pour venir en aide à cette malheureuse gamine des faubourgs d’Addis-Abéba. Jean-Loup Schal, président de l’Association pour le Respect des Droits de l’Homme à Djibouti (ARDHD) et Omar Ali Gabasseh, ancien réfugié djiboutien d’Addis-Abéba, aujourd’hui installé au Danemark. Les deux hommes n’ont pas ménagé leurs efforts pour mobiliser autour d’eux-même d’abord, tous leurs réseaux relationnels et pour développer une opération d’envergure internationale.

L’association Survie s’est jointe à l’ARDHD pour défendre la cause d’Hasna. Puis, ils furent rejoints par de nombreuses Associations de Défense des Droits de l’Homme et des Enfants et des établissements scolaires français qui ont apporté leurs forces pour gagner la bataille contre les autorités éthiopiennes, geôlières d’enfants.

Plusieurs manifestations avaient été organisées devant la représentation diplomatique éthiopienne à Paris dont la dernière qui s’est achevée sur un impressionnant lâcher de ballons .

Agacée, l’Ambassadrice d’Ethiopie, a fini par convaincre son pays de céder car ici en France, on ne lâche pas ! La petite Hasna avait été finalement libérée après plusieurs semaines de prison.

Tout le mérite de ce travail titanesque et quotidien, revient à l’ARDHD, à SURVIE et aux autres associations qui ont soutenu ce combat et qui ont relayé les informaitons.

L’absence de réaction, à l’époque, de la part des formations politiques d’opposition djiboutienne (hormis deux : Uguta-Toosa et le GED) avait été très remarquée. Certains se demandent encore aujourd’hui si ces formations n’avaient pas des intérêts communs ou partagés avec le régime éthiopien de Zénawi ?

Rien n’est moins sûr et rien ne permet de confirmer cette hypothèse.

En tous cas, la non implication de l’opposition djiboutienne dans son ensemble dans le dossier Hasna, a suscité bien des interrogations.

Aujourd’hui, le sort des réfugiés djiboutiens d’Addis-Abeba, n’est plus oublié, alors qu’il l’avait été pendant de si longues années.

Un premier visa français pour une famille djiboutienne réfugiée.

L’annonce du premier visa qui est octroyé par la France à une mère de famille (veuve avec deux enfants) pour sa réinstallation en France ne peut que nous réjouir. D’autres dossiers sont en cours d’instruction et nous espérons qu’ils connaîtront un dénouement aussi heureux.

Tout ceci a pu être réalisé, que grâce à la pugnacité et à la détermination d’une équipe d’hommes et de femmes, qui ont accepté de donner un peu de leur temps, de leurénergie et de leurs moyens, à nos frères et à nos soeurs, oubliés pendant des années, mais qui ont toujours besoin de nous tous : les réfugiés djiboutiens d’Addis-Abeba.

Enconre un grand bravo à toute l’équipe de l’ARDHD, de SURVIE et bravo à Jean-Loups Schaal et Omar Ali Gabasseh, sans oublier Laurence Dawidowicz et Anne-Marie de Vaivre qui ont pris une part plus qu’active à la bataille d’abord pour la libération d’Hasna et pour que des réponses humaines soient données aux familles des réfugiés.

Un Djiboutien qui suit
avec attention les dossiers des réfugiés