20/11/09 (B525) Le Journal de la Flibuste (4 articles en Français)

_________________________ 4 – Bruxelles 2 – Europe de la Défense

Deux groupes pirates neutralisés près des Seychelles (maj)

Les équipes navales d’Eunavfor Atalanta – l’opération européenne anti-piraterie – sont passées à l’action, ces deniers jours, contre les groupes pirates qui sévissent autour des Seychelles, a annoncé le QG d’Atalanta.

Depuis mardi, l’avion de patrouille maritime d’Atalanta avait repéré plusieurs bateaux suspects aux alentours de 300 miles nautiques des Seychelles.

La frégate grecque Adrias a été envoyée pour les intercepter et les neutraliser. Mercredi matin, des équipes d’abordage de l’Adrias interceptaient une équipe de 10 hommes à bord d’un bateau mère et deux skiffs pirates.

Peu après, une autre équipe avec 5 pirates suspects, à bord d’un bateau mère et de skiffs était ensuite interceptée et neutralisée de la même manière. Les militaires grecs ont saisi tout l’équipement des pirates mais ont dû relâcher les suspects.

Aucun acte délictueux ne pouvant leur être reproché directement. « Il n’y a pas de relation avec un bateau attaqué ou un autre » m’a expliqué un expert du dossier.

__________________________ 3 – Le Mamouth

Marins contre pirates (bilan provsioire !)

En l’espace de deux ans, la marine française a :

  • été la première à protéger, en urgence, les navires du PAM,
  • réussi à reprendre trois navires détournés (Ponant, Carré d’As et Tanit) avec la mise en oeuvre d’autres capacités (GIGN, DGSE, Transall),
  • déjoué, depuis octobre 2009, quatre attaques contre des thoniers bretons,
  • remis 58 pirates présumés aux autorités locales.

Ce bilan n’a tout simplement pas d’équivalent.

  • La lutte contre la piraterie au large de l’Afrique orientale consomme en quasi-permanence un ATL-2, une à deux frégates, ainsi qu’une cinquantaine de marins dans les équipes de protection embarquées (EPE).
  • D’importants moyens, non dédiés, restent en réserve, notamment à Djibouti. Il s’agit essentiellement de moyens aériens et commandos.
  • La France fut avec l’Espagne à l’origine de l’actuelle opération européenne Atalante, qui doit, le 19 novembre, être prolongée.
  • Le coût de la lutte contre la piraterie est difficile à chiffrer précisément, puisque le propre d’une frégate est d’opérer à la mer, et si possible, avec une mission.

__________________________ 2 – Portail des sous-marins

Des millers de pirates prennent la mer lorsque des rançons de millions de $ sont payées

Par Rédacteur en chef.

Le responsable de l’opération Atalante de lutte contre la piraterie en océan Indien affirme qu’il n’a pas assez de bâtiments pour protéger les bateaux de pêche dans cette zone et qu’avoir des frégates près de thoniers ne garantie pas qu’il n’y ait pas d’attaques.

Mark Peter Hudson ne laisse aucune question sans réponse, mais les déclarations de cet amiral britannique, commandant en chef de l’opération Atalante, indiquent clairement que le cadre de l’opération européenne contre la piraterie est rigide et que, avec ses compétences directes, la sécurité des pêcheurs basques espagnols n’est pas garantie.

De même, il reconnait que les moyens dont il dispose dans le golfe d’Aden et l’océan Indien sont très limités et que, pour élargir la zone surveillée, il faudrait plus de navires de d’avions. Quelque chose qui ne dépend pas de sa volonté, mais des gouvernements européens.

Savez-vous combien de pirates se consacrent à la piraterie ?

Quand ils reçoivent des rançons de 2 ou 3 millions de $ par navire, j’imagine que des milliers de pirates prennent la mer. Qui ne le ferait pas ? Sans travail, il est à peine possible de survivre, la famille survit dans la pauvreté…

Malgré leurs conditions de vie, ils sont très bien informés.

Les pirates sont très imprudents. Nous savons qu’ils opèrent depuis tous les points de la côte de Somalie, depuis le sud jusqu’au nord. Ils partent en mer pendant longtemps avec très peu de nourriture et de carburant. Et nous devons les secourir parce qu’ils sont en danger, sans carburant, sans eau et sans nourriture. Humanitairement, nous devons leur porter assistance. De plus, ils accordent peu de valeur à la vie et ils espèrent seulement pouvoir s’approcher d’un navire pour le prendre en otage. C’est tout un défi.

De quels moyens disposez-vous dans la région ?

Nous avons 3 avions de France, Espagne et Luxembourg, et 8 bâtiments.

Combien surveillent les pêcheurs ?

Nous avons 4 bâtiments sur la côte de Somalie. Un accompagne le navire d’aide alimentaire et les 3 autres patrouillent une zone de 2 millions de km² pour repérer les skiffs. Les 4 autres surveillent le corridor international dans le golfe d’Aden. De plus, les bâtiments ont besoin d’entretien et de se ravitailler, comme pour les voitures. Il y a donc des bâtiments qui doivent faire des escales. Nous sommes optimistes pour 2010, mais disposer de moyens est crucial.

Il est possible qu’ils soient réduits à l’avenir ?

Bien sûr. Il y a la volonté politique et les États-membres nous ont beaucoup appuyé, mais il y a des moments où ils sont plus généreux et non. Et nous entrons dans une période où il se pourrait qu’ils le soient moins.

Malgré la libération du thonier espagnol Alakrana, une douzaine de navires sont toujours entre les mains des pirates avec presque 250 membres d’équipage retenus en otage. Comment pouvez-vous dire que la situation est sous contrôle ?

La côte de Somalie est une zone très difficile à patrouiller. Nous avons peu de moyens. Nous n’avons pas tant de bâtiments et nous pouvons seulement en affecter un peu à la côte de Somalie — où pêchent les thoniers —, comme l’OTAN et les forces de la coalition. Nous pouvons réduire le risque si les navires suivent les conseils que nous leur donnons et si ils nous communiquent la route qu’ils pensent suivre dans les corridors. Encore qu’utiliser le mot contrôle est peut-être trop fort pour la zone est de la côte somalienne.

Les thoniers font partie des bateaux les plus vulnérables. Avez-vous un protocole spécial pour eux ?

Nous travaillons en étroite collaboration avec les associations de thoniers pour les conseiller sur la façon de se protéger quand ils pêchent au large de la Somalie. La France comme l’Espagne ont adopté des mesures spécifiques pour garantir la sécurité des navires et nous les appuyons aussi quand nous le pouvons.

De plus, nous avons au centre de commandement de Northwood (Royaume-Uni) des représentants des thoniers qui parlent quotidiennement avec les armateurs et, quand nous voyons des activités suspectes, nous les informons. Bien que nous n’ayons pas assez de bâtiments de guerre à consacrer à la flotte de pêche, nous essayons que le flux d’information soit précis et rapide.

Ainsi, les pêcheurs ne sont pas une priorité pour la mission Atalante.

Nous avons des moyens limités et nous ne pouvons pas tout le monde. Nous conseillons, nous parlons, quand nous pouvons nous affectons des bâtiments, nous maintenons une surveillance aérienne… J’aimerais que les états-membres me donnent plus de bâtiments. Mais, avec ce que j’ai, je veux penser que nous donnons le soutien le plus large possible aux bateaux de pêche.

Donc, le problème est le manque de moyens ?

Le problème n’est pas nécessairement les moyens, mais plus l’étendue de la zone. Nous parlons d’une zone qui représente les 2 tiers de la superficie des États-Unis, que vous surveillons avec 6 ou 7 voitures de police. C’est pourquoi il faut travailler avec d’autres moyens, comme le renseignement, une amélioration de la sécurité à bord… De plus, les thoniers aussi parcourent de grandes distances, ils ne travaillent dans une zone précise, et cela rend la situation bien plus difficile.

Vous ne pouvez pas garantir qu’ils ne seront pas attaqués.

Je vais prendre un exemple. Au début de cette année, nous avons perdu un bateau et il se trouvait à seulement 10 nautiques d’un bâtiment de guerre. Même ainsi protégé, les pirates ont réussi à le prendre en otage. C’est pourquoi avoir des bâtiments de guerre près des thoniers ne signifie pas nécessairement que l’équipage sera en sécurité. Il faut être préparé, utiliser les service de renseignement, mettre en marche les actions de sécurité à bord. Tout ceci est ce qui peut leur donner la sécurité.

De combien de voitures de police auriez-vous besoin pour réduire les attaques au minimum ?

Nous les amiraux, nous voulons toujours avoir beaucoup de bâtiments. Mais nous devons être réalistes. La demande de forces militaires en Europe est actuellement très élevée. La vérité, c’est que j’ai reçu un bon appui des états-membres pour l’opération Atalante et il s’agit d’un succès. Et je continuerai à travailler pour que les moyens disponibles en 2010 soient ceux dont nous avons besoin. Je suis optimiste, mais je travaille avec les offres que font les états-membres.

Les thoniers pêchent au sud de la zone de sécurité, suivant les bancs de thon. Pourquoi vous ne l’agrandissez pas ?

Jusqu’à présent, seuls 3 bateaux ont été capturés en dehors de la zone de sécurité, nous allons étudiez la chose. Mais agrandir la zone ne diminue pas le risque. Il est clair que nous pourrions l’agrandir avec les bâtiments de guerre que nous avons, mais le risque resterait le même.

Il y a eu beaucoup de critiques envers les thoniers qui pêchent là-bas. On les a même accusé de voler les ressources des pêcheurs somaliens. Quelle est votre expérience ?

Dans les ports somaliens, il y a évidemment une activité de pêche pour alimenter son économie locale, mais ils ne pêchent que près de la côte, dans la zone des 12 nautiques. C’est pourquoi je ne pense pas qu’il y ait de conflit. Nous savons que toute accusation de pêche illégale par le thoniers est un mensonge. En effet, si nous voyons un thonier pêcher à l’intérieur de la zone économique exclusive de la Somalie, nous l’en informons.

Vous pensez que l’Union Européenne agit avec suffisamment de force contre les pirates ?

Ce n’est pas à moi de répondre. Mon travail est d’éviter les prises d’otages et, quand je peux, d’arrêter les pirates. Ce qui se passe lorsque nous arrêtons des pirates, nous invitons les états-membres à nous dire ce que nous devons faire avec eux. Les envoyer dans l’état-membre, comme l’a fait récemment l’Espagne, ou dans les pays avec lesquels nous avons des accords, comme le Kenya ou les Seychelles. Mais ce qui leur arrive dans le système judiciaire, c’est pour les avocats, pas pour moi.

Quelle est la meilleure réponse ?

Cela ne me préoccupe pas. L’objectif final doit être de les envoyer devant la justice. Cela m’est égal que ce soit dans les états-membres ou au Kenya. Ma tâche est de les arrêter, de présenter les preuves et qu’ils soient présentés devant la justice.

Les armateurs français croient que, avec 60 militaires à bord des thoniers, il serait possible d’éviter les attaques. C’est possible ?

Si vous avez un navire très vulnérable, très peu manœuvrant, ce sont des moyens que les gouvernements peuvent envisager. Personnellement, je ne suis pas favorable à donner carte blanche aux équipes de sécurité sur chaque navire. Dans des situations très spécifiques, et la France et l’Espagne l’ont jugé ainsi, ils peuvent avoir un rôle à jouer, mais les gouvernements doivent garantir qu’il y ait une coordination.

Vous soutenez l’idée d’une sécurité privée à la place des militaires à bord ?

L’un ou l’autre, toujours et quand le commandement et le contrôle sont absolument clairs et qu’il y ait un risque limité. Et je suis sûr que Madrid l’a déjà envisagé.

Nous continuerons à connaitre des situations aussi dramatiques que celle de l’Alakrana ?

Je ne peux pas garantir que la piraterie va s’arrêter. La Somalie est un pays éclaté, brisé, qui traverse une situation très difficile. Le gouvernement fédéral de transition travaille dur pour améliorer l’état de droit, mais, jusqu’à ce qu’il y ait des progrès, je soupçonne que nous allons continuer à voir la piraterie pendant longtemps. La récompense qu’ils reçoivent est énorme, des milliers et des milliers de $ par navire. C’est pourquoi ce n’est pas quelque chose que nous allons régler ni la semaine prochaine, ni le mois prochain ou dans un an. Nous devons travailler étroitement avec les autorités pour que les somaliens n’aient le désir de partir en mer pour attaquer des navires comme l’Alakrana.

Nous aurons donc Atalante pour longtemps.

L’Union Européenne va en discuter mais, indubitablement, nous allons maintenir la mission pendant longtemps.

__________________________ 1 – Angola Press

Les pirates libèrent un navire à la cargaison douteuse

Les pirates somaliens ont libéré jeudi un navire capturé le 7 novembre et transportant une cargaison présumée d’armes, a annoncé l’ONG environnementale Ecoterra International, qui suit de près la piraterie somalienne.

« Le MV Almeezan, ce mystérieux navire (chargé) d’armes capturé pour la seconde fois le 7 novembre après un incident similaire en avril 2009 (…) a été libéré ce (jeudi) matin », a indiqué l’ONG dans un communiqué.

Ecoterra International précise que l’équipage, 15 Indiens et deux Pakistanais, sont sains et saufs et que le navire, qui avait quitté les Emirats arabes unis fin octobre a repris sa route vers Mogadiscio.

Un responsable antipiraterie somalien, travaillant pour le gouvernement de transition somalien Ismail Haji Noor, avait affirmé le 11 novembre que le cargo convoyait « un large éventail d’armement ». Le propriétaire de la majeure partie de la cargaison avait toutefois catégoriquement démenti la présence d’armes à bord.

Le bateau transporte notamment du sucre et des matériaux de construction, selon le PDG de la société Juba, Abdi Ali Farah. « J’ai le manifeste des biens à bord du bateau. La cargaison devait être déchargée au port de Mogadiscio qui est sous le contrôle du gouvernement de transition somalien et des troupes de l’Union africaine », avait-il ajouté.

On ignorait jeudi après-midi si une rançon avait été versée pour la libération du navire.