24/11/09 (B526) Yémen Express (6 articles en Français et en Anglais)

___________________ 6 – Le Monde

Guerre par procuration au Yémen, un Etat failli

L’embrasement de la frontière saoudo-yéménite, un conflit par procuration, par Antoine Basbous

Dangereux ‘jeux de bascule’ au Yémen, nouveau « failed state », par David Rigoulet-Roze

Un nouveau front vient de s’ajouter à un environnement déjà lourd au Moyen-Orient. La frontière méridionale de l’Arabie s’est embrasée en ce début novembre, quand la rébellion houthiste du nord du Yémen, d’obédience chiite (zaïdite), a franchi la frontière internationale et a pris le contrôle du mont Doukhane. C’est ainsi que l’Arabie, au nom de la défense de l’intégrité de son territoire, a fait son entrée de plain-pied dans un conflit inter-yéménite qui se poursuit par intermittence depuis 2004, mais qui a évolué en véritable guerre depuis le mois d’août entre le gouvernement de Sanaa et la rébellion.

Cette incursion en territoire saoudien n’est pas un dérapage. Outre le fait que la rébellion cherche à échapper à l’encerclement de l’armée yéménite et à prendre l’avantage, il faut y voir une étape supplémentaire dans la tentative de Téhéran de développer un nouveau théâtre d’affrontements pour faire diversion, au côté de deux autres foyers, ceux du Hezbollah au Liban et du Hamas à Gaza. Il s’agit donc d’une guerre par procuration, qui permet à l’Iran de déstabiliser un rival.

Riyad a les moyens de se battre contre la rébellion, grâce à la supériorité de son armement et à l’imposition d’un blocus maritime aux abords des côtes yéménites, contrôlées par les houthistes, pour les empêcher de réceptionner de nouveaux équipements militaires. Mais on ne peut exclure une guerre d’usure, le long des 1 500 km de frontière commune.

Mais cette entrée en guerre peut avoir des conséquences bien graves. Il y a près d’un million de Yéménites en Arabie, dont une large partie appartient à la même mouvance idéologique que les houthistes, sans compter leurs coreligionnaires saoudiens des provinces de Jizan et de Najaran, frontalières du Yémen, dont un million d’Ismaéliens, une autre branche du chiisme, en colère contre Riyad et qui formulent des revendications rarement prises en compte par le royaume.

Il y a surtout les principaux gisements de pétrole situés dans la province orientale du Hasa, où les chiites sont majoritaires. Parmi eux, une branche activiste ne résiste pas aux sirènes de Téhéran, dont l’ambition est de devenir la puissance de référence dans la région, en affaiblissant ses voisins. Or, l’incontrôlable dynamique régionale a fait passer l’appartenance confessionnelle devant l’appartenance nationale ; d’où le réveil des communautés chiites du Golfe au lendemain de la révolution khomeyniste (1979), puis de la chute de Saddam (2003) et de l’accession des chiites irakiens au pouvoir à Bagdad.

Tout cela intervient au moment où l’Iran menace l’Arabie de venir troubler le grand pèlerinage à La Mecque, lequel réunira près de 2 millions de fidèles à la fin novembre. Rappelons qu’à la fin des années 1980, les Iraniens avaient provoqué des troubles au cours desquels plusieurs centaines de pèlerins avaient perdu la vie.

L’activisme de Téhéran déborde les zones de déploiement géographique du chiisme. Car là où les fidèles de la communauté sont rares voire inexistants, tels en Egypte et au Soudan, l’Iran a dépêché des cadres du Hezbollah pour y former des cellules actives, sous couvert du soutien à la cause palestinienne.

En réalité, Téhéran redoute que les futures sanctions de l’ONU le privent d’exporter son pétrole, en comptant sur les surcapacités de production saoudienne en guise de compensation. Or, en allumant des contre-feux en Arabie, l’Iran menace cette perspective et montre que le royaume est si fragile qu’il ne pourra pas remplir cette mission. D’autres pétromonarchies du Golfe assistent au réveil de leurs composantes chiites, parfois majoritaires, comme au royaume de Bahreïn. Certains radicaux iraniens n’hésitent pas à réclamer ouvertement l’annexion de ce petit royaume.

Enfin, il ne faut pas oublier Al-Qaïda, qui profite des déficiences de l’Etat central yéménite et du chaos qui s’installe progressivement dans le pays, ainsi que de l’hébergement en Iran d’une partie de ses dirigeants, pour s’offrir un nouveau sanctuaire aux portes de l’Arabie. En août dernier, elle a failli assassiner le chef saoudien de la lutte anti-terroriste, le prince Mohamed Bin Naëf.

Cette évolution ne doit pas occulter le drame qui frappe le Yémen, soumis à un régime tribal usé et corrompu, en déficit de légitimité, et surtout en manque de ressources pour satisfaire aux besoins les plus élémentaires de sa population. Confronté à la rébellion des houthistes du Nord et aux sécessionnistes nostalgiques du Sud, ainsi qu’à l’enracinement d’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique, le régime du président Saleh s’accroche à un pouvoir sans disposer des moyens nécessaires pour l’assumer.

Dans sa volonté de poursuivre et de sanctuariser son programme nucléaire, Téhéran s’ingénue à multiplier les incendies à sa périphérie, afin de détourner l’attention internationale et d’occuper ses voisins dans des conflits secondaires. Trente ans après le lancement de la révolution khomeyniste, l’Iran se dote d’un nouveau souffle pour exporter et développer son influence à l’échelle régionale, avec désormais une composante nucléaire.

Antoine Basbous est fondateur-directeur de l’Observatoire des pays arabes et l’auteur de « L’Arabie saoudite en guerre », Perrin, 2004.

___________________ 5 – Portail des sous-marins

L’Iran envoie ses mini-submersibles en mer Rouge, au large du Yémen

Par Rédacteur en chef.

Le conflit au Yémen évolue rapidement d’une rébellion Houthi contre le régime du Président Abdullah Salah à Sanaa pour devenir une conflagration régionale élargie, avec une implication croissante de l’Arabie Saoudite et de l’Égypte. Les Etats-Unis s’impliquent de plus en plus, et cela pourrait mener à une confrontation directe avec le pays appuyant les rebelles : l’Iran.

Des sources militaires de DEBKAfiles indiquent que, au cours du week-end, le croiseur lance-missiles USS Chosin est devenu le navire-amiral de la CTF-151, qui patrouille en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.

Réagissant à cette annonce, le commandant de la marine iranienne, l’amiral Habibollah Sayyari, a annoncé lundi 23 novembre que des sous-marins de la classe Ghadir rejoindraient les 4 bâtiments iraniens déjà positionnés au large de la côte yéménite. Il n’a pas précisé combien de sous-marins seraient déployés.

Les spécialistes militaires de DebkaFiles décrivent le Ghadir comme un mini-submersible dont Téhéran prétend qu’il est suffisamment silencieux pour échapper à toute détection par des navires américains. C’est la première que ces sous-marins miniatures seront déployés en dehors du golfe Persique et en soutien direct d’opérations contre l’US Navy ainsi que contre des bâtiments saoudiens. Tous les 2 bloquent les ports yéménites pour empêcher les livraisons d’armes iraniennes aux rebelles yéménites.

Les experts navals américains et israéliens surveillent avec grand intérêt ces mini-submersibles. Ils constituent la première ligne de défense côtière de l’Iran. Il s’agira de leur première apparition opérationnelle dans des eaux étrangères.

Tant les États-Unis que l’Iran expliquent que leur renforcement naval en mer Rouge fait partie de leur mission de lutte contre la piraterie. Mais les sources militaires de DebkaFiles soulignent que Téhéran est déterminé à envoyer par la mer et en sécurité ses armes vers les côtes de la mer Rouge du Yémen, afin de les livrer aux insurgés Houthi, pendant que les Américains sont tout autant déterminés à aider la marine saoudienne à l’en empêcher.

_______________________ 4 – AFP

Yémen : l’ingénieur japonais libéré huit jours après son enlèvement

De Hammoud MOUNASSAR

L’ingénieur japonais enlevé le 15 novembre par les membres d’une tribu yéménite près de Sanaa a été libéré lundi, a annoncé le gouverneur de capitale, Nouman Douid.

Takeo Mashimo « a été libéré et se trouve actuellement en compagnie de chefs tribaux qui ont négocié son élargissement », a déclaré M. Douid à la presse.

Selon lui, la libération de ce Japonais, un coopérant, a été obtenue par des médiateurs tribaux contre la promesse de suivre l’affaire d’un proche des ravisseurs détenu sans jugement depuis deux ans par les autorités.

M. Douid n’a pas précisé quand l’otage serait rapatrié à Sanaa.

Ce dernier a été joint par téléphone par l’agence Kyodo.

« Je suis vraiment heureux d’avoir été relâché sain et sauf. S’il vous plaît, dîtes à ma famille que je vais bien », a réagi l’ancien otage.

Il a précisé s’être senti « très effrayé » au moment de l’enlèvement, « entouré par beaucoup d’hommes armés de fusils automatiques ». Mais, « les jours passant, j’ai gardé mon calme », a-t-il poursuivi.

Cet ingénieur de 63 ans, qui travaille pour un programme d’aide au Yémen, avait été kidnappé dans la région d’Arhab, à 40 km au nord-est de Sanaa, alors qu’il était en route pour superviser la construction d’une école.

Des médiations tribales ont tout de suite été lancées pour obtenir sa libération mais les tractations ont pris du temps et un médiateur avait laissé entendre lundi matin que les ravisseurs n’étaient pas prêts à le libérer.

« Les ravisseurs affirment qu’ils ne relâcheront leur otage qu’en contrepartie de la libération par les autorités d’un membre de leur tribu emprisonné », avait déclaré à l’AFP ce médiateur, Mohamed Sawa.

Or, une source au sein des services de sécurité avait souligné que ce détenu, Hussein Abdallah Koub, 23 ans, était « un élément dangereux ayant combattu en Irak et à Nahr el-Bared », au Liban, et noté qu’il était « difficile de le relâcher ».

Hussein Abdallah a été emprisonné pendant un an en Irak par les Américains, selon cette source. Il s’est ensuite rendu au Liban où il a participé au côté d’un groupuscule islamiste aux combats contre l’armée libanaise dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared (2007).

De même source, il a ensuite été arrêté en Syrie avant d’être appréhendé à son retour à Sanaa.

Samedi, deux chefs tribaux servant de médiateurs entre les ravisseurs et les autorités yéménites avaient affirmé que l’otage était passé des mains des tribus de la région d’Arhab à celles de membres d’Al-Qaïda.

Mais l’ambassade du Japon à Sanaa avait démenti lundi.

« Il se trouve toujours au même endroit », avait assuré à l’AFP le Premier secrétaire pour les Affaires politiques et économiques, Aki Yami.

L’ambassadeur du Japon au Yémen, Masakazy Toshikage, avait été reçu dimanche par le vice-Premier ministre pour les Affaires de la Défense, Rachad al-Alimi.

M. Aki Yami s’était refusé à tout commentaire sur les efforts pour la libération de l’otage, soulignant qu’ils étaient menés par les autorités yéménites et que sa chancellerie n’avait pas de contact direct avec les chefs des tribus des ravisseurs.

« Ils veulent parler aux autorités yéménites, et non au Japon », avait-il dit.

Les tribus au Yémen ont l’habitude d’enlever des étrangers pour faire aboutir des revendications auprès des autorités. Plus de 200 étrangers ont été enlevés ces 15 dernières années et la grande majorité d’entre eux ont été libérés sains et saufs.

Mais le sort de cinq Allemands et d’un Britannique, enlevés en juin dans le nord du Yémen, reste inconnu. Les six captifs faisaient partie d’un groupe de neuf personnes prises en otage dans la région de Saada, fief de la rébellion zaïdite, dont trois –deux Allemandes et une Sud-Coréenne– ont été tuées.

_________________ 3 – Le Figaro avec AFP

Vaste offensive saoudienne à la frontière

L’Arabie saoudite a lancé aujourd’hui une offensive militaire d’envergure à sa frontière avec le Yémen, trois semaines après son entrée en guerre contre les rebelles zaïdites yéménites, selon la rébellion.

En milieu de journée, « l’armée saoudienne menait une offensive d’envergure en direction du territoire yéménite tout le long de la frontière, utilisant tous types d’armes », dont des avions de combat, des chars et l’artillerie, a annoncé la rébellion dans un communiqué.

L’offensive a donné lieu à de violents affrontements dans les régions de Malahidh, de Chida et d’Al-Hissama, dans le nord du Yémen, a ajouté le communiqué.

« Dès lors que l’on viole un pouce de notre territoire, nous défendons nos frontières », a déclaré laconiquement une source militaire dans la province saoudienne de Jizan qui, contactée au téléphone, s’est refusée à donner la moindre précision sur les opérations en cours aujourd’hui.

Pour sa part, une source officielle à Sanaa a démenti cette vaste offensive. « Ce sont des mensonges que les rebelles ont pris l’habitude de répéter pour élargir le champ de la guerre », a déclaré cette source sous couvert de l’anonymat.

Les rebelles avaient auparavant annoncé dans un communiqué que des avions de combat saoudiens s’étaient relayés dans la nuit de dimanche à lundi pour lancer au moins 35 raids sur des positions dans le nord du Yémen, dont Saada, chef-lieu de la province de même nom, fief des rebelles, et la ville de Saqin, située 25 km plus loin.

_________________ 2 – Le Vif (Belgique)

Yémen: offensive saoudienne à la frontière

L’armée saoudienne en guerre contre les rebelles zaïdites du Yémen a lancé lundi une offensive d’envergure à la frontière yéménite, a annoncé la rébellion.

En milieu de journée, « l’armée saoudienne menait une offensive d’envergure en direction du territoire yéménite tout le long de la frontière, utilisant tous types d’armes », dont des avions de combat, des chars, des pièces d’artillerie et des lance-roquettes, précise la rébellion. L’offensive a donné lieu à de violents affrontements dans les régions de Malahidh, de Chida et d’Al-Hissama, dans le nord du Yémen.

Des sources locales à Razah, localité yéménite frontalière, ont confirmé l’offensive. « L’armée saoudienne a déclenché une vaste offensive contre les positions des rebelles dans la zone frontalière », a déclaré l’une de ces sources.

_________________ 1 – Quotidien du Peuple (Chine) avec XINHUA

Yémen : les forces navales repoussent les attaques rebelles contre le port de Medi

Les forces navales yéménites ont repoussé les attaques des rebelles houthis chiites contre le port de Medi sur la côte nord-ouest de la mer Rouge, limitrophe de l’Arabie saoudite, a indiqué dimanche un responsable naval sous couvert d’anonymat.

« Les rebelles ont été expulsés par les troupes qui leur ont riposté par de très lourds bombardements », a-t-il ajouté.

Selon lui, les rebelles tentaient de contrôler le port par le biais d’attaques intensifiées lancées au cours des dernières nuits contre les militaires qui patrouillent dans le port.

Le port de Medi, limitrophe de la frontière avec l’Arabie saoudite, se situe dans la province de l’extrême nord-ouest de Haja, voisine de la région du conflit.

Les rebelles se sont infiltrés dans la nuit depuis le gouvernorat de Saada déchiré par la guerre pour tenter de trouver une sortie maritime reliant leurs bastions à la mer Rouge, a expliqué le responsable.

Des morts et des blessés ont été rapportés des deux côtés lors de l’affrontement.

Le Yémen a récemment imposé un blocus naval le long de son littoral de la mer Rouge pour sécuriser ses eaux territoriales