15/12/09 (B529) Nouvelles de Somalie (2 articles en Français)

_________________ 2 – Le Soleil (CyberPress – Canada)

La Somalie au bord du gouffre

Pirates des temps modernes

Au large des côtes de la Somalie, des pirates des temps modernes ont multiplié les attaques au cours de la dernière année. Pendant deux semaines, Le Soleil sera à bord du NCSM Fredericton, une frégate de la marine canadienne qui patrouille le golfe d’Aden et l’océan Indien pour sécuriser les lieux, tout comme d’autres navires de guerre de l’OTAN. »

Début 2007, des centaines de milliers de Somaliens ont fui Mogadiscio et ses sanglantes batailles de rue, enfonçant encore davantage le pays dans une crise humanitaire qui perdure.

AFP –
Daphnée Dion-Viens –
Le Soleil

(À bord du NCSM Fredericton) «Après une douzaine de voyages en Somalie, j’ai dû revoir ma définition du chaos. J’ai connu des situations très inquiétantes en Irak ou en Afghanistan, mais nulle part je n’ai eu aussi peur que dans la Somalie d’aujourd’hui, ce lieu où vous pouvez être kidnappé ou abattu d’une balle dans la tête en moins de temps qu’il ne le faut pour essuyer la sueur de votre front.»

Jeffrey Gettleman est responsable de l’Afrique de l’Est au New York Times. Dans un article publié dans le magazine Foreign Policy, ce printemps, il trace un portrait on ne peut plus sombre de cet État africain au bord de la catastrophe.

«La Somalie est devenue ce qui, dans le monde moderne, ressemble le plus à l’état de nature de Hobbes, un lieu où la vie est vraiment dure, violente et courte. Il serait même trop positif de qualifier ce pays d’"État en faillite". Plutôt qu’un État, la Somalie est un territoire sans loi ni gouvernement», poursuit-il.

Les autorités ont toujours eu de la difficulté à garder une mainmise sur ce pays divisé, qui repose sur des clans. Le chaos s’est installé à partir de 1991 lorsque le dictateur Mohyamed Siyad Barré, qui dirigeait le pays depuis 1969, est chassé du pouvoir par des chefs de factions. Mais les seigneurs de guerre se sont rapidement entre-déchirés, plongeant le pays au bord de la guerre civile.

Les États-Unis tentent d’intervenir en 1992, sous mandat de l’ONU. Mais l’opération Restore Hope prend fin en octobre 1993, lorsque des miliciens somaliens abattent deux hélicoptères et tuent 18 soldats américains à Mogadiscio, la capitale. L’opération, immortalisée par le film La chute du faucon noir, échoue.

La Somalie est ensuite abandonnée à son sort. Les atrocités se multiplient. Le pays devient une terre fertile pour les trafiquants d’armes, les vendeurs de drogues et les pirates, qui commencent à semer la terreur en mer. Pendant près de 10 ans, «le pays fut laissé aux mains des seigneurs de guerre», dit Pierre Beaudet, spécialiste de l’Afrique et professeur à l’Université d’Ottawa.

Mais les attentats du 11 septembre changent la donne. L’administration Bush commence à jeter un regard inquiet vers la Somalie, où des organisations arabes se taillent une place. Plutôt que d’opter pour une intervention directe, la CIA charge les chefs de guerre de se débarrasser des islamistes, relate Gettleman. «Mais cette stratégie s’est retournée contre les États-Unis», écrit-il. Les Somaliens ont serré les rangs derrière des islamistes de plus en plus populaires.

Pendant une brève période, en 2006, l’Union des tribunaux islamistes a pris le pouvoir à Mogadiscio.

L’Éthiopie au front

Une partie du mouvement islamiste s’est ensuite radicalisée. La milice armée Al-Shabab a été désignée comme une organisation terroriste par les États-Unis. En décembre 2006, l’administration Bush a mandaté un de ses alliés, l’Éthiopie, d’envahir la Somalie et de chasser les extrémistes islamistes.

Début 2007, des centaines de milliers de Somaliens ont fui Mogadiscio et ses sanglantes batailles de rue, enfonçant encore davantage le pays dans une crise humanitaire qui perdure. Un gouvernement de transition, appuyé du bout des lèvres par la communauté internationale, est mis en place. Mais l’opposition islamiste n’a pas rendu les armes pour autant.

Au cours de la dernière année, la rébellion s’est intensifiée. Le président cheikh Sharif Ahamed, en place depuis janvier, ne contrôle que quelques quartiers de la capitale. Début décembre, un attentat suicide a tué 23 personnes, dont trois ministres. D’autres attentats similaires ont été revendiqués par les milices Al-Shabab.

Or selon Roland Marchal, spécialiste de la Somalie au Centre national de recherche scientifique à Paris, les politiques menées par la communauté internationale n’ont fait qu’aggraver la situation. La menace islamiste a été, au départ, surestimée, affirme-t-il. «Al-Shabab, qui n’était il y a quelques années qu’un groupuscule, compte maintenant quelques milliers de personnes. Deux ans de présence militaire ont radicalisé l’opposition armée», a-t-il affirmé au Soleil.

Rien ne lui permet d’entrevoir un avenir meilleur pour la Somalie. «Cette stratégie a lamentablement échoué. Si rien n’est fait pour corriger le tir, la situation ne peut qu’empirer», laisse-t-il tomber.

Et pendant ce temps, les pirates multiplient leurs attaques au large des côtes…

______________________ 1 – Le Figaro avec AFP

Somalie : une mine tue six enfants

Six enfants d’une même famille ont été tués lundi par l’explosion d’une vieille mine anti-char dans le centre de la Somalie, ont indiqué des témoins et une source administrative locale. L’incident a eu lieu hier en fin d’après-midi dans le village de Balanbale, près de la frontière éthiopienne.

"Six enfants d’une famille de nomades ont été tués dans une explosion causée par une vieille mine datant de la guerre entre l’Ethiopie et la Somalie", a indiqué un responsable administratif de la zone, Hassan Barre. "C’est une tragédie, tout le village est choqué. La famille a perdu tout ses enfants", a commenté un notable local, Mohamed Adan Sugule.

Balanbale était une base militaire de l’armée somalienne du président Siad Barre lors de la guerre avec l’Ethiopie de 1977 à 1982.