18/12/09 (B529) Le Journal de la Flibuste (3 articles en Français)

_______________________ 3 – Le Soleil sur CyberPress (Ca)

15 minutes pour arraisonner un cargo

«Les pirates opèrent toujours de la même façon : ils repèrent un bateau de marchandises, tirent quel­ques coups de feu pour le forcer à ralentir, lancent des échelles qui viennent s’agripper sur le bord du bateau et montent à bord, armés. Le tout en 15 minutes, pas plus. Même si nous ne sommes qu’à quelques kilomètres, il n’y a pas grand-chose que l’on peut faire en 15 minutes. C’est là tout le défi.»

Steven Waddell, commandant du NCSM Fredericton, n’a que 39 ans. Il est l’un des capitaines de frégate les plus jeunes de la marine canadienne. Ce colosse qui mesure plus de six pieds explique comment il est difficile – voire presque impossible – d’arriver sur les lieux au moment même où les brigands tentent de prendre le contrôle d’un cargo. Parfois, son équipage tente plutôt de les poursuivre.

Au début décembre, le NCSM Fredericton est passé tout près d’intercepter une embarcation de pirates. Mais un navire néerlandais, qui allait aussi à leur rencontre, est arrivé sur les lieux quelques minutes plus tôt.

«Lorsqu’on a reçu l’appel de détresse, on était à près de 300 kilomètres du cargo. On a filé à pleine vitesse pendant six heures, mais on est arrivés 20 minutes trop tard», raconte le capitaine de frégate Steven Waddell. Juste avant leur arrivée, l’équipe d’abordage du navire néerlandais avait eu le temps d’intercepter 13 pirates, de saisir leurs armes et de les faire prisonniers.

Cette fois-là, le cargo a réussi seul à repousser l’attaque des pirates, grâce à des fils barbelés qui ont été installés sur le pont. C’est le commandant de l’OTAN qui a décidé d’envoyer les deux autres navires de guerre à leur trousse.

Mais comme plusieurs observateurs, le capitaine Waddell affirme par ailleurs que les navires de guerre dans le golfe d’Aden ne peuvent enrayer à eux seuls la piraterie au large des côtes somaliennes.

«Si les navires de guerre quittent le secteur, les attaques recommenceront, c’est certain. Les pirates continueront aussi longtemps qu’ils pourront planifier leurs attaques à partir des côtes somaliennes sans se faire embêter. À long terme, la solution passe par des changements politiques en Somalie», affirme-t-il.

Or rien pour l’instant ne permet d’espérer. Depuis 1991, la Somalie est frappée par une série de crises qui ont mené le pays au bord de la catastrophe. Le gouvernement de transition actuel ne contrôle que quelques quartiers de la capitale, Mogadiscio, et les attaques des milices islamistes n’ont fait qu’augmenter au cours des derniers mois.

C’est pourquoi le capitaine Waddell estime que la présence des navires de guerre dans le golfe d’Aden risque d’être nécessaire pendant encore plusieurs années.

«Ce sera au gouvernement canadien de décider s’il faut continuer à lutter contre la piraterie ou non, dit-il. Mais c’est sûr qu’il y aura encore du travail à faire ici.»

______________________________ 2 – AFP

Aucun pays n’accepte de les poursuivre : 13 pirates somaliens libérés

Treize pirates somaliens capturés début décembre par la marine néerlandaise dans l’Océan indien vont être remis en liberté, aucun pays n’ayant accepté de les poursuivre, a annoncé jeudi soir le ministère néerlandais de la Défense.

"L’Union européenne a décidé aujourd’hui que le Hr. Ms Evertsen doit laisser partir treize pirates somaliens", capturés après avoir tenté d’attaquer un cargo à l’aide d’une embarcation rapide au sud d’Oman, a indiqué le ministère dans un communiqué.

"L’Union européenne a tenté en vain depuis leur arrestation de trouver un pays qui accepte de les poursuivre", continue le communiqué qui souligne que l’Union européenne, responsable au sein de la mission Atalante de la remise des pirates, a conclu des accords avec les Seychelles et le Kenya.

Selon le ministère néerlandais de la Défense, "les deux pays ont indiqué qu’ils ne voulaient pas poursuivre les pirates". Ces derniers devraient quitter la frégate HS. Ms. Evertsen "dans les prochaines heures", à bord de leur propre embarcation, a précisé à l’AFP une porte-parole du ministère, Marloes Visser.

"Le ministère de la Défense regrette que l’Union européenne n’ait pas trouvé de solution adaptée", souligne le communiqué.

Les Pays-Bas commandaient jusqu’à dimanche l’opération navale anti-piraterie européenne Atalante. Ils ont prolongé récemment leur participation à cette mission jusqu’en juin 2010.

De nombreux pays connaissent des difficultés pour traduire en justice les pirates capturés par leurs navires de guerre ou pour les remettre aux pays de la région, faute de dispositions légales précises applicables en la matière.

_____________________ 1 – Canoe (Ca) avec le Journal du Quebec

Sept bateaux interceptés

Jean-Luc Lavallée – Le Journal de Québec

La frégate canadienne NCSM Fredericton a quitté le port de Salalah à Oman, hier, afin de poursuivre sa mission de patrouille maritime en mer dans le golfe d’Aden.

L’équipe tactique d’abordage du NCSM Fredericton est intervenue à sept reprises au cours du dernier mois, dans le golfe d’Aden, auprès de bateaux soupçonnés d’être impliqués dans des actes de piraterie au large de la Somalie.

Chaque fois, l’alerte blanche, jaune ou rouge est lancée en fonction du degré de danger potentiel et les membres d’équipage sont sur un pied d’alerte. Dans l’éventualité d’une alerte rouge, tous les marins exposés au danger sur la frégate (ceux qui sont à l’extérieur sur le pont ou ceux qui se trouvent sur la passerelle de commandement) s’activent et ont cinq minutes pour enfiler leur équipement de protection, notamment un gilet pare-balles, une cagoule et des gants à l’épreuve du feu.

Le Journal a assisté hier à un entraînement de ce genre dans le module de commandement. Rien n’est pris à la légère, même si tout le monde est conscient que c’est une pratique. Les marins foncent d’un pas décidé dans toutes les directions pour revêtir leur uniforme spécialisé afin d’être prêts le plus vite possible. Tassez-vous de d’là, comme dirait l’autre…

Mais c’est l’équipe d’abordage qui prendra les plus grands risques en allant à la rencontre de l’embarcation suspecte. Cette escouade spécialisée, une sorte de SWAT, est constituée de marins entraînés pour des interventions à haut risque en mer. Des spécialistes de l’armement et des communications et un traducteur notamment font partie de chaque approche risquée. De six à vingt personnes peuvent embarquer dans le petit bateau harnaché au NCSM Fredericton, qui se séparera du navire.

De fausses alertes

À chaque intervention, il s’agissait d’une fausse alerte. Mais le degré de stress augmente, puisqu’ils ne connaissent pas leurs interlocuteurs et ne peuvent pas prévoir leurs réactions. «Il s’agissait de pêcheurs la plupart du temps sur un dhow (un bateau traditionnel indien). Jusqu’à maintenant, ils ont tous étécools.On les protège et ils le savent. La plupart sont très coopératifs et lèvent les bras dans les airs. Certains nous ont même invités à monter sur le bateau pour favoriser la discussion», explique un membre de l’équipe que nous ne pouvons pas identifier pour des raisons de sécurité. Mais les Canadiens communiquent par radio ou en criant en demeurant à une certaine distance.

«Nous avons toujours une approche amicale. On ne veut surtout pas être des instigateurs… Et on les questionne, en gardant une certaine distance, sur la présence d’autres bateaux suspects. On leur pose un maximum de questions pour avoir de l’information. Et on filme tout ce qui se passe quand on fait une approche de bateau suspect», précise-t-il.

La suspicion peut être motivée par plusieurs indices. «S’il y a 30 personnes à bord et que personne ne semble pêcher, c’est suspect. S’il y a une femme, c’est suspect», pour-suit-il, puisque les femmes montent rarement à bord d’un bateau de ce genre. Si un bateau en traîne trois autres plus petits munis de moteurs puissants, il y a lieu de questionner les gens qui s’y trouvent. Et s’il y a présence d’armes, c’est un facteur à considérer. Quoique… «C’est normal qu’ils aient au moins une arme pour se défendre. Les capitaines de ces embarcations ne sont pas à l’abri des pirates ni même d’une mutinerie.»

Le NCSM Fredericton, déployé depuis octobre, poursuit sa patrouille dans les eaux les plus dangereuses de la planète, au large de la corne de l’Afrique, jusqu’au printemps.