23/12/09 (B530) 16ème anniversaire de l’arrivée des premiers réfugiés djiboutiens en Ethiopie. Un rappel des avancées qui ont été obtenues depuis deux ans (Par Omar Gabasse)

Octobre 2006. La situation était dramatique.

Par écrit, le UNHCR recommandait (fermement ?) aux réfugiés djiboutiens d’accepter un rapatriement « dit volontaire » vers Djibouti et proposait son assistance pour faciliter ce retour chez Guelleh, dans le piège.

Fort sagement, les réfugiés ont refusé ces injonctions à l’unanimité. Ils avaient trois bonnes raisons (au minimum) pour ne pas accepter le « dictat » du UNHCR :

  1. La crainte des représailles qui seraient exercées par l’équipe au pouvoir et leurs inféodés qui occupent des postes à haute responsabililté,
  2. La crainte de représailles de la part des ex-membres du FRUD Armée qui avaient trahi le mouvement en retournant leurs fusils contre leurs anciens compagnons d’armes. Cela ont reçu des promotions au sein de la dictature, comme l’actuel et inamovible Ministre des armées …Ougoureh Kifleh,
  3. La certitude de ne pouvoir trouver ni travail, ni logement, ni sécurité dans ce pays dirigé par une équipe déjà internationalement connue pour ses brutalités envers les citoyens « normaux » : arrestations et emprisonnements arbitraires, exécutions sommaires, expulsions de logements, viols, destruction de cheptel, de matériel scolaire et médical, etc.. Alors qu’auraient eu à subir des réfugiés, anciens résistants ?

Aout 2007 : le UNCHR prolonge de quelques mois, son assistance

Le UNHCR prend en compte les intérêts légitimes des réfugiés et accepte de prolonger temporairement l’aide aux 40 familles enregistrées (sur une population estimée à plusieurs milliers) jusqu’en février 2008. L’épée de Damoclés est suspendue sur la tête de nos soeurs et frères. Mais l’ARDHD veille et communique sur leur détresse depuis le début 2007, en exigeant que des mesures « humaines » soient prises par le UNHCR.Retrouver les archives des interventions et le dossier sur les réfugiés.

L’ARA tire-t-elle les ficelles ?

L’ARA est l’administration éthiopienne en charge des affaires des réfugiés. Plusieurs faits qui se sont produits ont laissé penser aux réfugiés, probablement à juste titre, que le UNHCR, bien qu’institution internationale dépendant de l’ONU, n’avait pas beaucoup de liberté de manoeuvre en Ethiopie et que l’ARA fixait effectivement les règles du jeu….

Il est probable que, dans le cadre des accords « fraternels » entre les Présidents djiboutiens et éthiopiens (*fratenrels à certains moments, car les relations entre les deux gouvernement ont été parfois tumultueuses : elles ont connu plusieurs retournements …) il est probable que Guelleh ait beaucoup insisté pour que l’UNHCR traite les réfugiés djiboutiens de façon particulière : c’est à dire en leur mettant le maximum de batons dans les roues, afin qu’ils n’aient plus d’autre choix que de revenir au pays, où il les aurait attendus de pied ferme, afin d’exercer sa vengeance contre ceux qui avaient fait vaciller son futur trône ….

Mais cela était sans compter sur la fantastique capacité de résistance de ces anciens combattants de la liberté… qui ont subi, mais qui n’ont jamais cédé …

Décembre 2007. L’enlèvement d’Hasna Mohamed Hassan.
Aussitôt qu’elle en a été informée, l’équipe de l’ARDHD s’est mobilisée pour obtenir la libération de cette gamine de 12 ans. Son action très médiatique, les manifestations devant l’Ambassade d’Ethiopie, les déclarations sur la BBC et RFI et les communiqués de presse, ont eu raison de l’intransigeance éthiopienne qui a fait libérer la jeune fille injustement emprisonnée. (Le dossier complet est accessible. Attention le temps de téléchargement est long en raison du volume des informations disponibles)

Début 2008 les réfugiés d’Addis donnent officiellement mandat à l’ARDHD de représenter leurs intérêts en Europe avec moi-même.
La situation a changé pour les réfugiés. D’abord les aides et assistances ont été reconduites sans date limite. Ensuite l’accueil dans les bureaux du UNHCR d’Addis est devenu plus humain et plus respectueux.

Finalement des dossiers de réinstallation ont été ouverts … et soumis à plusieurs pays dont en priorité la France.

Des avancèes extrêmement positives
Mme KARERA HASSAN et ses deux filles de 6 et 8 ans environ sont les premières réfugiées à arriver sur le sol français avec un visa et une offre sérieuses de réinstallation. Trois autres familles devraient suivre dont celle d’Hasna.

A noter que la fête a été un peu troublée, en raison d’un manque de coordination entre le bureau de l’OIM d’Addis, son siège à Paris et l’OFII et que Madame Karera bénéficie fort heureusement d’un hébergement au sein d’un famille djiboutienne en attendant que l’OFII lui offre un hébergement temporaire, le temps d’effectuer les démarches indispensables en préfecture.

Dix autres familles récemment arrivées en Ethiopie ont été reconnues récemment par le bureau UNHCR d’Addis et reçu le statut de réfugié. Il semble que l’ARA ait cessé de faire pression pour que les demandes de statut soient bloquées pratiquement systèmatiquement. Ce qui est la deuxième avancée positive.

Aux noms des réfugiés Djiboutiens avec lesquels, je suis fréquemment en contact, je renouvelle tous mes remerciements à l’ARDHD, à son Président Jean-Loup Schaal et à tous les membres du Comité de soutien aux Réfugiés. Ils ont fait un énorme travail souvent dans la discrétion, mais terriblement efficace !

Les résultats obtenus depuis 2007 sont bien concrets.

Omar Gabasse
Co-représentant des réfugiés djiboutiens