24/01/10 (B535) Nouvelles de Somalie : des groupes musulmans somaliens menacent de « marcher » sur Nairobi. (5 articles en Français)

_____________________ 5 – L’Orient / Le Jour (Liban)

La menace somalienne pèse sur le Yémen

Les réfugiés somaliens se trouvent soumis à une surveillance encore plus stricte depuis les menaces des jihadistes des shebab de rejoindre el-Qaëda au Yémen.

Début janvier, l’un des chefs des insurgés islamistes somaliens, les shebab, a annoncé « à nos frères musulmans au Yémen que nous allons traverser la mer (…) et arriver jusqu’à eux pour les aider à combattre les ennemis d’Allah ». Les autorités yéménites n’ont pour l’instant fait état d’aucun Somalien repéré, capturé ou tué dans les rangs d’el-Qaëda dans la péninsule Arabique (Aqpa), mais regardent désormais d’un autre œil les centaines de milliers de réfugiés somaliens installés, pour certains depuis longtemps, sur son sol.

« Nous prenons la menace au sérieux, nous avons pris des mesures, a confié à l’AFP Ali al-Anisi, président du Conseil de sécurité nationale. Le Yémen est le seul pays à avoir accepté tous les Somaliens. Aujourd’hui, ils sont plus de 800 000. Ils posent des problèmes économiques, sociaux et, maintenant, de sécurité. »

Après avoir pendant des années pratiqué une politique de porte ouverte aux Somaliens fuyant leur pays, qui sont présents dans tout le Yémen et survivent souvent de petits boulots, Sanaa leur a donné deux mois pour se faire enregistrer et exerce sur eux une surveillance chaque jour plus stricte.

Autour du camp de réfugiés de Kharaz, qui accueille quelque 25 000 Somaliens sur la côte, à l’est de Aden (Sud), des barrages de police ont été mis en place la semaine dernière. Il est désormais interdit aux Somaliens de passer d’un camp à l’autre, de s’installer dans une autre province ou de s’éloigner du camp.

À la sortie de Aden, les policiers font sortir des voitures tous les Somaliens, facilement reconnaissables grâce à leur physique différent de celui des Yéménites, pour des interrogatoires poussés, selon un journaliste de l’AFP sur place. Alors qu’ils ont souvent fui la Somalie pour échapper à l’enrôlement forcé dans les milices shebab, les adolescents et les jeunes hommes sont désormais soupçonnés d’avoir été envoyés en mission au Yémen.

« Les déclarations des chefs jihadistes somaliens constituent la preuve qu’ils ne se soucient pas du sort des gens, de leur propre peuple, a dit à l’AFP le général Yéhia Saleh, chef de l’unité antiterroriste yéménite. Aujourd’hui, chaque Yéménite va se méfier du Somalien qui lave sa voiture. Et cela va leur rendre la vie plus difficile. Mais ça, el-Qaëda s’en fiche ! »

Pour l’expert yéménite Saïd al-Jemhi, auteur d’un livre sur el-Qaëda dans son pays, il ne fait pas de doute que des shebab sont déjà là. « Ils ne vont pas prendre des bateaux, les remplir d’armes et traverser le détroit de Bab el-Mandeb au risque de se faire intercepter, dit-il. Ils disposent dans les camps d’immenses réservoirs de volontaires potentiels. Et plus leur vie sera difficile ici, plus ils seront faciles à radicaliser. »

En revanche, selon le journaliste Abdelilah Shaea, réputé être l’un des journalistes yéménites les mieux informés sur la mouvance jihadiste dans son pays, « cet envoi de renforts depuis la Somalie est avant tout de la rhétorique ».

« D’abord, dans l’idéologie du jihad, il faut aller aider ses frères menacés partout dans le monde, dit-il. Ensuite, dans la mythologie islamiste, le Yémen est un pays à part. Ils croient que c’est de là que doit partir un jour l’armée qui libèrera la Palestine et la grande mosquée de Jérusalem. »

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, plus de 74 000 clandestins ont fait en 2009 la traversée entre les côtes somaliennes et le Yémen, soit 50 % de plus qu’en 2008, en empruntant la voie migratoire « la plus intensément utilisée et la plus meurtrière au monde ».

Michel MOUTOT

___________________________ 4 – JDD

Somalie: Des affrontements font 8 morts

Les rebelles islamistes somaliens ont pris vendredi la ville de Baladweyne, dans le centre du pays faisant au moins huit morts et 21 blessés dans des affrontements, rapportent des habitants et Elman, groupe local de défense des droits de l’homme. Selon le témoignage d’une habitante, les insurgés d’Al-Chabaab et du Hizbul al Islam ont pillé les locaux du Programme alimentaire mondial (Pam) et de l’ONG

Save the Children, emportant des ordinateurs et d’autres biens.

« Je les ai vus prendre aussi une voiture.

Les islamistes sont maintenant dans la ville mais la milice clanique (progouvernementale) pourrait revenir. La plupart des habitants se sont enfuis à l’exception des plus pauvres comme moi », a-t-elle raconté.

___________________________ 3 – AFP

Somalie: des insurgés islamistes pillent des locaux humanitaires

Des insurgés islamistes radicaux ont pillé vendredi les locaux d’agences humanitaires internationales dans la ville de Beledweyne (centre-ouest), a-t-on appris auprès d’un employé humanitaire et de témoins.

Les combattants ont investi les locaux et emporté des ordinateurs à la suite de violents combats avec les milices pro-gouvernementales pour le contrôle de cette ville située à 300 km au nord de Mogadiscio.

« Il y a eu des violents combats dans la ville ce (vendredi) matin et les islamistes ont pris le contrôle » de la localité, a rapporté à l’AFP un employé humanitaire sous couvert de l’anonymat.

« Certains des combattants ont attaqué les bureaux de deux agences humanitaires, confisquant les armes des gardes de sécurité et emportant des ordinateurs », a-t-il ajouté.

D’autres sources humanitaires et des témoins ont précisé que les locaux étaient utilisés par l’ONG Save The Children et par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Des dizaines de miliciens lourdement armés ont pénétré dans les bureaux et pris de l’équipement avec eux », a confirmé un témoin oculaire, Ali Hussein.

« Ils ont brièvement retenu captifs des employés pour ensuite les relâcher, leur ordonnant de ne pas quitter l’enceinte du bâtiment jusqu’à nouvel ordre », a-t-il déclaré.

« J’ai vu des employés, les yeux bandés, emmenés (par les miliciens) à l’extérieur du bureau de Save The Children », a précisé un autre témoin, Munir Adan.

Ces derniers mois, les shebab ont régulièrement mené des raids contre des bureaux d’organisations humanitaires dans les zones sous leur contrôle, accusant la plupart des ONG internationales de les espionner et de soutenir le gouvernement de transition qu’ils ont juré de renverser.

Dans plusieurs régions du centre et du sud de la Somalie, les shebab ont imposé des conditions drastiques aux agences humanitaires, conduisant le Programme alimentaire mondial (PAM) à suspendre début janvier ses opérations dans le sud du pays.

Beledweyne, une ville stratégique près de la frontière éthiopienne, a récemment changé plusieurs fois de mains à la faveur de combats impliquant les shebab, leurs alliés d’Hezb al-Islam, le groupe Ahlu Sunna Wal Jamaa, allié du gouvernement somalien, ainsi que divers chefs de guerre locaux.

___________________________ 2 – Radio Nederland (Hollande)

en Somalie: nombreux morts

L’intensification des affrontements entre insurgés islamistes shebab et un groupe pro-gouvernemental dans le centre de la Somalie a provoqué le déplacement de milliers de civils depuis début janvier, a indiqué mardi le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Plus de 150 personnes ont été tuées ou blessées, selon des témoignages.
De violents combats ayant fait des dizaines de morts opposent depuis début janvier milices pro-gouvernementales et insurgés islamistes (qui contrôlent le centre-sud du pays) dans plusieurs localités du centre de la Somalie.

Plus de 110.000 Somaliens se sont réfugiés à l’étranger en 2009, dont 55.000 au Kenya, 32.000 au Yémen, 22.000 en Ethiopie et 3.000 à Djibouti, selon le HCR, qui estime que plus de 560.000 Somaliens ont déjà fui leur pays.

___________________________ 1 – Gabon – Libre expression

Le Kenya sous la menace des islamistes somaliens

Dans une chanson, les Shebab déclarent qu’ils veulent « marcher sur Nairobi »

Les Shebab, les insurgés somaliens, ont menacé le Kenya de « marcher sur Nairobi » pour riposter contre les violences commises vendredi dernier par la police kényane contre des immigrés somaliens. Dans une chanson diffusée mercredi sur internet, les Shebab se disent prêts à se « battre » et à « tuer ».

« Nous avons atteint la frontière, nous entrerons au Kenya, si Dieu le veut, nous entrerons au Kenya ». Ainsi commence la mélopée les islamistes somaliens, diffusée mercredi sur internet. Dans cette chanson ponctuée de rafales d’armes automatiques et de discours, les Shebab menacent de « marcher sur Nairobi » et d’y « tuer », pour riposter contre les attaques de la police kényane contre les immigrés somaliens. « Quand nous serons arrivés, nous nous battrons, nous tuerons, nous avons des armes, suffisamment d’armes. L’armée de la foi est en route, nous avançons doucement, si Dieu le veut, nous y parviendrons », poursuivent-ils.

Le 15 janvier dernier, des heurts avaient éclaté entre des manifestants – en majorité d’origine somalienne – et la police, faisant cinq morts. Les protestataires demandaient la libération d’un imam jamaïcain radical menacé d’expulsion, Abdullah al-Faisal, qui avait été arrêté au Kenya pour incitation à la haine raciale envers les Juifs, les hindous et les Occidentaux. Après avoir essayé par deux fois de l’expulser, les autorités kenyanes ont finalement réussi à le renvoyer jeudi en Jamaïque.

La riposte des autorités kényanes

Le gouvernement kenyan, dont le pays partage une longue frontière mal gardée au nord-est avec la Somalie, a mis en garde les Shebab qu’il accuse de vouloir fomenté des attentats au Kenya. Pour les mater, George Saitoti, le ministre kényan de l’Intérieur, a lancé en début de semaine une vaste opération policière à Eastleigh, le quartier somalien de la capitale. Plusieurs centaines de personnes (dont une dizaine de députés somaliens) ont été arrêtés et accusés de séjour illégal sur le territoire kenyan.

Selon un nouveau bilan communiqué mercredi, la police aurait procédé à quatre cents autres arrestations depuis le début de la semaine dans des provinces du centre, du nord et de l’est du Kenya. « Ces opérations doivent continuer, nous avons arrêté déjà 700 personnes environ soupçonnées de séjour illégal. Beaucoup ont déjà comparu en justice et vont être expulsés. D’autres sont interrogés par les officiers chargés de la lutte anti-terroriste, car nous enquêtons également sur la piste des Shebab », a indiqué à l’AFP un responsable policier sous couvert d’anonymat.

Un propos liminaire à la chanson évoque les violences de vendredi dernier : « la déportation d’un religieux de renom a provoqué la colère des moujahidines en Somalie ». « Après cet incident, les musulmans étaient mécontents et ont agi. Alors les non-musulmans ont massacré les musulmans en colère ». Cette chanson pourrait amener à un conflit armé entre les Shebab et les forces kenyanes qui, selon Cheikh Mohamoud Abu-Hamza, un commandant des insurgés somaliens, se sont déployées le long de la frontière avec la Somalie.

par Stéphanie Plasse