19/03/10 (B542) LDDH / TABLEAU DE BORD SUR LE PHENOMENE DE L’APATRIDIE EN REPUBLIQUE DE DJIBOUTI



Le Président

TABLEAU DE BORD
SUR LE PHENOMENE DE L’APATRIDIE
EN REPUBLIQUE DE DJIBOUTI

L’insupportable problème des Apatrides Djiboutiens
présenté au nom de la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH).

Le droit à la Mémoire des Massacres du 20 mars 1967 est un Devoir pour nous tous .

Ce Tableau de Bord est dédicacé à toutes les victimes des massacres du Lundi 20 mars 1967 au lendemain du Référendum mascarade organisée par l’Administration coloniale française du 19 mars 1967.

C’est avec un sentiment de fierté et de compassion, loin de Djibouti, que les enfants des années 1967, des enfants à peine âgés de dix ans, mais pour certains d’entre eux, aujourd’hui des responsables politiques comme Mahdi Ibrahim God et Cassim Ahmed Dini, qui continuent comme ils l’ont toujours fait leur combat contre la dictature sournoise qui, hélas, classe Djibouti comme un vaste Cimetière des crimes organisés, un vaste Cimetière des victimes des répressions physiques et sociales, le vaste Cimetière de la Pauvreté et du Sida, enfin l’un des plus vaste Cimetière des détournements des Deniers Publics et des Biens Sociaux.

Djibouti compte actuellement « quatre milliardaires (4) et quatre cent mille (400 000) mendiants ».

Il est de notre Devoir d’exprimer tous nos encouragements et notre solidarité à Mahdi et à Cassim pour le juste combat qu’aujourd’hui en ce 19 mars 2010, combat qu’ils mènent auprès de leurs compatriotes du Canada loin de leur patrie, combat régulier, qu’ils mènent depuis leur tendre jeunesse notamment celui pour le Droit à la Mémoire lors des massacres par les Forces militaires coloniales bien avant notre Indépendance, les massacres d’Arhiba après l’indépendance par un régime aux méthodes coloniales.

En tant que vieux Djiboutien et actuellement Défenseur des Droits de l’Homme à Djibouti, en ce Jour de Mémoire, en ce Jour de souvenir de tous nos compatriotes morts pour l’Indépendance, je ne peux que participer par le cœur à ce Droit de Mémoire qui ce déroule actuellement à CANADA.

TABLEAU DE BORD

Dans le cadre des activités, des 17 et 18 mars 2010, de l’Atelier sur la Nationalité, l’Apatridie et l’Enregistrement des naissances à Djibouti par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, permettez-moi de vous soumettre un tableau de bord pour vous aider à mieux sentir ou comprendre certains aspects des couloirs ou filières politico-tribaux sous-jacents.

Dès sa création en 1999, la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) s’est attelée à observer et à dénoncer les violations insupportables en matière des Droits Humains en République de Djibouti, en priorité les exécutions extrajudiciaires, les blocus alimentaires et sanitaires, et autres sévices de tout genre.

Née dans un contexte de conflit armé, avec tous les drames pour nos populations du Nord et de l’Ouest de notre pays, la LDDH était présente sur plusieurs autres Fronts, à savoir :

1. Les répressions contre la Liberté d’Expression, la Liberté de Presse, la Liberté à manifester pacifiquement, la Liberté de grève, toutes ces répressions sont en violations flagrantes aux articles de la Constitution de 1992 en particulier des Droits et Devoir de la Personne Humaine ;

2. Les harcèlements et les arrestations, les détentions et/ou emprisonnements arbitraires aux aspérités purement politiques ;

3. La forte tendance discriminatoire et inadmissible du refus d’octroyer des pièces d’identité aux Djiboutiens, mais surtout aux Djiboutiennes mariées à des Djiboutiens, qui depuis la période coloniale sont « condamnés à demeurer avec leurs enfants et petits enfants des Apatrides dans leur quartier, sans emploi ni avenir, et sans la liberté d’Aller et Venir sans être raflé ou… » ;

Ce dernier point est en violation permanente à la Dignité de la Personne Humaine, violations humiliantes et dégradantes qui perdurent depuis le 27 Juin 1977 Journée d’Espoir pour les vrais Djiboutiens, qui avaient lutté au prix de leur sang pour la Souveraineté Nationale, pour la Liberté et le Droit à sa personnalité juridique.

Ils et Elles ont combattu avec courage et abnégation contre les toutes les formes des dispositions racistes du colonialisme français espérant que la Liberté acquise serait la fin des tortures physiques et morales, la fin des rafles et des expulsions, souvent vers la Somalie.

Ces Djiboutiens dont les parents de certains, ont combattu pour la Liberté de la France contre le régime raciste des nazis hitlériens, ces Djiboutiens pensaient que toutes les formes de racisme allait prendre fin le jour de l’Indépendance.

Jusqu’aujourd’hui, ce racisme ethnique et/ou tribal persiste encore à Djibouti ville tout en soulignant que cette discrimination a pris de l’ampleur dans les régions du Nord et de l’Ouest de la République depuis le conflit armé de 1991.

Toutefois, l’actuel Directeur de la Population Dini Mohamed Daoud fait preuve d’efforts louables avec l’ouverture d’ores et déjà perceptif en ce concerne la délivrance des cartes d’identité aux Djiboutiens possédant la carte « Damer, en Somali âne » ou plus précisément la Carte de Résidence qui permettait aux Djiboutiens de circuler librement sans être raflé et de travailler dans le noir, ce depuis pratiquement plus de trente ans, depuis 1976 après la première négociation entre la LPAI et l’Administration coloniale de la rue Odinot de Paris.

La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) qui suit avec préoccupation et ce depuis sa création en 1999, toutes ces mesures discriminatoires qui ont, hélas, pris une ampleur avec des méthodes sournoises, après la signature des Accords de Paix de 2002.

Le phénomène des Apatrides Afar et celui des Somalis non Issas s’aggrave et s’amplifie avec les nouveaux afflux des immigrés eux aussi sans aucune pièce d’identité, et pour certains d’entre eux qui vivent à Djibouti depuis presque deux générations.

Il est temps de se mobiliser pour dénoncer et combattre un tel phénomène, qui s’aggrave et anéantit le propre de la nationalité Djiboutienne.

Il est temps de se mobiliser pour le Respect au Droit à toute personne d’avoir un Statut Juridique et circuler librement dans notre pays sans la peur au ventre d’être raflé..

Il est temps de mettre fin aux abus et aux instructions venues d’En-haut pour la délivrance des documents de voyage à des non Djiboutiens qui parfois rejoignent les Clubs des Crimes Organisés mais aussi les Pirates de mer.

Enfin, il est bon de rappeler que le refus d’appliquer au moins les dispositions des Textes en vigueur à Djibouti, ces refus d’application sont contraires et en violation à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et autres Conventions (civiles et politiques), mais aussi la Convention Internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965, Convention contre la torture et autres peines ou traitement cruels inhumains et dégradants de 1984, sans oublier la Convention de 1957 sur la nationalité de la Femme mariée, encore moins la Convention de 1954 relative aux Statuts des Apatrides.

En conclusion, cet Atelier organisé par le HCR et animé par E. Bilquees a été bénéfique avec la participation active d’un certain nombre de professeurs, qui ont posé des questions pertinentes en particulier par le professeur Youssouf qui a fait remarquer les contradictions entre des articles du Code de Famille et celui du Code civil en application à Djibouti.

Une étude, en droit comparé, plus poussée pourrait mettre en relief bon nombre de contradictions, et il est essentiel de le constater par l’établissement d’une liste des textes régulièrement bafoués ou pas du tout appliqués.

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Rappel :

La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) avait publié une Note d’Information du 25 janvier 2000 sur le Droit à la Nationalité jointe en Annexe dés que nous aurons le rapport de l’Atelier, ainsi qu’une Diffusion d’Information avec des commentaires sur le Code de la nationalité Djiboutienne de 1982 dont certains des passages seront reproduits ultérieurement.

NOEL ABDI Jean-Paul
Défenseur des Droits Humains