20/03/10 (B543) Yémen Express. La guerre est terminée ? Une assistance militaire consentie par l’Occident dont la France à l’Arabie saoudite pour lutter à la frontière du Yémen ? (3 articles en Français)

________________________ 3 – Le Monde

La stratégie occidentale d’endiguement de l’Iran

Bien que tous les détails n’en sont pas encore révélés, des diplomates confirment que la France a fourni une assistance militaire technique à l’Arabie saoudite lors de son intervention contre la rébellion yéménite, de novembre 2009 à janvier 2010.

Les Saoudiens avaient alors riposté à des infiltrations de groupes houthistes (chiites) dans la zone frontalière, en soutien aux forces gouvernementales du Yémen. Ils ont essuyé de lourdes pertes : une centaine de morts.

Quel a été le degré de l’implication française ?

« Nous avons fourni à l’Arabie saoudite tous les équipements militaires qu’elle voulait », répond un diplomate de haut rang à Paris. Selon une autre source, également anonyme, les militaires saoudiens ne « savaient d’ailleurs pas trop comment en faire usage », ce qui laisse supposer que la France a pu prêter main-forte dans l’utilisation des équipements ou des données fournies.

Cet épisode, recouvert d’une grande discrétion, illustre une stratégie plus large.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, sont en effet engagés dans un effort coordonné pour rassurer les pays arabes du Golfe face aux ambitions régionales de l’Iran. Les émissaires se succèdent dans la région pour réitérer le même message : « Vous n’êtes pas seuls ; nous sommes prêts à vous aider et à vous protéger », résume un diplomate.

L’objectif est d’inciter les pays sunnites de la région à se joindre à des sanctions pour étrangler les réseaux financiers qu’utilise l’Iran. L’heure est à l’élaboration de nouvelles mesures coercitives, après l’impasse de la politique de la « main tendue » américaine, et le constat que Téhéran a élevé à un nouveau degré l’enrichissement d’uranium.

La voie préférée vers de nouvelles sanctions – celle de l’ON U – semble vouée à n’aboutir qu’à des mesures d’ordre cosmétique du fait des réticences russes et surtout chinoises. D’autres pistes sont donc explorées : agir entre « pays de même disposition d’esprit » (likeminded) avec des mesures prises à titre national.

Les émirats du Golfe, qui servent de plate-forme pour les activités financières et commerciales de l’Iran et des Gardiens de la révolution, sont fortement sollicités pour resserrer l’étau économique. Mais en participant au durcissement général, ils craignent de s’exposer à des représailles iraniennes. D’où l’effort pour lever leurs réticences liées pour partie à la présence de minorités chiites sur leur territoire.

Le point d’orgue de cette politique de bouclier protecteur a été la décision, prise fin janvier par l’administration Obama, de déployer dans le Golfe des batteries de missiles Patriot. On fait observer à Paris que la base militaire française à Abou Dhabi, inaugurée par Nicolas Sarkozy en mai 2009, participe aussi de cette stratégie d’endiguement et de dissuasion.

En filigrane, Washington continue d’envoyer le message à Israël que tout scénario militaire contre l’Iran serait un désastre. Les Etats-Unis misent aussi sur l’impact des remous politiques intérieurs en Iran. Un pays dont l’économie est « en ruines », note-t-on côté français en misant sur l’espoir que le Guide, Ali Khamenei, optera pour un « retour à la table des négociations » avec les Occidentaux plutôt que de voir sa position ou la survie du régime menacées.

Il reste du temps pour que les sanctions opèrent, a indiqué le général David Petraeus, le commandant des troupes américaines dans la région. L’Iran « a heureusement pris un peu de retard » dans ses travaux nucléaires et ne pourra pas franchir l’étape décisive vers une capacité nucléaire « cette année », a-t-il expliqué mardi devant une commission du Sénat.

Mais l’endiguement en cours de l’Iran laisse aussi préfigurer un autre scénario, qui, sans être la politique officielle de Washington, n’en est pas moins débattu dans les think-tanks : la préparation de l' »après ». « Après la bombe iranienne », c’est le titre d’un article très remarqué des chercheurs James Lindsay et Ray Takeyh, publié ce mois-ci dans la revue Foreign Affairs. « Même si Washington échoue à empêcher l’Iran de devenir nucléaire, il peut contenir et limiter les conséquences » d’une telle évolution, écrivent-ils en évoquant le poids des garanties de sécurité qui seraient apportées aux pays du Golfe.

A Paris, comme en Israël, ce débat américain est observé avec circonspection.

Le grand danger, commente Pierre Lellouche, le secrétaire d’Etat aux affaires européenne et spécialiste des questions stratégiques, est celui d’un engrenage « immédiat » de prolifération nucléaire au Moyen-Orient, où plusieurs pays, Arabie saoudite en tête, se lanceraient dans la course aux armements. D’autant, ajoute-t-il, que « la technologie nucléaire est diffusée, et qu’il y a des gens qui sont prêts à la vendre ».

En somme, le containment d’un Iran nucléaire ne pourrait pas ressembler à celui de l’URSS ou de la Chine, du temps de la guerre froide.

Natalie Nougayrède

________________________ 2 – L’Express avec Reuters

Le Yémen déclare la fin de la guerre avec la guérilla chiite

Le président yéménite Ali Abdullah Saleh a déclaré que la guerre menée contre les rebelles chiites du Nord était finie.

Le président yéménite Ali Abdullah Saleh a déclaré que la guerre menée contre les rebelles chiites du Nord était finie. Les pays occidentaux et l’Arabie Saoudite redoutent qu’Al Qaïda ne profite de l’instabilité du Yémen pour recruter des activistes afin de mener des attentats dans la région. (Reuters/Khaled Abdullah)

Il le dit dans un entretien à la chaîne de télévision Al Arabiya qui devait être diffusé vendredi.

Le président yéménite, que la communauté internationale souhaite voir mettre un terme aux conflits internes pour se concentrer sur la lutte contre Al Qaïda, a néanmoins posé des limites à une offre de dialogue avec des opposants dans le sud du pays, théâtre d’affrontements avec les séparatistes.

Les pays occidentaux et l’Arabie Saoudite redoutent qu’Al Qaïda ne profite de l’instabilité du Yémen pour recruter des activistes afin de mener des attentats dans la région.

« Nous pouvons dire que la guerre est finie, et non pas interrompue ou qu’il s’agit d’une trêve », dit Ali Abdullah Saleh dans cette interview, qu’a pu visionner Reuters.

La déclaration de la fin du conflit, qui connaissait depuis 2004 une succession d’accalmies et d’épisodes violents, constitue une volte-face de la part des autorités yéménites.

En début de semaine, Sanaa avait en effet reproché aux rebelles chiites de ne pas se conformer à la trêve conclue pour mettre fin à un conflit qui a causé le déplacement de 250.000 personnes.

Selon certains experts, la trêve conclue entre le gouvernement et les rebelles du Nord ne pouvait pas durer puisqu’elle n’abordait pas la discrimination dont se disent victimes les rebelles.

DIALOGUE AVEC LE SUD

Saleh note, dans son interview, des signes positifs de la part des rebelles, citant l’élimination des mines des routes, l’ouverture de routes, la levée de barrages routiers et la libération de prisonniers.

« Il s’agit d’indications positives qui prouvent la bonne intention de ne pas commencer une nouvelle guerre », dit-il.

Le Yémen a annoncé jeudi qu’il libérerait à son tour des prisonniers rebelles chiites d’ici quelques jours, après la libération lundi par les rebelles d’au moins 170 soldats et membres de tribus.

Saleh a adopté en revanche une position intransigeante concernant le sud du pays en limitant son offre de dialogue avec l’opposition aux seuls éléments favorables à l’unité.

« Le dialogue se fera seulement avec les éléments favorables à l’unité (dans le Sud) qui ont des requêtes légitimes. Mais nous n’avons pas de discussions avec les éléments séparatistes. »

Le président yéménite avait tendu la main aux insurgés séparatistes début mars en leur proposant des pourparlers et en leur assurant que l’Etat saurait entendre leurs doléances.

L’offre de Saleh faisait suite à une escalade de la violence dans la région.

Le Yémen a été réunifié en 1990 mais de nombreux habitants du Sud, où se trouve la plus grande partie des installations pétrolières, accusent les Nordistes d’avoir profité de la réunification pour mettre la main sur leurs ressources.

________________________ 1 – Le Figaro avec AFP

Yémen: « la guerre est terminée »

La guerre contre les rebelles chiites dans le nord du Yémen est « terminée », a affirmé le président Ali Abdallah Saleh, dans une interview à la télévision Al-Arabiya qui sera diffusée ce soir.

Dans des extraits de cette interview mis en ligne sur le site internet Alarabiya.net, le chef de l’Etat yéménite déclare que la mise en oeuvre actuelle du cessez-le-feu entre rebelles et gouvernement est « le signe que la guerre a pris fin et qu’il ne s’agit pas d’une trêve passagère ».

Les deux parties s’emploient depuis le 12 févier à consolider la trêve qui a mis fin à six mois de combats dans le nord, dans ce qui est appelé « la sixième guerre » avec les rebelles chiites depuis le début des hostilités en 2004. Ce conflit a fait depuis 2004 plusieurs milliers de morts et plus de 250.000 déplacés.