28/03/10 (B544) Nouvelles de Somalie – des civils victimes de violations des droits humains – Les shebab en guerre contre la vénération des tombes – un responsable administratif tué par une bombe à Mogadiscio – Trois morts dans des affrontements en Somalie – Une bombe fait quatre morts (5 articles en Français)

______________________ 5 – JDD

Somalie : Une bombe fait quatre morts

Un responsable gouvernemental et trois autres personnes sont mortes samedi à Mogadiscio après le déclenchement à distance d’une bombe, ont rapporté des témoins et la police. L’attentat, qui a aussi fait plusieurs blessés, a été revendiqué par le groupe Al-Chabaab.

Ahmed Mohamud, commissaire du quartier de Hamar Jajab, à Mogadiscio, a été tué alors qu’il circulait dans une partie de la capitale contrôlée par le gouvernement et la force de maintien de la paix de l’Union africaine.

« Il a été tué sur le coup, deux soldats et une civile ont aussi été tués », a déclaré à Reuters un policier, Abdi Hassan. Un civil et un policier ont aussi été tués près de l’aéroport.

_______________________ 4 – Nouvel Obs avec AP

Trois morts dans des affrontements en Somalie

Trois personnes ont été tuées et quatre autres blessées samedi dans des affrontements entre des soldats somaliens et des protestataires armés opposés à la démolition de leurs logements près du principal aéroport de Mogadiscio, selon un représentant des autorités.

Abdisalan Dahir Abdulle, maire adjoint de la capitale somalienne, a déclaré que le gouvernement avait ordonné la démolition d’habitations de fortune qui pouvaient être utilisées par des militants islamistes d’Al-Shahab. La zone visée, une ancienne base de l’armée de l’air, est située à une centaine de mètres de l’enceinte de l’aéroport.

Des témoins ont déclaré vendredi que des centaines de familles vivant dans la pauvreté avaient été contraintes de quitter leurs maisons près de l’aéroport. Selon des associations de défense des droits de l’Homme, ces familles n’ont nul endroit où aller.

Le fragile gouvernement somalien est en lutte contre des islamistes radicaux qui procèdent généralement à des tirs de mortier depuis des zones d’habitation.

_______________________ 3 – TV5 avec AFP

Somalie: un responsable administratif tué par une bombe à Mogadiscio

Un responsable d’un district de Mogadiscio et ses deux gardes du corps ont été tués samedi matin dans l’explosion d’un engin piégé, a-t-on appris de source policière.

Des soldats de l’armée somalienne le 17 mars 2010 dans la ville de Mogadiscio
Un responsable d’un district de Mogadiscio et ses deux gardes du corps ont été tués samedi matin dans l’explosion d’un engin piégé, a-t-on appris de source policière.

Un responsable d’un district de Mogadiscio et ses deux gardes du corps ont été tués samedi matin dans l’explosion d’un engin piégé, a-t-on appris de source policière.

Accompagné de sa protection rapprochée, Ahmed Korleh, chef du district d’Hamar Jajab (centre de Mogadiscio), faisait un tour de routine à pied dans les rues de son quartier, a indiqué à l’AFP un officier de police, qui a requis l’anonymat.

Une bombe qui avait été dissimulée a explosé à son passage, Ahmed Korleh et deux de ses gardes du corps ont été tués, a expliqué cette source.

« Il s’agit vraisemblablement du travail des shebab », les insurgés islamistes, a accusé la même source.

Le district d’Hamar Jajab est situé au coeur des quelques quartiers de la capitale sous contrôle du gouvernement de transition (TFG), alors que les shebab tiennent la majorité de la ville.

De nombreux policiers et soldats gouvernementaux sont habituellement déployés à Hamar Jajab. Cet incident en zone TFG intervient après plusieurs semaines de répit dans les attentats commis contre des responsables gouvernementaux et généralement attribués aux insurgés islamistes.

_______________________ 2 – RFI

Les shebab en guerre contre la vénération des tombes

Les islamistes radicaux des milices shebab ont procédé cette semaine en Somalie à sept excavations de sépultures, pour « éradiquer la culture de la vénération des tombes ». Ils ont notamment emporté les restes de deux dignitaires soufis à Mogadiscio touchant ainsi le cœur de la tradition ancestrale.

Les Somaliens pratiquent un islam soufi et les dignitaires soufis une fois décédés font l’objet d’une vénération et d’une attention particulières. Les tombes sont recouvertes de dalles et de petits mausolées. Certains personnages célèbres sont même parfois enterrés dans les mosquées.

Pour les shebab qui pratiquent un islam wahhabite, réputé rigoriste, le Coran interdit le culte des morts et bannit l’utilisation de pierres tombales ou de petits mausolées. C’est pour éradiquer ces pratiques pourtant populaires que les shebab ont procédé à l’excavation de sept tombes, emportant les restes des religieux pour les enterrer dans des endroits anonymes.

En 2005, les précurseurs des shebab, les tribunaux islamiques avaient vidé l’immense cimetière italien de Mogadiscio, dispersant dans la nature les restes de centaines de corps. A l’époque, les Somaliens n’avaient pas bronché, l’opération concernant en effet les corps de colons italiens. Cette fois-ci, c’est le cœur de la culture soufie somalienne qui est visé. Et il n’est pas certain que les shebab gagnent en popularité à s’en prendre ainsi à la tradition ancestrale.

_______________________ 1 – Amnesty International

Somalie : des civils victimes de violations des droits humains

Des violations des droits humains ont été commises ces six derniers mois, principalement par des groupes armés d’opposition.

Des milliers de civils ont été tués ou blessés dans des pilonnages ou d’autres types de bombardements à l’arme lourde.

Des pratiques se traduisant par des atteintes systématiques aux droits humains sont clairement apparues lors de la dernière escalade de violence en Somalie. Celle-ci a été déclenchée par une offensive de grande ampleur, lancée en mai 2009 par des groupes armés d’opposition contre le gouvernement de Mogadiscio, a indiqué Amnesty International ce jeudi 25 mars.

Dans un rapport intitulé Somalia: No end in sight: The ongoing suffering of Somalia’s civilians, l’organisation examine les violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains commises ces six derniers mois, principalement par des groupes armés opposés aux forces du gouvernement somalien et de l’Union africaine (UA).

Par ailleurs, ce document énumère les différentes allégations selon lesquelles ces forces auraient ouvert le feu sans discernement, allégations qui nécessitent l’ouverture d’une enquête.

Des milliers de civils ont été tués ou blessés dans des pilonnages ou d’autres types de bombardements à l’arme lourde lorsque les groupes armés d’opposition Al Shabab et Hizbul Islam combattaient les forces du gouvernement fédéral de transition et de l’UA.

« Nous pensons que les cas signalés ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. En raison de l’insécurité permanente, il est extrêmement difficile d’obtenir des informations fiables », a expliqué Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.

Selon les estimations des Nations unies, les affrontements entre les forces gouvernementales et les insurgés ont fait des dizaines de victimes civiles dans la capitale et ont contraint plus de 55 000 personnes à abandonner leurs domiciles depuis début février 2010.

Des groupes armés utilisent des obus de mortier et de l’artillerie lourde dans des quartiers résidentiels et des espaces publics de Mogadiscio : ils visent les bases tenues par le gouvernement fédéral de transition et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), qui se situent à proximité de zones civiles. Ces opérations donnent lieu à des représailles et provoquent des déplacements incessants de rescapés, fuyant pour protéger leur vie.

Certaines attaques ciblent délibérément des civils. Le 3 décembre 2009, une explosion a détruit l’hôtel Shamo alors qu’une cérémonie de remise de diplômes à des étudiants en médecine s’y déroulait : 23 personnes ont été tuées et 60 autres blessées.

« Aucune des parties à ce conflit ne semble prendre les précautions nécessaires pour éviter de blesser ou de tuer des civils, bien qu’elles soient tenues de le faire aux termes du droit international humanitaire, a indiqué Erwin van der Borght. Elles doivent toutes arrêter de viser des civils, qui continuent à être tués illégalement et en toute impunité. »

Les personnes vivant dans des zones contrôlées par des groupes armés d’opposition risquent de plus en plus de subir des actes de torture ou d’être victimes d’exécutions publiques illégales, notamment par lapidation, d’amputations et de flagellation, sous couvert du maintien de l’ordre.

« Par ces atroces démonstrations de cruauté et de violence, les groupes armés tentent – semble-t-il – d’intimider la population et d’insinuer la peur en elle afin de renforcer leur mainmise sur un territoire », a ajouté Erwin van der Borght.

L’acheminement de l’aide humanitaire, dont ont désespérément besoin les personnes déplacées en raison du conflit, est gravement entravé par les groupes d’opposition, qui accusent souvent les organisations humanitaires de se livrer à des opérations d’espionnage pour le compte de la communauté internationale.

Par ailleurs, ces groupes continuent à intimider des journalistes et à imposer des règles strictes aux médias en vue d’étouffer la liberté d’expression par tous les moyens.

Amnesty International a exhorté le gouvernement fédéral de transition, les groupes armés d’opposition, l’Union africaine et la communauté internationale à appliquer une série de recommandations pour tenter de limiter les violations des droits humains commises à l’encontre de civils et de permettre aux organisations humanitaires d’accéder en toute sécurité aux régions concernées.