28/06/10 (B558) Courrier des lecteurs : Vers une union de l’opposition djiboutienne? Mais quelle union?

Aujourd’hui, on voit une partie de l’opposition djiboutienne s’unir autour de la personne de M.A.Boreh … Une chose normale en politique, me vous, surtout si on se réfère au fameux adage « l’ennemi de mon ennemi est mon ami. ».

Certes, cela est vrai d’autant plus que M. A.Boreh ne semble pas manquer d’arguments financiers pour faire plier la maison IOG et lui faire mal, mais ce que je trouve sincèrement désolant, c’est que que ce ralliement soit un peu comme l’arbre qui cache la forêt.

En effet, il va de soi que l’affaire Boreh relève plus de l’anecdote judiciaire dont nous sommes coutumiers à Djibouti que d’un véritable événement politique en soi…cet imbroglio juridico-financier rejoindra bientôt la rubrique des faits divers comme le fut à une certaine époque l’affaire des farines de M.Aref, l’emprisonnement pour conspiration de Gabayo, de Moumin ou encore le coup d’état de Yabeh … après avoir fait les manchettes dans les mabrazes, toutes ces affaires ont été reléguées aux oubliettes de l’histoire…Pourquoi ?

Parce que cela ne présentait aucun intérêt pour le peuple, je veux dire le petit peuple qui attend autre chose que des chroniques insipides et infantiles…

Et même si parfois le peuple ne pouvait que se réjouir de ces règlements de comptes entre ceux qui étaient complices, hier, aux dépens de ce petit peuple qu’ils disent défendre une fois qu’ils sont tombés en disgrâce auprès du prince si généreux mais aussi si sévère avec ses courtisans…Et ce ne sont pas les travailleurs du port, licenciés injustement en 2005 par un certain ?qui diront le contraire…

Donc, on peut se demander aujourd’hui si une union de l’opposition autour de l’affaire Boreh n’est pas, en réalité, le signe d’une absence d’un véritable programme d’alternance démocratique pour contrecarrer les ambitions affichées du prince-manitou qui fait fi de la constitution et de ses courtisans comme du reste du monde.

L’opposition, va-t-elle, encore une fois, nous rejouer cette mascarade grotesque qui a permis la pérennité du régime de Hassan Gouled et de son corollaire tribal alors que tous les facteurs étaient réunis pour un changement profond de notre société en 1993 ?

N’est ce pas messieurs Aden Robleh, Elabeh , Dini et consorts ? Ah des regrets, que des regrets !!!

Notre opposition, est-elle si indigente en idées et en hommes au point d’être incapable de trouver une seule plateforme commune pour sauver ce peuple en détresse ?

Peut-elle faire taire ses discordes intestines au nom de l’intérêt supérieur de la nation ?

Peut-elle avoir le courage de constituer un seul bloc de salut public autour d’un homme intègre comme M.Abdi Noel alliant expérience, éthique et engagement ?

On a vu en la personne de M.Obama le premier président noir des Etats-Unis, qu’est ce qui empêcherait de faire pareil avec M. Noel à Djibouti ?

Le voulons-nous ? Le pouvons-nous ? Est–ce anti-démocratique un tel geste ?

Alors, chers messieurs de l’opposition, voulez-vous une vraie démocratie à Djibouti, où utilité publique et égalité des citoyens seraient érigées en valeur suprême ? Ou bien préférez-vous une démocratie biaisée, à la sauce djiboutienne au parfum de Eychaha ou de Hanleh, préservant du coup ce fameux droit préhistorique de la primauté de la naissance et la survie de la tribu en prenant soin de ne jamais « casser la colonne vertébrale » même si elle peut faire le lit d’un tyran et la misère du peuple entier sans distinction ?

A quand un passage réussi dans une véritable ère démocratique ?

Bref, autant de questions que je me pose, que les gens sensés se demandent… Il est grand temps de tourner la page des faits divers, du tragi-comique et de crever l’abcès pour éviter la gangrène (déjà entamée ?)…et un scenario à la somalienne ou à la rwandaise… Tabula rasa ou statut quo ?

Des choix s’imposent aujourd’hui et dans l’urgence. Pour cela, on a besoin d’hommes de bonne volonté…

Pas de remue-méninges stériles ni de ballet scénique ni de danse du ventre repu…

A bon entendeur salut.