22/07/10 (B561) LDDH : Un nouveau cas avéré de torture, dénoncé par la victime, en dépit des menaces qui pèsent sur elle.



Le Président

NOTE D’INFORMATION DU 21 JUILLET 2010

Cette note d’information expose un cas précis de Torture
et les méthodes de Tortures
que les Forces Armées djiboutiennes
exercent en toute Impunité.

La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) ne cesse de dénoncer de telles pratiques, ce cas récent d’un jeune qui a eu le courage de s’adresser à nous ne peut que nous encourager à attirer l’attention de l’Etat-major de la République de Djibouti, ainsi celle des dirigeants politiques pour leur rappeler l’urgence de mettre fin à de telles pratiques intolérables et inadmissibles.

La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) demande à l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) ainsi que toutes les Organisations des Droits de l’Homme d’envoyer une Mission d’Enquête afin de permettre l’ouverture de plaintes non seulement à Djibouti mais aussi parallèlement auprès des Juridictions aux Compétences Universelles.

Ci-après

Le témoignage d’un torturé qui nous a contacté le 19 juillet 2010.

NOEL ABDI Jean-Paul

_________________ Témoignage d’un torturé

Il s’agit ici d’un témoignage d’un jeune habitant de Margoyta (Moussa Ali), âgé de 36 ans.

Voici le compte-rendu détaillé que Mr Abdo Ali Mohamed fait de son arrestation et des sévices que lui ont fait subir les militaires de la région…

« Je me rendais à la caserne de Piyyah dans le Weima, afin de récupérer l’argent du khat que je fournis régulièrement aux militaires de la région : Piyyah, Assa Gueyla, forage d’Eyssalou, Dadda’to… depuis plus d’un an lorsque j’ai été arrêté par deux militaires le samedi 1er rajab.

Les militaires ont d’abord saisi et confisqué cinq pièces comptables comportant les noms des militaires qui m’ont acheté le khat ainsi que les montants correspondants, une somme d’argent en liquide, une torche et une canne qui étaient les seuls biens que je portais sur moi. J’ai ensuite été brutalement ligoté avec une grosse corde en nylon par le sergent-chef M… (Poignets et cheville droits, poignets et cheville gauches), puis jeté à plat ventre.

Les militaires m’ont ensuite posé une grosse pierre qui me recouvrait le cou et la moitié du dos. Puis j’ai subi pendant du matin au maghreb où je me suis évanoui, un interminable interrogatoire durant lequel j’étais battu à chaque question.

A la fin de l’interrogatoire qui n’a rien donné puisque je ne savais rien de ce qu’ils me demandaient, ils ont voulu se débarrasser de moi et l’ordre a été donné de m’abattre. Alors qu’un soldat a chargé son fusil, j’ai été sauvé in extrémis par le sergent Houssein, un issa qui m’a reconnu…

J’ai ensuite été conduit à Dadda’to et encore interrogé et battu avec une barre de fer par l’adjudant O…

Enfin, je fus conduit à Assa Gueyla où je fus présenté comme un rebelle qui aurait attaqué la caserne de Bouyya…Ce qui a provoqué l’étonnement et la consternation des militaires qui m’ont reconnu pour la plupart d’entre eux …

J’ai ensuite été transféré à Tadjourah où j’ai été soigné de mes blessures et gardé près d’un mois avant d’être relâché à Assa Gueyla pour ne pas être vu dans mon état à Tadjourah … Je me suis péniblement rendu à Allaylou d’où j’ai emprunté une voiture
se rendant à Obock, puis d’Obock à Tadjourah en toyota de brousse et me voici
aujourd’hui à Djibouti…

Mais plus que la torture physique que j’ai subi, c’est la torture morale des propos que m’a tenu le commandant W… de Tadjourah qui m’amène aujourd’hui à témoigner …

Il m’a dit en substance, en me relâchant : « Tu peux partir maintenant et ne t’avises pas de raconter ce qui t’es arrivé car tu ne pourras rien contre nous… ! ».