17/08/10 (B565) ALERTE ROUGE / Djibouti: CAMPAGNES DURGENCE/ Exactions sur enfants (OMCT)
DJI 300710.1/ DJI 300710.1.CC
Suivi du cas DJI 300710/ DJI 300710.CC
CAMPAGNES DURGENCE/ EXACTIONS ENFANTS
Transfert au camp de police de Obock/ Détention arbitraire, y compris de mineurs/ Crainte pour lintégrité physique et psychologique
Le Secrétariat International de lOrganisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) a reçu de nouvelles informations sur la situation suivante et sollicite votre intervention à Djibouti.
Nouvelles informations
Le Secrétariat International de lOMCT a été informé par une source fiable et Antenna International, une organisation membre du réseau SOS-Torture de lOMCT, que Mme Halima Bila (environ 35 ans) et ses quatre enfants mineurs, Fatouma Mohamed Keiro (F), Bila (M), Kalifa (M) et Ali Mohamed Keiro (M), âgés de un à neuf ans, détenus arbitrairement à la prison de Nagade, ont été transférés au camp de police de Obock, à Obock, situé sur le Plateau, le 2 août 2010. Aucun motif naurait été donné quant à ce transfert.
Selon les informations reçues, les conditions de détention dans le camp de police seraient meilleures quà la prison de Nagade. Mme Halima Bila aurait également reçu quelques soins après son transfert (elle ne souffrirait plus de diarrhées mais elle continuerait à vomir de temps en temps). Toutefois, à lheure de diffuser cet appel, aucune information nétait disponible sur la situation de ses quatre enfants.
Par ailleurs, lOMCT rappelle quà ce jour Mme Halima Bila na été inculpée daucune infraction et elle naurait toujours pas eu accès à un avocat. Les visites de sa famille seraient limitées (seules deux visites auraient été autorisées depuis le transfert). Selon les informations reçues, elle serait uniquement détenue, conjointement avec ses quatre enfants, en raison des activités de son mari, un militant actif du Front pour la Restauration de l Unité et de la Démocratie (FRUD) [1] recherché par les autorités.
Le Secrétariat International de lOMCT reste gravement préoccupé par la situation de Mme Halima Bila et de ses quatre enfants et demande instamment aux autorités compétentes de la République de Djibouti de garantir leur intégrité physique et psychologique en toutes circonstances, conformément aux dispositions des instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de lhomme ratifiés par Djibouti.
LOMCT rappelle que la Convention relative aux droits de lenfant, à laquelle la République de Djibouti est partie, stipule à son article 37 b) que les Etats parties veillent à ce que « N ul enfant ne soit privé de liberté de façon illégale ou arbitraire. Larrestation, la détention ou lemprisonnement dun enfant doit être en conformité avec la loi, nêtre quune mesure de dernier ressort, et être dune durée aussi brève que possible ». De même, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de lhomme et des peuples, deux traités auxquels la République de Djibouti est également partie, énoncent que nul ne peut faire lobjet dune arrestation ou dune détention arbitraire.
Par conséquent, lOMCT demande aux autorités compétentes de la République de Djibouti de respecter les garanties concernant la liberté de la personne et dordonner la libération immédiate, en labsence de charges légales valables, de Mme Halima Bila et de ses quatre enfants.
Rappel des faits
LOMCT avait été informée de la détention arbitraire de Mme Halima Bila et de ses quatre enfants mineurs. Selon les informations reçues, le 17 avril 2010, Mme Halima Bila et ses quatre enfants ont été arrêtés à Medeho (Mablas), dans le nord du pays, par les forces de sécurité djiboutienne sur ordre du responsable de la Sécurité de la région du Nord de Djibouti. Ils ont été détenus, dans un premier temps, dans un camp de police à Djibouti ville avant dêtre transférés, le 5 juin 2010, à la prison de Nagade dont les conditions de détention seraient très mauvaises (notamment une hygiène déplorable). Mme Halima Bila, alors très malade (vomissements et diarrhées), y était détenue conjointement avec ses quatre enfants dans la même cellule.
Actions requises
Merci décrire aux autorités de Djibouti, afin de leur demander de:
i. Garantir, en toutes circonstances, lintégrité physique et psychologique de Mme Halima Bila et de ses quatre enfants;
ii. Ordonner leur libération immédiate;
iii. Garantir le respect des droits de lhomme et des libertés fondamentales à travers le pays selon les lois nationales et les instruments internationaux des droits de lhomme .
Adresses:
Son Excellence Ismail Omar Guelleh,
Président de la République,
Palais Présidentiel,
BP 6, Djibouti Ville, République de Djibouti.
Tel / Fax : 00 253 35 50 49 / 00 253 35 02 01 ;
Monsieur Mohamed Barkat Abdillahi,
Ministre de la Justice, des affaires pénitentiaires et musulmanes, chargé des droits de lHomme,
BP 12, Djibouti Ville, République de Djibouti.
Tel / Fax : 00 253 35 54 20 ;
Monsieur Maki Omar Abdoulkader,
Procureur de la République,
Tel / Fax : 00 253 35 69 90.
Email : likmik@caramail.com ;
Ambassadeur Mohamed Siad Doualeh,
Mission permanente de Djibouti auprès de lOffice des Nations unies à Genève,
19 chemin Louis Dunant, 1202 Genève, Suisse,
Fax : + 41 22 749 10 91.
Email : mission.djibouti@djibouti.ch ;
Ambassade de Djibouti à Bruxelles,
204 avenue F.D. Roosevelt, 1050 Bruxelles, Belgique,
Fax : + 32 2 347 69 63 ;
Email : amb_djib@yahoo.fr
Prière décrire également aux représentations diplomatiques de Djibouti dans vos pays respectifs.
***
Genève, le 12 août 2010
Merci de bien vouloir informer lOMCT de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.
[1] Le FRUD est un mouvement politico-militaire qui a été créé en 1991. Deux tendances se sont dégagées à la suite du deuxième accord de paix de mai 2001; la tendance du FRUD signataire de laccord qui sest transformé en parti légal, lAlliance Républicaine pour le Développement (ARD). Ce parti a, par la suite, dénoncé la non application dudit accord ; et une autre tendance qui a refusé laccord susmentionné et qui est restée dans les montagnes du Nord de la République de Djibouti pour poursuivre la lutte. Cette tendance, dont fait partie le mari de Mme Halima Bila, est qualifiée du FRUD armé.
Précédemment, lors du premier accord de paix signé en 1994, des anciens membres du FRUD ont fait dissidence et ont créé le parti qui sappelle FRUD. Ce parti est membre de lUnion pour la Majorité Présidentielle.