05/10/10 (B572) Point de vue / Réformer les études supérieures à Djibouti (Texte déjà publié sur un forum, dans un passé relativement éloigné et qu’un lecteur nous demande de publier sur le site de l’ARDHD, aprés relecture)

Chassés par James Ier, les protestants radicaux débarquèrent du mythique May Flower en 1604 sur le sol américain. A peine vingt ans après leur arrivée ces pères pélérins comme les appellent les américains fondèrent l’Université de Havard depuis un joyau du savoir mondialement connu.

Cet exemple illustre deux choses : d’abord comme l’a suggéré Notre Seigneur, l’encre du savant vaut plus que le sang du martyr et d’autre part la nécessité pour une collectivité d’excller dans son ambition scientifique et technologique.

Pour Djibouti qui, 33 ans après son indépendance, ne compte toujours pas la moindre bibliothèque publique, méditer la sagesse protestante ne saurait être un exercice futile. Mais comme réfléchir et être politique au bled sont deux notions antinomiques, nous allons dresser ici les perspectives de la nécessaire réoganisation des études que tant d’esprit débiles ont réportée aux calendes grecques.

Mettre l’éducation nationale au service de l’économie nationale,

Une loi de la sociologie du travail veut qu’un responsable compétent recrute des collaborateurs tout aussi brillants que lui et qu’à l’inverse celui qui est incompétent ne collectionne que des médiocres. Dans les administrations publiques comme dans les sociétés parapubliques, l’indépendance a signifié le remplacement du fonctionnaire colonial dont la médiocrité légendaire a été si bien dépeinte par les auteurs français d’avant garde (de Paul Nizan à Céline en passant par Péguy) par leurs assistants djiboutiens jusque là limités à servir de traducteurs quand ils n’étaient pas assignés à servir le café et rien de plus.

L’incompétence est restée après la décolonisation et pire elle allait se développer et se reproduire. Les djiboutiens diplômés les plus célèbres comme Tour Tour, Omar Osman et Ali Mousse Iyeh et d’autres moins médiatiques ont souffert d’une ségrégation par l’ignorance. La plupart d’entre eux, dont les compétences en sociologie du travail étaient limitées à la lecture simpliste de leurs difficultés à s’insérer dans le marché du travail où des béni oui-oui – otn été bientôt réjoints par une armée de béni-garde-à-vous qui ont monopolisé tous les postes à responsabilité en multipliant alternativement les coups bas et les courbettes.

Dans les faits, les élites légitimes de Djibouti se sont souvent plaintes de la discrimination clanique. A la lecture des sciences cognitives, l’on se rend compte qu’ils ont été, avant tout, victimes de l’indigence intellectuelle et culturelle de l’establishment qui, du haut de la pyramide jusque à la base, était intégralement dédiée à la préservation d’un système construit au forceps. La pérennisation du comportement moutonnier donnait la cohérence.

Les histoires de clan et de tribus ont certes joué un rôle, mais secondaire comme levier de mobilisation et de solidarité rituelle mais ce rôle très largément exagéré par DAF, par exemple fut moins important que la confrontation entre le sens des intérêts publiques et la prédation indissossiable de l’appétit de pouvoir des Gallo Hadheen en général.

Dans cette histoire de vieux Af Mishar, Djibouti fût la grande perdante et aujourd’hui encore 30 ans après elle paye chèrement le retard accumulé dans le cycle des réformes !

Comment l’éducationn nationale s’est-elle adaptée à la donne

Les administrations et les sociétés parapubliques se sont livrées à une surenchère pour ne point embaucher les jeunes diplômés susceptibles d’éliminer Les dinosaures d’un autre âge qui nous gouvernaient. Gérées selon les directives de princes machiavéliques aux pieds nus, au ventre balloné et à la tête vide, l’éducation nationale après l’époque d’Elabeh est devenue une structure autiste et égocentrique.

De ces trois missions, elle n’en retint que deux : l’instruction publique et la formation de son propre personnelle. L’honnêteté intellectelle impose de reconnaître, que même dans ce cadre limité, elle échoua sur toute la ligne.

Trente-trois années ont passé dans le silence de la médiocrité et des discours mensongers : le drame perdure ! Faut-il lancer un cri d’alarme  » pour que Djibouti puisse espérer s’insérer dans l’économie globale ? Elle a tant besoin d’ingénieurs de qualité et de gestionnaires de haut vol » !

Force est de constater que parmi les sept disciplines des sciences de l’ingénieur (le génie mécanique, le génie industriel, le génie des procédés, le génie civil, le génie électrique, le génie lectronnique et le génie informatique) les Djiboutiens n’ont obtenu des résultats satisfaisants que dans la dernière fillière. En dépit des discours « ronflants » (à vous faire « ronfler » ??? – NDLR) d’IOG sur la société de l’information (dans un des pays le moins avancé de la terre !!!) porterait à rire. Ce domaine est le moins urgent pour le dévleoppement notre pays.

Il subsiste donc à la fois un déficit numérique mais également un manque d’ajustement qualititatif dont il faut sortir. . Comment former les ingénieurs dont nous avons besoin ? Ne posez cette question à celui qui en est responsable car connaissant la qualité des fonctionnaires djiboutiens – tous des Farax en puissance – il vous répondra par un discours qui vous ferait l’effet d’un somnifère puissant …..

Djiboutiens donc francophones. Cette seule qualité suffit déjà pour vous enlever 95 % de vos chances de suivre des études de haut niveau dans l’un des quatre pays francophones capables de vous garantir une excellence mondiale : la France, La Belgique, le Canada et la Suisse.

Qu’on le veuille ou non la langue de Molière est devenu un handicap aujourd’hui . Face à sa rivale incontestée, la langue de Shakespeare !

Les francophonnes en général et la France en particulier souffrent d’un mal encore inconnu au pays : la fossilisation sociale. Le fils du médécin sera médécin, celui du juge sera avaocat mais le fils d’ouvrier peut-il espérer une promotion sociale au délà de contre-maître. Au mieux devenir ingénieur.

Si la structure des sociétés francophones (qui est a l’opposé de celles anglosaxonnes dont le myhte moteur est le Self-Made Man parvenu et arrogant) est déjà une contrainte, s’y ajoute, dans notre cas, la dimension raciale que les hommes politiques n’évoquent jamais mais seulement par pure hypocrisie ou par nécessité de rester dans le « politiquement correcté.

Dans l’Europe seul un pays fait pire que la France, en matière de préjugé … c’est la Belgique.

Donc à moins de tenter votre chance en affrontant le froid glacial du Canada, vos chances de réussite sont très limitées avec le seul Français comme bagage.

Passons maintenant à la description du parcours du combattant du bachelier djiboutien.

Si Djibouti produit un étudiant exemplaire à tout égard, la mission de la Coopération française se fera une joie de le récompenser en lui offrant une bourse pour la faculté et/ou en assurant son inscription dans une classe préparatoire.

C’est la pire des choses qui pouvait tomber sur cet agneau issu du bled. La bourse et l’inscription ne sont que des oeuvres de charité, mais une vraie corde attachée solidement à sa chevile. Par cette générosité apparente, la France entend se fidéliser les futures élites africaines car son rayonnement mondial en dépend.

Qu’arrivera donc à cet étudiant doué, travailleur et fier des notes qu’il a obtenues en récompense d’un travail acharné. Il sera plongé dans le bain bouillonnant des rejetons de la pétite bourgeoise française qui pratique une discrimination non-dite, à l’opposé de l’humanisme affiché par les politiciens de l’hexagone qui nous en rabâchent les oreilles à longueur de temps.

Cette population de gosses de riches cataloguera l’élu du lycée de Djibouti, issu le plus souvent de nos quartiers populaires, comme un bouzeu et un arriéré.

Dans la compétition éducative en cours, rien ne lui sera épargné, de l’isolement à la médisance, ce qui a rendu, plus d’un djiboutien, véritablement schizophrène.

Mais les étudiants ce n’est rien ! Comparé à la violence instrumentale des enseignants. L’objectif déclaré est de former des brahmanes sûrs de leur science et aux nerfs d’acier. Face à cette compétition sans humanité, le Djiboutien qui a eu la chance d’être classé parmi les tout permiers u baccalauréat, s’en sort bien.

Mais cela ne suffit pas. L’objectif des réseaux qui tirent toutes les ficelles des établissements français d’enseignement est de forger des élites africaines à leur image en leur demandant de satisfaire à des comportements imposés, mélange de servilitude et de suivisme moutonnier.

Par cette relecture agiographique de l’histoire, le déni des réalités, des élans de chauvisme et d’éthnocentrisme visant à renforcer le lien entre la France d’en bas et ses élites de demain, l’étudiant africain en général se sentira agacé.

Qu’il en montre des premiers signes et c’est
alors tout le corps enseignant uni, qui se penchera sur ce cas de rebellion caractérisé. Il sera sermoné à tout bout de champ, harcelé pendant les cours et quand il n’y aaur rien à redire sur son travail, c’est son accent qui suscitera la risée !!!

La France terre de tolérance, il n’y que Mendès pour croire à ces sottises ! Bref dans ce parcours du combattant, un descendant de nomades, enraciné dans sa culture et en même temps soucieux de s’ouvrir au monde, n’a que peut de chance de s’adapter.

C’est qui explique pourrait expliquer que Djibouti ne compte pratiquement pas de scientifique et encore moins de véritables techniciens. (… A suivre)