09/10/10 (B573) Lettre ouverte de M Farah Abdillahi Miguil à Monsieur Abdallah M. Abdallah, directeur de la publication du Journal « La République » (Lettre publiée à la demande de son auteur !!!)

Farah Abdillahi Miguil

à Monsieur Abdallah M. Abdallah
Directeur de publication du journal « La République »

Objet : mise au point

Monsieur,

Citoyen d’un pays où l’exil et la soumission semblent être les seuls espoirs pour le moment, syndicaliste d’un état où les conventions fondamentales de l’OIT ( Organisation Internationale du Travail) cherchent application, défenseur des droits humains sans appartenance politique, j’ai milité et je milite toujours au sein de plusieurs associations depuis ma vie estudiantine pour l’avènement d’une société civile indépendante et d’une démocratie véritable.

Par ailleurs en tant que citoyen je déteste les flagorneries et le nomadisme politique mais je chérie la liberté d’expression et la pluralité d’opinions. Et c’est pour cela que même si « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire » Voltaire.

Pour ma part, je crois que les partis politiques en dehors des clones que le pouvoir actuel nous impose, sont les acteurs de la démocratie et leurs capacités à faire des propositions traduisent souvent la bonne santé de la pluralité en vigueur dans un pays. Et en tant que citoyen, j’attends des hommes et des femmes politiques de mon pays du courage, de l’honnêteté, de l’intégrité et de la constance.

Venons-en maintenant à ce qui m’a contraint à vous écrire.

J’ai été choqué de voir un de mes articles (Djibouti : le règne du faux) reproduit intégralement dans le n°19 de votre journal du 07 octobre 2010 sans que vous ayez eu besoin de demander l’autorisation, de citer la source et le nom de l’auteur.

Et c’est la deuxième fois en quelques mois que vous publiez un de mes articles dans les mêmes conditions. La première fois je n’ai pas voulu réagir tout en espérant de votre part un sursaut d’honnêteté intellectuelle et d’éthique morale pour corriger la coquille. Malheureusement, vous avez décidé de récidiver.

Dans l’édito de ce numéro, vous avez écrit cette belle phrase : « Dans ce numéro vous remarquerez chers compatriotes que nous avons tenu à laisser la parole aux citoyens ». Je trouve que c’est une très bonne communication pour un parti politique mais est-ce que vous avez pris la peine de demander si ces citoyens étaient d’accord ou non qu’on publie leurs écrits dans votre journal ?

C’est non. Et ceci ressemble à une forme de piraterie de la propriété intellectuelle.

Mon souhait est que ceux qui proposent des alternatives à des systèmes hérités de l’époque coloniale où le déni du citoyen est la règle, doivent travailler à la consécration de l’individu et à la culture du respect des droits individuels notamment du droit d’auteur.

Puisque les choses sont ainsi et que l’environnement politique et sociétal de notre pays reste miner par des appartenances sans lendemain et sans foi et que votre journal est le journal d’un parti politique alors je demande à ce que mes articles ne soient pas publiés dans votre journal.

En espérant que cette mise au point participera au renforcement du respect des citoyens, je vous prie de croire, Monsieur, l’expression de mes salutations citoyennes.

Farah Abdillahi Miguil