10/10/10 (B573) FreeDjibouti -> Lettre ouverte à tous les partis politiques à Djibouti.

Par FreeDjibouti

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Aucun homme politique ne peut et ne doit point, pour des considérations ou ambitions personnelles, sacrifier la liberté des peuples et ôter aux générations futures leur droit de vivre dans un Etat de droit régit par des institutions démocratiques.

Ce qui est vrai pour l’homme politique est tout aussi vrai pour le parti dont il est dirigeant et/ou membre. Je suis d’avis qu’il est légitime et même honorable que tout Chef de parti politique entrevoit, de par le programme de gouvernement qu’il présente au peuple souverain, qu’il bénéficiera du mandat populaire pour accéder aux fonctions suprêmes de l’Etat. La réalité est qu’à Djibouti nous sommes dans une monarchie républicaine. Oui, Monsieur Ismaël Omar Guelleh, sans qu’il s’agisse de sa personne, est et je le réaffirme, l’incarnation du mal et de la destruction.

Les Chefs des partis politiques de l’Opposition aux aspirations démocratiques n’ont pas besoin d’études scientifiques pour s’en convaincre. En fait, si la dictature est un mal, Monsieur Guelleh en est l’incarnation, et si la monarchie républicaine est destruction, le peuple djiboutien opte pour la construction.

A Djibouti ou ailleurs, l’Opposition aux aspirations démocratiques est secouée par une crise, il s’agit d’une crise profonde qui tire sa source dans le rejet par les Représentants des partis d’être partie prenante des intérêts du peuple djiboutien.

Certes, une telle crise peut se comprendre parce qu’elle est le résultat de souffrances et de frustrations de toutes sortes. Les Chefs des partis politiques aux aspirations démocratiques sont désemparés et sans une stratégie claire de lutte susceptible de conduire à un Etat de droit et à la démocratisation des institutions qu’ils appellent, sans aucun doute, tous de leurs vœux, ils se distribuent les blâmes. Face à ce triste spectacle au sien de l’Opposition, le peuple djiboutien désabusé ne peut que contenir sa colère et sa révolte et je suis de ceux-là.

Mais en dépit de cette flagrante faillite de l’Opposition, nous savons que la colère est mauvaise conseillère et la révolte conduit à la tragédie. Aussi, chers frères et sœurs djiboutiens, demeurons-nous convaincus que l’Opposition a besoin de notre soutien, de nos suggestions pour renaître de cette douloureuse expérience et poursuivre la lutte.

Pour ce qui me concerne, je continuerais à apporter ma modeste contribution en continuant d’inviter l’Opposition à une unité d’action tout en ne nous privant pas de rappeler à la classe politique son devoir à l’endroit de la nation djiboutienne et des générations futures. La présente Lettre Ouverte à tous les Partis politiques à Djibouti et singulièrement à ceux de l’Opposition se situe dans ce contexte. J’essayerai ici d’ouvrir le débat sur la réalité politique djiboutienne sans fard ni désespoir tout en demeurant conscient du drame qui se joue à Djibouti.

Il y a une vingtaine d’années, qui aurait pu prédire que Djibouti connaîtrait une telle tragique mutation en passant de la dictature à la monarchie républicaine ?

Comment donc ne pas entrevoir la possibilité dans le demi-siècle qui s’ouvre devant nous que des générations de Djiboutiens vivraient dans un véritable royaume qui ne dira pas son nom. Une telle perspective, si terrifiante soit-elle, n’est hélas point une vue de l’esprit, ni une fiction mais une réalité.

Djibouti tel qu’il devrait être

Je voudrais ici emprunter cette formulation et/ou style à Corneille (poète dramatique français du 17ième siècle) qui peignait les hommes tels qu’ils devraient être, des hommes d’honneur et de courage prêts au sacrifice qu’exige la vie sans perdre leur générosité. Corneille peignait des êtres libres qui décident toujours de leur destin.

A Djibouti, quel que soit le lieu de notre naissance, la cour d’école et la vie communautaire dans les quartiers de Djibouti-ville nous avait permis de nous faire des amis qui venaient de différents coins du pays. A cela, s’étaient ajoutés les liens de mariage entre les fils et les filles de toutes les régions du pays, c’est dire que tout un chacun de nous avions des amis ou l’ami d’un ami issus du centre, du nord ou du sud du pays.

C’est une évolution naturelle dans un petit pays comme le nôtre. Nous avons eu depuis nos années de lycéen des amis de plusieurs régions de notre pays et plus tard dans notre vie professionnelle à Djibouti. Certaines de nos relations qui datent du lycée étaient si solides au point qu’après des années de séparation pour raison d’études, les retrouvailles nous ont permis de nous appeler par les sobriquets que nous nous sommes donnés comme camarades.

Nous avons continué tout le long de notre vie d’appeler “grand frère” les aînés de nos amis. La dictature qui joue sur le régionalisme et l’appartenance ethnique et/ou tribale n’a pas toujours réussi sur ce terrain et pour cause dans notre vie d’élève autant que professionnelle nous avons eu des amis qui non seulement ne sont pas de notre coin mais ne partageaient pas nos convictions politiques. Et bien, l’amitié qui nous liait n’a d’égale que la fraternité qu’on se témoignait. Certains de ces frères ne sont plus de notre monde, mais nous continuons de ressentir leur disparition comme une grande perte.

De notre vie professionnelle à Djibouti, je voudrais noter que nous avons eu la chance d’accompagner des Ministres lors des missions d’intérêts nationales à l’etranger. Ces Ministres appartenaient aux différentes régions du pays. De même, nous avons eu à travailler avec des collègues (hommes et femmes) dont le dévouement n’a d’égale que leur détermination à servir leur pays. Certains d’entre eux ont accédé à des fonctions ministérielles et ils le méritaient amplement indépendamment des régions du pays dont ils sont originaires. La plupart de ces hommes et femmes (Ministres et anciens collègues) n’adhéraient point à la dictature mais ils ont voulu servir leur pays et nous devons saluer leur patriotisme.

Certains des Ministres au côté desquels nous avons travaillé et appris autant d’ailleurs que la poignée de collègues dont nous avons fait mention plus loin, démontraient une si haute compétence et des qualités professionnelles éprouvées qui nous avaient confirmé ce que nous avions toujours pensé. Oui, j’ai vu le génie humain à travers ces hommes et femmes et sommes convaincu que Djibouti ne manque pas de génies capables de sortir ce pays de cet état de régression généralisée.

Djibouti tel qu’il est

Je voudrais cette fois-ci emprunter cette formulation et/ou style à Racine (poète dramatique français, contemporain de Corneille) qui peignait les hommes tels qu’ils sont avec leur cupidité, leur lâcheté, leur faiblesse. Racine peignait des hommes animés de passion destructrice en usant des actions simples et claires.

Djibouti, comme nous l’avons indiqué plus haut, ne souffre point de régression généralisée (sociale, économique et politique) par manque d’hommes et de femmes capables de relever le défi économique, de mise en place d’un Etat de droit et de promotion de la démocratie. En fait, il y a quelques années de cela, lorsque j’ai été informé de la promotion des collègues, dont je faisais mention, au rang de Ministres, ma première réaction fut la joie.

Oui, il s’agissait d’une juste récompense pour le dévouement et le professionnalisme de ces hauts fonctionnaires de grande qualité mais en l’espace de quelques minutes une profonde tristesse faisait place à la joie. Je savais que les efforts et l’abnégation de ces honorables hommes et femmes au service de leur pays ne produiront pas les résultats que le peuple est en droit d’attendre d’eux dans un pays où le dictateur n’a de compte à rendre à personne. L’exécutif, le législatif et le judiciaire sont la propriété personnelle du dictateur autant d’ailleurs que le Trésor Public.

A ce stade, il convient de noter que les Etats-Unis ne sont pas devenus la première puissance économique du monde à ce jour par qu’ils sont peuplés de génies, loin s’en faut. Les Etats-Unis renferment en pourcentage par rapport à leur population, le même nombre d’ignorants qu’on en trouve dans le pays ou dans le village le plus pauvre et le plus reculé de notre planète. Il faut venir vivre dans le pays pour se rendre à l’évidence que l’ignorance est la chose la mieux partagée dans le monde. Aux Etats-Unis, l’Etat de droit et la démocratie ont permis au nombre réduit de génies qui y vivent de tirer le pays vers l’excellence (recherche, innovation, invention, entreprenariat et nous en passons).

En Afrique par contre, les génies sont soit détruits par les dictateurs ou soit privés de toute expression pour le bien de leur peuple. Les dictateurs préfèrent s’entourer de leurs semblables, les ignorants que nous sommes, ce qui leur permet de précipiter les pays dans un gouffre dont la profondeur n’a d’égale leur étroitesse d’esprit et les limites de leur degré d’analyses et de vues.

La dictature djiboutienne est une illustration douloureuse d’un tel mal sous sa forme la plus destructrice et la plus cauchemardesque. Et bien, nous voici avec l’avènement de la monarchie républicaine, au paroxysme d’un mal que nous (toutes les forces vives et démocratiques du pays) sommes déterminées à confronter et à éradiquer. Il y va de la sauvegarde de la République et de l’existence même de la nation djiboutienne.

Aux Chefs et aux membres de l’Opposition aux aspirations démocratiques

Les Chefs et les membres de l’Opposition ont, à des degrés divers, payer un prix bien cher pour leurs aspirations et convictions démocratiques, nous sommes les premiers à leur signifier notre admiration et à leur réitérer notre soutien. Aucun prix n’est cher payé lorsqu’il s’agit de la liberté et des générations futures. Ceci dit et acquis, l’Opposition djiboutienne se doit de faire montre de sérieuses préoccupations quant à l’imminence et/ou réelles possibilités d’une seconde bien plus grave mutation dans la vie de la nation et en prendre l’exacte mesure.

Djibouti vient d’entrer dans une ère d’extinction de la République et son remplacement par une véritable monarchie. Il ne s’agit point là d’alignement de mots mais d’une réalité qu’il faut être plus qu’aveugle pour ne pas le voir et le sentir. Cher(e)s frères et sœurs de l’Opposition, chers démocrates de Djibouti, chers compatriotes, nous savons qu’aucun Djiboutien n’accepte ni n’imagine une telle perspective pour lui ou pour ses enfants mais à moins d’y mettre fin avant qu’il ne soit trop tard, nous n’aurons même pas le temps de pleurer.

N’oublions point que c’est au nom de la démocratie que de jeunes djiboutiens répondant à l’appel de leurs aînés pour défendre la République pour ce qu’elle renferme comme valeurs et idéal de liberté et de patriotisme ont consenti de payer le haut prix, le sacrifice suprême. Oui, ils ont donné leur vie pour que leurs frères et sœurs puissent jouir à jamais de la liberté dont ils ont été privés à fleur de l’âge. Peuple djiboutien, nation djiboutienne, démocrates de Djibouti, Chefs de l’Opposition leur message est clair, nous avons le devoir de l’honorer pour que non seulement leur mort ne soit pas vaine mais plus encore pour que nous ne condamnions pas les générations futures à vivre dans une monarchie d’un autre temps en plein 21ième siècle.

Il est aberrant de constater ces derniers temps que l’opposition djiboutienne perde son temps en se distinguant en grands et petits partis, en partis légalisés ou non-légalisés, et plus encore à jouer le jeu de Guelleh en ne se ménageant pas et ainsi se détourne de son objectif premier.

Entre temps la soi-disant majorité parlementaire UMP à l’Assemblée Nationale passe son temps à chanter “Vive le Roi Guelleh”. Les quelques démocrates que compte l’UMP sont terrorisés autant ceux qui l’y contemplent et doivent se résoudre tout comme au bon vieux temps à suivre les chanteurs à la gloire du Roi et à la destruction de la nation djiboutienne. Au temps colonial, les Djiboutiens qualifiaient un tel regroupement de “ béni oui-oui, d’Assemblée Mouton”.

Je me souviens qu’il y a quelques années en France, lors des émissions télévisées, un des commentateurs disait, parlant des partis politiques de la droite française, que “ La France a la droite la plus bête d’Europe ” selon certains partis frères d’Europe. Dont acte.

Toutefois, je ne partage pas une telle assertion. La vieille Europe renferme de grandes valeurs intellectuelles et cartésiennes et il suffit d’aller hors des frontières européennes pour se faire une bonne idée des autres démocraties occidentales en général ou celles qui y sont calquées.

Qu’à cela ne tienne, j’aimerais que l’on dise demain que Djibouti a l’Opposition la plus réfléchie et la plus visionnaire du continent.

Au RPP et à ses membres qui aspirent à la démocratie

Nous avons toujours pensé qu’au sein du RPP, il y avait et il y a toujours des démocrates. Le fait que d’anciens membres influents du RPP quittent le parti pour en créer un autre ou pour en adhérer un autre doit être, à notre avis, interprété comme un signe de leur désaccord avec la philosophie et les pratiques du parti.

Le RPP est un parti d’essence et d’obédience dictatoriales, c’est une réalité connue et vécue par tous les Djiboutiens. Nous imaginons bien le calvaire que vit tout membre aspirant à la démocratie au sein d’un tel parti.

D’aucuns nous diront, comment peut-on être démocrate et arriver à vivre le mal et la destruction RPP ? Et bien, la réponse est simple. De fait, avec recul, nous convenons que la démocratie n’a pas toujours été présentée sur le terrain sous ses bénéfiques jours mais sous une forme antagoniste, tout au moins pour ce qui est de la perception. Et bien, la réaction fut la défensive et le repli sur soi surtout pour des gens à qui nous devons tendre la main pour les aider à rejoindre leurs frères et sœurs déjà engagés dans la lutte et en rupture totale avec la dictature.

Le moment venu, nous sommes convaincus que les démocrates du RPP se rangeront du côté de l’idéal de démocratie et de liberté mais tout dépendra du programme de l’Opposition. Alors, nous pouvons emprunter et/ou nous inspirer de ce slogan de gauche :

Démocrates de Djibouti, Unissez-vous pour éradiquer à jamais la dictature du sol national, Unissez-vous pour mettre fin à la monarchie républicaine et à la monarchie naissante, Unissez-vous pour célébrer la démocratie, l’Etat de droit, l’idéal de liberté.

Programme d’action de l’Opposition pour un Etat de droit et des institutions démocratiques à Djibouti.

Les élections qui avaient conduit Djibouti à l’indépendance furent démocratiques, transparentes et reflétèrent la volonté du peuple. L’ironie est que ces élections avaient été organisées et supervisées par l’administration coloniale, en fait par la France.

Les Djiboutiens, à l’instar de tout peuple acquis à l’idéal républicain et de liberté, revendiquent des élections qui répondent aux critères qui en font la voix du peuple. La réalité est que pour parvenir à leur légitime et juste objectif, il leur faut mettre fin à la monarchie républicaine et à la monarchie naissante. Du coup, l’Opposition qui devrait être à la pointe de la lutte se doit de se doter d’un programme d’action conséquent. Dans ce contexte, je propose, avec toute l’humilité requise, de lui soumettre deux projets de document et/ou programme.

Le premier document sera une Déclaration commune de l’Opposition que j’intitule : “Déclaration politique et de politique pour un Etat de droit et de Démocratisation des institutions djiboutiennes ”. Ce document qui émane de partis politiques aux aspirations démocratiques devrait présenter à la nation, au peuple djiboutien, les grandes lignes de ce que l’Etat de droit et les Institutions démocratiques seront dans le Djibouti de demain.

Le second document qui devrait émaner en grande partie de chaque Parti politique sera un “Programme de Gouvernement pour un développement intégral et soutenable à Djibouti”. Il faudrait indiquer un certain nombre de thèmes que le Programme devra traiter pour que les Djiboutiens aillent aux urnes, une fois les conditions réunies, en citoyens informés.

Il ne nous fait aucun doute qu’à l’instar de bon nombre de Djiboutiens, les Partis politiques renferment en leur sein non seulement des têtes bien pensantes mais bien faites. Il nous semble très important d’éduquer le peuple sur l’Etat de droit et la démocratie avec ses contraintes, les droits et les devoirs, ce n’est qu’à ce prix que Djibouti peut demain jouer le rôle de modèle (période d’apprentissage oblige).

La liberté n’est pas libre, elle se mérite, car elle s’acquiert au prix de lourds sacrifices.

Continuer par ailleurs, pour ce qui concerne, de saisir les différentes couches sociales de la nation djiboutienne en restant totalement inclusifs. Il faudrait convaincre par la force de votre argumentation et non par une argumentation de force.

Je tiens pour vrai, qu’aucun corps de métier, qu’aucune fonction, qu’aucune couche ou classe sociale, qu’aucune région n’est en cause à Djibouti, mais la dictature et la monarchie républicaine, tel est le sens de la lutte et de ses fins.

Vive La République de Djibouti, pour que vivent l’Etat de droit et la démocratie.

Vive LA LIBERTE

Djiboutiennement

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