13/10/10 (B573) Nouvelles de Somalie – l’ex-président ghanéen Jerry Rawlings appelé à la rescousse pourra-t-il sauver la Somalie ? – Sommet de Syrte: Condamnation de la violence en Somalie – Sur les traces de l’autre Somalie (4 articles)

________________________ 4 – Brèves Santé

SOMALIE : LES HÔPITAUX DE MOGADISCIO MANQUENT DE MOYENS

Les hôpitaux de Mogadiscio, la capitale de Somalie, manquent de matériel et de moyens face à l’;augmentation du nombre de blessés due à la reprise des violences
ces dernières semaines.

« Les services de santé sont limités par un système de santé public faible, des infrastructures et un nombre de centres de santé insuffisant et par un manque de personnel médical formé », a dit mardi la Représentante de l’;Organisation mondiale de la santé en Somalie, Marthe Everard dans un communiqué de presse. « De plus, les services réguliers de santé sont encore plus désorganisés par la fréquence de violences armées », a-t-il ajouté.

Depuis le mois de janvier 2010, au moins 5.000 personnes ont été blessées par armes à feu à Mogadiscio, dont 20% d’;enfants, et plus d’;une centaine de personnes sont mortes. L’;OMS assiste deux hôpitaux et sept centres de santé de la capitale somalienne notamment pour rééquiper les salles d’;opérations, fournir les soins de
santé essentiels et former le personnel. L’;agence onusienne a besoin de 1,94 million de dollars pour continuer ce projet. « Avec ces fonds supplémentaires, l’;OMS en Somalie pourra garantir aux victimes de conflits des traitements adaptés », a précisé Marthe Everard.

La Somalie dénombre seulement 250 médecins qualifiés, 860 infirmières et 116 sages-femmes ce qui représente 0,11 agent de santé pour 1.000 personnes. Ce manque de personnel et de matériel médical limite la capacité des services de santé à faire face aux vagues de blessés lors de l’;irruption de combats armés.

Les maladies diarrhéiques menacent également la santé des Somaliens notamment des enfants, indique l’;OMS. En mars une flambée des cas de choléra a fait 79 morts dont 73 enfants.

__________________ 3 – Ouest Af News

Somalie : l’ex-président ghanéen Jerry Rawlings appelé à la rescousse pourra-t-il sauver la Somalie ?

L’ex président du Ghana Jerry Rawlings a été nommé par le président de la commission de l’Union africaine (U.A)Jean Ping comme haut représentant de l’UA en Somalie, dans l’espoir qu’il pourra aider à sortir de l’impasse ce pays de la corne de l’Afrique qui depuis plus d’une décennie et demie vit dans la tourmente et quasiment sans institutions.

La nomination de l’ex-chef d’Etat Ghanéen fait suite à une décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA sur « l’état de la paix et de la sécurité en Afrique », adoptée lors du sommet de Kampala qui s’était tenu du 25 au 27 juillet 2010 dans la capitale ougandaise, précise un communiqué de l’UA parvenu à Ouestafnews..

M. Rawlings aura comme mission de mener « un travail de plaidoyer visant à mobiliser davantage le continent et le reste de la communauté internationale pour qu’elle assume pleinement ses responsabilités et contribue plus activement à la quête de la paix, de la sécurité et de la réconciliation en Somalie », affirme l’UA qui a déjà déployé des troupes dans ce pays d’Afrique de l’Est, mais sans parvenir à y ramener la paix.

Le président Ghanéen John Atta Mills a salué cette nomination comme « étant un motif de fierté pour tout le peuple ghanéen », ajoutant que ce choix porté sur M. rawlings pour faciliter la paix dans « la zone de conflit, la plus délicate en Afrique, constitue une marque reconnaissance du courage et du statut qu’occupe l’ancien président dans le continent ».

L’ex-président ghanéen, a certes su placer son pays sur la voie démocratique, mais selon les analystes en prenant en charge le difficile dossier somalien il se lance dans une aventure hautement plus compliquée où les chances de succès restent minimes.

Volontariste à souhait, l’ex président ghanéen qui affirmait lors d’un colloque, tenu récemment à Abuja sur le cinquantenaire des indépendances, que « les Africains méritent beaucoup plus de leurs leaders et nous ne devons pas les laisser tomber », aura certainement avec la Somalie un cas pratique pour appliquer ses recettes.

Mais il reste que sa nomination intervient dans un contexte très difficile pour la mission et le gouvernement fédéral somalien marqué par une recrudescence des attaques perpétrées par les Shebab (mouvements islamistes armés) pour le prendre le contrôle de la capitale Mogadiscio. Pourtant, l’Union africaine est bien présente depuis des années en Somalie sans avoir réussi à y ramener la paix.

Cette présence de l’organisation continentale est surtout symbolisée mission de l’Union africaine (UA) en Somalie, généralement appelée Amisom (acronyme de l’anglais African Union Mission in Somalia, créée en janvier 2007 ), est une mission régionale de maintien de la paix menée par l’Union africaine avec l’aval de l’Organisation des Nations Unies (Onu).

Elle compte actuellement près quelque 5700 soldats, selon des chiffres disponibles sur l’encyclopédie en ligne Wikipedia.

L’Amisom été mise en place avec comme rôle de soutenir le gouvernement fédéral de transition, mettre en œuvre une stratégie de sécurité nationale, former les forces de sécurité somaliennes et contribuer à créer un environnement sûr pour la distribution de l’aide humanitaire. Plus de trois ans après, elle peine à atteindre cet objectif.

L’État somalien naît de la fusion des colonies italiennes (Somalia) au Sud et britannique au Nord (Somaliland) a acquis son indépendance en 1959, selon des recherches effectuées par Ouestafnews.

Depuis le premier 1969 date du premier coup d’Etat opéré par le colonel Mohamed Siad Barré, la Somalie vit une profonde instabilité politique et sociale. Depuis 1991 date de la destitution de Barré, le pays est sans administration centrale.

En 1993, l’opération américaine « Restore Hope » (rendre l’espoir) menée sous l’aval de l’Onu par le gouvernement de Bill Clinton dans le pays s’est soldée par un échec, près d’une vingtaine de soldats américains et des centaines de somaliens y ont perdu la vie.

Aujourd’hui le pays est dominé par un groupe islamiste appelée « les Shebab » favorable à l’instauration de la loi islamique (charia) qui s’oppose par les armes au gouvernement fédéral de transition dirigé par Sharif Cheikh Ahmed, soutenu par les forces de l’Amisom.

La force de frappe de ces derniers inquiète la communauté internationale. En plus des attaques très meurtrières sur le sol somalien, ils ont revendiqué un double attentat dans la capitale ougandaise Kampala qui a fait 74 morts en juillet 2010, une opération destinée à « punir » l’Ouganda qui a fourni prés de la moitié du contingent de l’Amisom.

Le président Ougandais Yowéri Museveni plus que jamais engagé dans le conflit s’est dit prêt à fournir 20.000 soldats supplémentaires que la communauté internationale juge nécessaire pour venir à bout des « Shebab » et ramener la paix en Somalie.

Le président Rawlings, un ancien militaire, a été président du Ghana d’abord en 1979 et ensuite entre 1981 et 1991. Il est reconnu à l’étranger pour avoir posé les jalons du progrès démocratique actuellement constaté au Ghana en limitant le nombre de mandats à deux et en acceptant de céder volontairement la présidence à l’issue de son dernier mandat.

__________________ 2 – Afrique en Ligne

Sommet de Syrte: Condamnation de la violence en Somalie

Les dirigeants arabes et africains ont exprimé dimanche à Syrte leur préoccupation face à la perpétuation des actes de violence en Somalie, les pertes en vie humaines et les dégâts qui en découlent, ainsi que des actes terroristes ciblant les civils. Dans la ‘Déclaration de Syrte’ publiée à l’issue du deuxième sommet arabo- africains, ils ont réaffirmé leur soutien au gouvernement fédéral somalien de transition, la souveraineté et la stabilité de la Somalie, soulignant leur détermination à œuvrer résolument pour la réconciliation nationale du pays.

Ils se sont félicité de la conclusion et de l’exécution de l’Accord signé le 15 mars 2010 à Addis-Abeba, en Ethiopie, entre le gouvernement de transition et le mouvement Ahl al Sunna wa Jamaa, sous l’égide de l’Union africaine (UA), de la Ligue arabe et des Nations unies, ainsi que l’accord avec la région de Puntland, le 1er avril 2010.

Ils ont magnifié le rôle accompli par la mission de l’UA en Somalie, soulignant la nécessité de renforcer les efforts pour le déploiement des forces de l’UA afin de contribuer au maintien de la paix et de la stabilité dans les pays.

Les dirigeants afro-arabes ont également mis l’accent sur l’importance du soutien à cette mission en Somalie et de l’initiative africaine lui permettant d’accroître ses effectifs, conformément à la résolution issue du sommet de l’UA à Kampala, en Ouganda, en juillet.

Le sommet arabo-africain a réitéré l’appel à la communauté internationale et au Conseil de sécurité pour s’acquitter de son rôle et mobiliser les ressources adéquates pour relever les défis entravant la planification de la nouvelle étape de déploiement des forces de la Mission de l’UA en Somalie.

__________________ 1 – Quotidiens Mutation

Afrique : Sur les traces de l’autre Somalie

Parfait Tabapsi

Le Monde diplomatique retrace l’histoire mouvementée du Somaliland qui fait office d’exception dans la Corne de l’Afrique.

Les 26 juin et 1er juillet dernier, des Somaliens étaient aux urnes. Pour élire leur président. Election qui aux dires mêmes des observateurs internationaux s’est déroulée sans heurt majeur, et qui a vu Ahmed Mohamed Silanyo du parti d’opposition Kulmiye vaincre avec 49 %, loin devant ses poursuivants qui se sont contentés respectivement de 33 et 17% des voix. Le scrutin a par ailleurs connu une participation de 88% des 1,09 millions d’inscrits.

Cette situation ne relève pas de la fiction. Bien au contraire. Depuis 1992 en effet et la chute du premier président Mohamed Siad Barre, les nouvelles qui viennent de la Somalie ne sont guère rassurantes. Même lorsqu’elles irriguent la fiction du romancier et essayiste Nurrudin Farrah que l’on dit nobélisable. Au passage, ce pays qui connut une double colonisation passe pour un territoire sans aucun ingrédient pouvant en faire un Etat. Et quand il arrive, comme c’est souvent le cas ces dernières années, que l’on parle de la Somalie, c’est pour pérorer sur les pirates qui enlèvent les étrangers aux larges d’un pays où le «Gouvernement fédéral de transition (Gft), en place depuis 2004 et reconnu internationalement, ne contrôle que quelques pâtés de maisons dans le centre ville de la capitale, Mogadiscio.»

Pour bien comprendre ce qui se passe dans cet Etat en faillite depuis près de 20 ans, il faut repartir sur les sentiers de sa naissance. L’article du chercheur français Gérard Prunier, spécialiste de la région des Grands lacs, paru dans Le Monde diplomatique en kiosque y aide. Et éclaire d’un jour nouveau une région où est en train d’être écrite à l’heure qu’il est l’une des plus belles pages politiques du continent noir de ces 20 dernières années.

Que s’y passe-t-il donc ? Originellement, le pays fut divisé par la colonisation qui offrit aux Italiens d’occuper l’actuel territoire de la Somalie et l’Angleterre qui prit la partie Nord dont le nom est Somaliland. Chacune ayant des objectifs particuliers et irréconciliables. Mais avec l’indépendance de 1960, l’unification allait avoir lieu, au grand dam de l’Oua qui avait fait de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation sa ligne opérationnelle. Sauf qu’il demeurait selon le chercheur un paradoxe : «deux territoires dont l’histoire avait scellé le divorce se retrouvaient dans le cadre d’un projet irrédentiste ambigu qui leur procurait un sentiment artificiel d’unité».

Conflit

Ce d’autant plus que le rêve d’une «Grande Somalie» hantait les nuits de M. Barre. Qui déclara la guerre à L’Ethiopie en 1977 dans l’optique de récupérer l’Ogaden avant de continuer avec Djibouti. La guerre se soldera par un échec cuisant avec pour conséquence le retour au bercail des Somalis d’Ethiopie que M. Barre décida d’installer dans le Nord et d’armer. «En 1981, le Nord se rebella, inaugurant une période de dix années de guerre civile» qui aboutit à la chute de la dictature qui sonna le glas de l’unicité du pays.

Depuis, le Somaliland, à l’abri des regards, a fait son chemin, «incorporant (au passage) ses anciens mécanismes claniques de gestion de conflit à la common law britannique pour aboutir à une forme de démocratie originale». Mais il continue d’être boudé par une communauté internationale qui «refuse de reconnaître cet îlot de paix et de démocratie» tout en continuant de «légitimer» une Somalie «qui n’a d’Etat que de nom». Pour les Etats arabes par exemple, il n’est pas question de séparer les deux entités qui unis sont un atout contre l’Ethiopie «corps étranger» chrétien «dans une région à dominance musulmane qui fait figure d’ennemi».

La récente actualité électorale changera-t-elle la donne ? Pas sûr tant les adversaires sont nombreux : «nostalgiques de la «Grande Somalie», islamistes radicaux, diplomates conservateurs», etc. Pour M. Prunier, la solution pourrait être d’imaginer «un statut intermédiaire pour ce territoire qui vit sans aide internationale depuis vingt ans».