09/11/10 (B577) Nouvelles de Somalie –  »Ces exécutions nous ont complètement retournés » – Hausse du recrutement d’enfants soldats en Somalie – Kenya : un organisateur communautaire est abattu – La Somalie promet à l’ONU de mettre fin à l’enrôlement des enfants dans les milices – L’Ouganda en état d’alerte après de nouvelles menaces des shebabs somaliens (5 articles)

____________________ 5 – Radio Nederland (Hollande)

Somalie :  »Ces exécutions nous ont complètement retournés »

 »Les forces de l’obscurité en Somalie procèdent régulièrement à des exécutions, elles flagellent, amputent ou commettent d’autres atrocités à l’encontre des civils dans les régions qu’elles contrôlent, afin de les terroriser et les soumettre à leur autorité ». Qu’on ne s’attende pas à ce que ces propos soient prononcés ouvertement dans les rues de Mogadiscio, mais on les entend souvent en privé.

Mary Young

L’exécution, la semaine dernière à Beledweyne (centre de la Somalie), de deux adolescentes par les islamistes shebab était la dernière d’une série d’exécutions connues ou ignorées de personnes accusées de différents crimes.

Les deux jeunes filles étaient accusées d’espionnage au profit du gouvernement somalien que les insurgés islamistes essaient de renverser en le combattant depuis trois ans.

Aveux sous la torture

En général, les victimes sont accusées d’espionnage, d’adultère ou de crimes parfois inexpliqués. Elles sont fusillées ou bien exécutées par décapitation ou lapidation – une forme de peine capitale désuète, horrible et cruelle.

Les accusés n’ont jamais la chance de consulter un avocat ou de suivre une procédure légale. Les aveux des suspects sont toujours l’unique preuve avancée contre eux. Selon des militants pour les droits de l’homme, qui ont souhaité conserver l’anonymat, les aveux leur sont arrachés sous la torture et un grand nombre de victimes attendent leur sort dans les prisons islamistes.

Si la douleur et l’agonie des condamnés ont peut-être pris fin avec leur mort, il reste des hordes de familles, d’amis, de parents, de voisins et de connaissances qui doivent vivre avec un énorme chagrin et un sentiment d’injustice inexpliquée.

 »Espionnage pour la CIA »

Mohamed (pseudonyme, par crainte de représailles) est un proche d’un jeune homme qui avait été accusé d’espionnage au profit de la CIA, l’Agence centrale de renseignement américaine. Ce dernier a été exécuté en public dans la ville de Marka, contrôlée par les islamistes, à la fin de l’année 2009.

 »C’était un jeune homme, qui n’a jamais su ce qu’était la CIA et ce qu’elle représentait. C’était tout simplement un garçon qui adorait écouter de la musique, mais ils se sont emparés de lui et l’ont tué », déclarait Mohamed au micro de Radio Nederland.

 »En tant que parents et amis de ceux qui ont été sommairement exécutés, nous vivons dans la douleur pratiquement tous les jours. Nous n’avons pas le sentiment que notre supplice est terminé. »

Forcés d’assister

Les habitants des régions contrôlées par les islamistes, c’est-à-dire une grande partie du sud et du centre de la Somalie, sont parfois incapables d’exprimer leurs opinions par crainte de sévères punitions.

Un grand nombre d’entre eux – surtout les femmes et les enfants – sont obligés d’assister aux exécutions, lapidations, flagellations ou amputations de victimes accusées de différents  »crimes » par les islamistes.

Règles draconiennes

 »La dernière fois, quand ils ont tué à tort les jeunes filles, ils ont informé la population qu’une punition publique allait se dérouler et nous pensions qu’il s’agirait d’une flagellation ou quelque chose de ce genre.

 »Mais nous avons été complètement retournés en voyant qu’on les tuait », dit un habitant de Beledweyne, qui a requis l’anonymat par crainte de châtiment.

Les sévères punitions infligées publiquement par les islamistes, qui clament leur allégeance à Al-Qaïda, sont censées faire naître la peur au sein de la population et obtenir l’obéissance absolue aux règles draconiennes qu’ils imposent.

____________________ 4 – Afrique Actu

Hausse du recrutement d’enfants soldats en Somalie

Jean-Pierre Ndongo

La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, a exprimé cette semaine sa préoccupation face à l’augmentation rapide du recrutement d’enfants soldats en Somalie et à la violence basée sur le genre, comme la pratique des mariages forcés, dans ce pays.

Le Gouvernement fédéral de transition somalien s’est engagé à faire en sorte que les forces sous son contrôle ne recrutent pas d’enfants, a expliqué Mme Coomaraswamy lors d’une conférence de presse, lundi au siège des Nations Unies à New York, au sujet de la visite qu’elle a effectué en Somalie la semaine dernière.

La Représentante spéciale a également reçu des assurances à ce sujet de toutes les parties qui forment les forces du Gouvernement fédéral de transition. Le Gouvernement fédéral de transition s’est aussi engagé à établir un point focal au bureau du Premier Ministre afin de travailler en coopération avec les Nations Unies et de mettre au point un plan d’action pour identifier et relâcher les enfants soldats.

Mme Coomaraswamy a salué ce « premier pas dans la bonne direction ». Les parties souhaitent, en effet, ne plus figurer sur la liste noire du Secrétaire général. Quant à l’Union africaine, elle va créer une unité spéciale de protection des enfants.

Lors de sa visite en Somalie, Mme Coomaraswamy a rencontré à Mogadiscio le nouveau Premier Ministre, Mohamed Abdullahi Mohamed. Elle a également rencontré le Président du Somaliland et le commandant de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Elle a aussi pu parler avec des organisations non gouvernementales et des réseaux de protection de l’enfance.

Évoquant sa rencontre avec des pirates dans une prison de Bossasso, dans le nord de la Somalie, la Représentante spéciale a fait remarquer que les « vieux » pirates, devenus riches, mettaient de jeunes pirates de 15 à 17 ans en première ligne pour des opérations dangereuses.

Par ailleurs, selon elle, la situation est épouvantable dans le camp de personnes déplacées de Bossasso. L’insécurité est un des principaux problèmes et les femmes et les fillettes redoutent la nuit à cause des violences que leur infligent les hommes. De plus, la moitié des enfants ne vont pas à l’école. S’agissant de l’éducation des filles en Somalie, elle a par ailleurs indiqué que celles-ci étaient soumises à des règles plus strictes et qu’il y avait moins d’écoles mixtes.

___________________ 3 – Métro (Canada)

Kenya: un organisateur communautaire est abattu

Trois hommes armés provenant de Somalie ont abattu au Kenya un organisateur communautaire qui venait en aide aux réfugiés somaliens.

Un porte-parole des Nations unies a indiqué qu’Ibrahim Mohamed a probablement été éliminé parce qu’il encourageait ces réfugiés à ne pas rentrer en Somalie.

Trois hommes armés auraient suivi M. Mohamed jusqu’à la frontière avec le Kenya avant de l’abattre en sol kenyan, avant de rentrer en Somalie.

Cette attaque est vraisemblablement l’oeuvre d’al Shahab, le groupe insurgé le plus redoutable de Somalie.

La semaine dernière, les Nations unies ont demandé aux autorités kenyanes de mettre fin au rapatriement forcé de réfugiés somaliens.

Un représentant du gouvernement kenyan a indiqué que la vaste majorité des quelque 10 000 personnes qui avaient trouvé refuge au camp de Mandera ont choisi de rentrer en Somalie de leur plein gré, une fois les combats qu’elles fuyaient terminés.

___________________ 2 – Centre Info ONU

La Somalie promet à l’ONU de mettre fin à l’enrôlement des enfants dans les milices

A l’issue d’une rencontre à Mogadiscio avec la Représentante spéciale de l’ONU pour les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, le Premier ministre somalien, Mohammed Abdullah Mohammed, a affirmé mercredi son engagement pour mettre un terme au recrutement et à l’utilisation des enfants dans les groupes armés.

« L’engagement du Premier ministre pour mettre un terme au recrutement des enfants soldats en Somalie est une première étape bienvenue », comme en témoigne son accord afin que les mesures destinées à empêcher le recrutement des enfants soient traitées au niveau du Gouvernement fédéral de transition, a déclaré Radhika Coomaraswamy.

Le Premier ministre a donné son accord pour désigner un point-focal qui l’informera directement de l’élaboration et la mise en œuvre, en partenariat avec l’ONU, d’un plan d’action afin lutter contre le recrutement d’enfants-soldats.

« Le gouvernement et notamment ses alliés militaires figurent sur la liste de ‘noms et de la honte’ du Secrétaire général de l’ONU pour le recrutement et l’utilisation d’enfants », a-t-elle ajouté en soulignant qu’elle espérait que l’engagement du Premier ministre permettrait éventuellement de retirer le gouvernement de cette liste.

La Représentante spéciale a rencontré les forces de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Elle a notamment déploré « n’avoir aucun accès aux milices Al Shabab ou Hizbul Islam qui sont listées par le Secrétaire général de l’ONU pour le recrutement d’enfants soldats. Mais nous espérons que ces groupes se conformeront au droit international humanitaire et à la libération de tous les enfants de leurs rangs ».

« Nous exhortons également les Etats d’utiliser leur influence pour garantir que toutes les parties en Somalie protègent les droits des garçons et des filles vulnérables », a-t-elle précisé.

Radhika Coomaraswamy a également visité le camp de déplacés de Bossaso et a rencontré les organisations humanitaires qui travaillent sur le terrain.

« En Somalie, les filles et les garçons sont sur de nombreux fronts comme ils l’ont été depuis 20 ans. La situation empire, le nombre d’enfants combattants augmente. Les acteurs ont peut être changé, les champs de batailles aussi mais c’est toujours les enfants qui souffrent », a-t-elle conclu.

______________________ 1 – RFI

L’Ouganda en état d’alerte après de nouvelles menaces des shebabs somaliens

La police est en état d’alerte au niveau de plusieurs districts d’Ouganda après la nouvelle menace d’attentat faite par les shebabs en Somalie à l’encontre de l’Ouganda mais aussi du Burundi.

Selon le porte-parole de la police ougandaise, Vincent Sekate, tous les commandants au niveau des districts ont reçu l’ordre d’être en état d’alerte.

Cette décision fait suite au discours jeudi 4 novembre à Mogadiscio d’un chef des milices islamistes shebabs qui a accusé les troupes ougandaises et burundaises de commettre un génocide et exiger leur retrait immédiat de la capitale somalienne.

Fuad Shangole a menacé ces deux pays de nouvelles attaques après des attentats à la bombe revendiqués par son mouvement qui ont fait 79 morts à Kampala le 11 juillet dernier dans des lieux qui retransmettaient la finale de la Coupe du monde de football.

Surenchère des autorités

Au moins 34 personnes, pour la plupart arrêtées dans des circonstances en marge des lois nationales ou internationales ont été inculpées à ce jour, dans le cadre de ces attentats. Elles sont somaliennes mais aussi de nationalité kenyane, pakistanaise et ougandaise.

Les autorités ougandaises ont réagi à cette nouvelle menace des milices al-Shabab par la surenchère, en demandant plus de soutien international et plus de militaires pour soutenir le gouvernement de transition en Somalie.