20/01/11 (B587) Lettre ouverte envoyée par M. Ali Abdillahi Iftin, candidat à l’élection présidentielle djiboutienne à M. Ismaël Omar Guelleh, candidat à un troisième mandat contesté.

Monsieur,

Je vous adresse cette lettre ouverte, non pas en tant que candidat aux futures elections présidentielles, mais comme simple djiboutien, soucieux de l’avenir de mon pays.

Les appels à la liberté et à la démocratie se multiplient chaque jour. La population de notre pays se fait de plus en plus pressante : tout laisse à penser qu’il est fort probable que ses aspirations légitimes pourraient bientot s’extérioriser d’une manière violente, si votre gouvernement n’y repond d’une façon logique.

Le sais, Monsieur, que vous avez remarque que le vent du changement souffle très fort du côté des populations opprimées ces derniers temps. Je vous affirme, dans le cas ou cela aurait échappé à votre analyse, que celui ci est annonciateur du crépuscule des dictatures barbares sur notre continent. Celui que vous aviez qualifié de votre mentor dans le pathétique magazine de Jeune Afrique vient justement d’en faire l’amer expérience.

Amère, bien sur pour lui et sa famille de pilleurs, mais oh combien salvatrice pour la Tunisie et son peuple . En tout état de cause, sachez que malgré les mensonges ehontés, l’inégalité, la misère planifiée et les manipulations d’un autre âge que votre régime a institué en mode de gouvernement, la République de Djibouti n’y echappera pas.

Pour tout observateur exterieur, il ne fait aucun doute que toutes les conditions d’ un réveil brutal et d’une réelle éruption populaire sont réunies, par votre fait. De plus, vous savez parfaitement que les seuils du tolérable et du supportable populaires ont eté largement dépassés, d’autant plus que le jusqu’au "boutisme" que vous affichez en vous imposant pour un troisième mandat présidentiel va trés certainement accèleré et radicalisé ce phénomène.

En effet, il vous sera difficile d’appréhender le mécanisme complexe de rejet qui a été engendré par le coup d’état contre la constitution que vous venez récèment de commettre. Un peuple comme le notre, qui a vraiment soif de democratie et qui aspire à pouvoir s’exprimer librement dans le respect de sa culture et de ses differentes, n’est pas près d’oublier qu’il n’a pas été consulté sur un sujet aussi important.

Une vraie caricature de dictature n’est ce pas ?

Mais nulle dictature au monde n’a vocation à durer. Le premier dictateur officiel, Jules César n’a-t-il pas été lui meme poignardé par (entre autre) son propre fils ?

Plus près de nous celle qu’avait institué Ale Bore, dans nos régions a subi les foudres de la population de cette époque menée par Ali Kalagueyeh. Vous rappellez vous que cet acte de rebellion a posé les bases de notre démocratie traditionnelle, qui jusqu’à ce jour permettent aux communautées de nos regions de maintenir un équilibre legal et social entre elles.

Vous avez foulé au pied l’ensemble de nos valeurs pour des raisons inexplicables mais qui sont strictement les votres . Toujours est il que les dignes fils et les héritiers de l’esprit de ce grand homme sont toujours présents dans le corne de l’Afrique . Peut-être l’histoire n’est qu’un eternel recommencement. Cela étant, je me permet de faire appel à l’esprit d’opportunisme qui vous caractérise si bien, pour faire adopter par votre assemblée nationale unicouleure, les mesures légales qui s’imposent pour mettre un terme au système de corruption et de répression brutale que vous avaz mis en place depuis mille neuf cent quatrevingt dix neuf .

Pour cela il serait approprié que vous cessiez de vous persuader que vous et vos obligés (meme pas dix pour cent de la population) avez bien gouverné notre pays.

Vous savez pertinement que la réalité des Djiboutiennes et des Djiboutiens n’est faite que d’injustice, de peur et de misère. En outre, de part votre mentalité de policier mal éclairé, porté essntiellement sur l’intimidation, vous êtes passé à coté de l’importance et du rôle d’une réelle opposition légale et independante dans un pays. En effet à force de cloner et de diviser les mouvements politiques qui s’opposaient à votre vision tyranique et à force de vouloir contrôler les ames et les esprits des personnes qui pensaient autrement que vous, vous avez reussi à réduire le libre arbitre des gens à néant.

Même ceux qui, comme nous, ont opté malgré eux pour l’exil sont suivis, surveillés et menacés dans les pays ou ils ont trouvé refuge.

Dans ces conditions croyez vous vraiment qu’il y aura un opposant sincère et censé, qui se donnerait la peine d’écouter une fois encore vos manipulations et vos mensonges étriqués ? Je pense que ces temps sont revolus et que l’initiative revient au peuple djiboutien qui, pour recouvrer ses droit bafoués, est appellé à s’exprimer à sa manière.

Si j’osais un conseil pour vous sortir de cette situation inextricable, en évitant les inevitables débordements, c’est de proposer dès maintenant un gouvernement d’union nationale composé non pas de vos habituels pilleurs de ressouces nationales mais de gens compétents sérieux et honnetes.

Leurs missions porteraient sur la lutte contre la corruption, la restauration des libertés fondamentales et la résorbtion de l’injustice sociale .

Pour finir, Monsieur, j’espère que l’experience tunisienne vous donnera matière à réflexion, surtout le cas particulier du sieur Ben Ali et de sa famille qui ont eté lâchés, très vite et sans état d’âme par leurs protecteurs européens ou autres. Elle vous permettra peut-être d’avoir cette vision d’homme d’Etat qui vous eviterait à vous et à votre cour d’affameurs du peuple, un certain nombre de désagrements.

Pour le pays, soyez rassuré , malgré la constance de votre politique de "après moi le déluge", le peuple djiboutien est assez mur pour assumer et gèrer au mieux les consequences néfastes de votre règne " nin kuu digey kuma diliin "

Ali Abdillahi Iftin