24/01/11 (B588) Un fonds de développement de 21,7 G$ est gangrené par la corruption (CP avec AP) (30 % des dons pour Djibouti ont été détournés, selon l’article – illustration Roger Picon)

De John Heilprin (CP)

GENÈVE — Un fonds de développement d’une valeur de 21,7 milliards US $, qui est appuyé par des célébrités et présenté comme étant une solution de rechange à la bureaucratie des Nations unies, voit certains de ses dons grevés jusqu’aux deux tiers par la corruption, a appris l’Associated Press.

La majeure partie de l’argent est comptabilisée avec des faux documents ou selon des méthodes comptables frauduleuses, signifiant que l’argent a été volé, affirment des enquêteurs pour le Fonds global de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria. Les médicaments sous ordonnance, quant à eux, finissent par être vendus sur le marché noir.

Le bureau d’enquête nouvellement renforcé du fonds, qui a découvert la corruption, ne peut rendre des comptes complets, puisqu’il n’a examiné qu’une petite fraction des 10 milliards $ dépensés par le fonds depuis sa création en 2002. Les niveaux de corruption des bourses offertes ayant été examinées jusqu’ici sont stupéfiants.

Soixante-sept pour cent de l’argent dépensé dans un programme de lutte contre la malaria en Mauritanie a été dépensé dans d’autres buts, ont annoncé les enquêteurs au conseil d’administration.

Même chose du côté du Mali, où 36 pour cent des sommes versées pour combattre la tuberculose et la malaria ont été détournés, ainsi que 30 pour cent des dons à Djibouti.

En Zambie, où des dépenses de 3,5 millions US $ ne sont pas documentées et où un comptable a volé 104 130 US $, le fonds a décidé que le ministère national de la Santé ne pouvait tout simplement pas gérer les dons et a mis les Nations unies en charge de leur administration.

Le fonds tente de récupérer 7 millions US $ en «coûts non-supportés et non-admissibles» auprès du ministère.

Le fonds cesse ou suspend les subventions aux nations où de la corruption est constatée, et demande à ce que des récipiendaires remboursent des millions de dollars en dépenses inconsidérées.

Jusqu’à maintenant, les États-Unis, l’Union européenne et d’autres donateurs importants ont promis de verser 21,7 milliards US $ au fonds, qui représente le principal effort financier pour combattre les trois maladies. Le fonds est d’ailleurs un enfant des puissances qui se réuniront cette semaine au sommet économique de Davos, en Suisse.

L’enquêteur principal du fonds, John Parsons, a indiqué que les donateurs pouvaient être assurés que le fonds était sérieux dans ses intentions de débusquer la corruption.

Certains donateurs sont ulcérés de constater ce qui ressort de l’enquête.

La Suède, le 11e plus important contributeur au fonds, a suspendu son don annuel de 85 millions US $ jusqu’à ce que les problèmes du fonds soient résolus.

Le bras investigateur du Congrès américain a également publié des rapports critiquant l’habilité du fonds à se surveiller lui-même et sa tendance à trop se baser sur les récipiendaires des dons pour évaluer eux-mêmes leur performance.