30/01/11 (B589) La “révolution du Caire” et la paix du monde (Le Bien public / Dijon)

par éric revel

L’Égypte va-t-elle, à son tour, basculer dans la révolution ? Après la Tunisie, toujours plongée dans l’instabilité, toute une région est en train de basculer de la dictature vers la “démocratie”. Heureux peuples qui pensent que leurs mouvements seront couronnés de succès glorieux et sans nuage ! L’utopie au pouvoir n’a jamais duré bien longtemps !

En Égypte, l’armée paraît fidèle à Moubarak. Elle détient la clef du maintien au pouvoir du “vieux raïs”. C’est d’ailleurs bien l’armée tunisienne qui a achevé de faire tomber le régime corrompu de Ben Ali.

Autre différence d’importance entre la “révolution du Caire” et la “révolution de Jasmin” : là où les islamistes se sont faits discrets à Tunis, les Frères musulmans – qui avaient assassiné Anouar el-Sadate en 1981 – donnent de la voix, au pays des pyramides.

Le risque est majeur. Comment la paix avec Israël pourrait résister à un embrasement islamiste de cette région ? Y a-t-il, tout simplement, un risque pour la paix du monde ? Le Yémen bouge à son tour. L’Algérie contiendra-t-elle longtemps l’amertume de sa jeunesse sacrifiée ? Que penser du petit royaume de Jordanie, lui aussi, en équilibre très instable ?

Nul doute que la situation égyptienne est suivie avec intérêt et grande inquiétude à Washington, Moscou, Paris et Tokyo. Moubarak doit-il enfin laisser la place après trente ans de pouvoir ? Mais laisser la place à qui ? Et pour quel régime ?

Le piège se referme sur l’Occident, coincé entre un soutien au passé et un futur que beaucoup redoutent.