08/02/11 (B590) Point de vue : Le régime IOG et le Peuple : 2 conceptions de la démocratie (par Abdillahi Abdi Ahmed Diplômé de l’Institut d’Études Politiques d’Ottawa)

Depuis les législatives de 2008, IOG est impopulaire et son régime en déclin. Si au tout début des années 2000, les jeunes et moins jeunes affichaient manifestement leur soutien au Président actuel, aujourd’hui, c’est loin d’être le cas.

Son souhait de briguer un troisième mandat inconstitutionnel a sans doute accéléré son impopularité, mais les vraies causes de la distance entre le peuple et son régime résident dans la définition que donne chacune des parties au concept de démocratie.

Pour le régime IOG, un régime démocratique doit reposer sur un système électoral peu compétitif et dont les règles ne doivent pas s’appliquer de la même façon à tous les partis. Dans le mode d’organisation de la gouverne du régime, un seul parti dominant, même au sein d’une union, doit contrôler l’État et l’utiliser pour rester au pouvoir.

Le Régime IOG considère la démocratie de façade actuelle où l’opposition est tolérée et peut se développer mais ses droits politiques et ses intérêts limités comme étant la démocratie la mieux adaptée au contexte de notre pays. Cette restriction du droit du Peuple d’appartenir à des entités politiques investies de tous leurs droits constitue pour le régime, un moyen de réduire sa vulnérabilité aux secousses, mais vise également à rendre les citoyens des atomes sans liens sociaux.

S’agissant de la constitution, les récents changements apportés à notre constitution, sans une réelle consultation populaire, démontrent que dans la Démocratie du régime IOG, il doit ne pas y avoir d’esprit constitutionnaliste. La constitution du pays doit être amenée à changer à tout moment pour réintroduire des éléments qui dépassent l’entendement.

Quant à l’idéologie, le régime IOG est convaincu que la meilleure des idéologies est celle qui exerce un pouvoir total sur la société et sur l’individu. Les médias libres et diversifiés ne sont pas encouragés et les sites web censurés dans le seul but de contrôler les idées, c’est-à-dire l’originalité et l’imprévisibilité des Djiboutiennes et Djiboutiens. Dans cette idéologie, la notion de devoirs et de responsabilités envers le régime est plus importante que les droits individuels. Seuls les citoyens adhérant à cette idéologie monopolistique ne reposant que sur un seul homme, le meilleur Candidat, le seul à pouvoir créer l’espoir d’un jour meilleur sont récompensés.

Face à ce totalitarisme qui réclame tout pour le Régime, rien contre le
Régime et rien hors du Régime, la démocratie que le Peuple revendique n’a jamais été ambiguë. Abdillahi Abdi Ahmed Diplômé de l’Institut d’Études Politiques d’Ottawa

Les Djiboutiennes et Djiboutiens demandent une démocratie dans laquelle l’autorité réside dans le peuple par le biais de représentants responsables et imputables. Une démocratie qui permet à l’opposition de faire partie intégrante du parlement et de mettre un frein aux débordements du gouvernement par des critiques et des solutions.

L’égalité politique formelle de tous les citoyens plutôt que la complaisance et le favoritisme politique négatif visant à fidéliser certaines catégories de la population reste également une caractéristique de la démocratie que demande le Peuple.

Le Peuple Djiboutien réclame aussi une démocratie avec un mode de scrutin plus juste et un système électoral compétitif dont les règles sont publiques et s’appliquent également à tous les partis.

Le Peuple croit aussi à un régime démocratique lui garantissant le droit à l’information. La RTD et la Nation ne doivent pas être des organisations médiatiques du régime IOG, mais plutôt des organisations nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie de notre pays.

Donc, elles doivent exercer avec indépendance leur mission de vulgariser les opinions alternatives des citoyennes et citoyens.

Enfin, comme la démocratie permet une société civile libre, active et qui demeure la résistance à l’envahissement de l’État. Le peuple Djiboutien est pour une démocratie qui ne détourne pas la société civile de sa mission de participer au projet de démocratisation de notre pays par des subventions partisanes.