12/02/11 (B591) Monde arabe : l’onde de choc au jour le jour. Challenges.fr proposait un point au 9/02. Depuis les choses ont évolué très rapidement, en particulier en Egypte … !

Le point sur les troubles dans le monde arabe: manifestation au Yémen, procès d’un opposant syrien, grogne des tribus bédouines en Jordanie, appel à la patience en Tunisie…

Le mouvement de contestation qui a entraîné la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier a provoqué une onde de choc dans plusieurs pays arabes où certains dirigeants sont en place depuis plus de vingt ans. Le point sur la situation mercredi 9 février.

Algérie : Un jeune homme, sans emploi, a tenté de s’immoler par le feu dimanche au cours d’une manifestation de chômeurs devant le ministère algérien du Travail. L’opposition a décidé samedi de maintenir sa marche prévue le 12 février à Alger, malgré les mesures de libéralisation annoncées par le président Abdelaziz Bouteflika, un mois après des émeutes contre la vie chère qui avaient fait cinq morts en Algérie.

Jordanie : La grogne a pris une nouvelle tournure avec des critiques directes et sans précédent contre la reine Rania accusée de « corruption » par de grandes tribus jordaniennes, piliers du régime. « Nous demandons au roi Abdallah d’ordonner la récupération par le Trésor des terres et de fermes enregistrées au nom de la famille Yassine (famille de la reine Rania) alors qu’elles sont la propriété du peuple jordanien », a indiqué un communiqué signé par 36 personnalités appartenant aux grandes tribus.

Ce texte brise un tabou dans un pays où les critiques visant la famille royale sont passibles de trois ans de prison.

Un responsable jordanien a nié mardi l’implication des services de sécurité dans la fermeture pendant plusieurs heures du principal site internet d’information en Jordanie, Ammonnews, comme l’affirmait son rédacteur en chef. Le site a été fermé lundi, après avoir publié une tribune signée par 36 personnalités, dénonçant la « corruption profonde » et la « crise du régime ». Son rédacteur en chef, Basel Okoor, a alors accusé les services de renseignement jordaniens.

Les agences de notation Moody’s et Standard and Poor’s s’inquiètent de la situation économique. Moody’s a révisé la perspective sur la note de la dette jordanienne en devises, actuellement à Ba2, de stable à négative en raison des pressions économiques et budgétaires sur ce pays. Moody’s a également abaissé la note sur la dette en monnaie locale de Baa3 à Ba2, pour l’aligner avec celle de la dette en devises, et l’a également assortie d’une perspective négative.

Standard and Poor’s a pour sa part affirmé sa note à long et court terme « BB/B » sur la dette en devises et abaissé celle sur la dette en monnaie locale de « BBB-/A-3 » à « BB+/B », en révisant également la perspective sur ces deux notes de stable à négative.

Koweït : Une manifestation anti-gouvernementale prévue mardi 8 février à Koweït a été reportée au 8 mars par ses organisateurs. Le groupe, baptisé « La Cinquième Muraille », avait appelé sur le site de micro-blogs Twitter les Koweïtiens à se rassembler devant le siège du Parlement pour réclamer la démission du gouvernement et dénoncer ses « pratiques non-démocratiques ». Mais il a ensuite annoncé sur Twitter avoir reporté son action après l’acceptation par l’émir Sabah al-Ahmad Al-Sabah dimanche de la démission du ministre de l’Intérieur Cheikh Jaber Khaled Al-Sabah, présentée après le décès d’un détenu sous la torture.

Monarchies du Golfe : Le Forum de la société civile du Golfe, qui regroupe des dizaines d’intellectuels libéraux, d’universitaires, d’écrivains et de militants des droits de l’Homme des six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a appelé mercredi les monarchies conservatrices de la région à promouvoir la démocratie et la liberté d’expression, à libérer les prisonniers politiques et à doter leurs pays de constitutions. Ces militants ont également mis en garde les autorités, notamment à Bahreïn, contre la répression de militants ayant prévu d’organiser des manifestations pacifiques et invité celles des Emirats arabes unis à libérer un activiste arrêté la semaine dernière.

Soudan : Le ministre de la région semi-autonome du Sud-Soudan chargé du développement rural et des coopératives, Jimmy Lemi Milla, et son garde du corps ont été tués par balles mercredi, apparemment dans un différend d’ordre privé, a indiqué un porte-parole de l’armée sudiste. Les Sud-Soudanais ont voté à 98,83% en faveur de l’indépendance, selon les résultats définitifs du référendum publiés lundi, une annonce saluée par la communauté internationale, ouvrant la voie à la naissance en juillet d’un nouvel Etat en Afrique. Des tensions politiques et les difficultés économiques ont opposé la police à des étudiants ces dernières semaines. Au moins 64 personnes ont été arrêtées, et un nombre indéterminé de personnes a été blessé. Le général Omar el-Béchir est au pouvoir depuis 1989.

Syrie : Le procès de l’opposant et écrivain syrien Ali Abdallah, accusé de « propagation d’informations fausses », s’est ouvert lundi devant le tribunal militaire de Damas, selon des organisations de défense des droits de l’Homme. Il est jugé pour des déclarations faites alors qu’il était en prison, concernant les relations syro-libanaises et les fraudes électorales commises selon lui par le gouvernement iranien en 2009, d’après une ONG.

Le Fonds national pour l’aide sociale, mis en place le mois dernier en Syrie, a commencé dimanche la distribution de prestations financières aux plus démunis.

Ce fonds d’un montant de 250 millions de dollars a été créé par le gouvernement pour venir en aide à quelque 420.000 familles. La distribution des fonds pour 2011 aura lieu entre le 13 février et le 19 mai dans quelque 170 centres, dans tout le pays. Ces aides alimentaires font partie d’un plan de lutte contre la sécheresse en Syrie, établi en 2009 par les Nations unies.

Tunisie : Le Sénat tunisien (Chambre des conseillers) a voté sur une loi permettant au président par intérim de gouverner par décrets-loi. En présentant ce texte, déjà adopté à l’Assemblée nationale lundi, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi, a demandé aux sénateurs de l’approuver « pour permettre au gouvernement de travailler » et exhorté la population à la patience. Cette loi doit permettre au président intérimaire, Foued Mebazaa, de prendre des décrets-lois concernant notamment l’amnistie générale, les textes internationaux relatifs aux droits de l’homme, l’organisation des partis politiques ainsi qu’une réforme du code électoral. Ridha Mallouli, un sénateur indépendant a profité de l’occasion pour interpeller le Premier ministre sur sa légitimé à la tête du gouvernement de transition.

L’eurodéputée écologiste Hélène Flautre, spécialiste des droits de l’Homme au Maghreb, a réclamé mercredi le remplacement de l’ambassadeur de l’Union européenne à Tunis, son bilan sous l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali ne pouvant faire de lui « l’homme de la transition démocratique ». Chef de la délégation de l’UE à Tunis depuis février 2008, le Néerlandais Adrianus Koetsenruijter « est l’homme qui a collaboré avec le régime de Ben Ali, qui n’a pas parlé des violations des droits de l’Homme », a-t-elle dénoncé.
Le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka, se dit prêt, dans un entretien avec l’AFP, à accroître substantiellement l’action de la BAD en faveur de la Tunisie post Ben Ali pour accompagner le pays dans sa mue démocratique.

Yémen : Un militant sudiste a été blessé et 12 ont été arrêtés mardi lors de la dispersion par la police d’une manifestation contre le pouvoir central à Aden, principale ville du Yémen du sud. Selon des témoins, des dizaines de personnes s’étaient rassemblées tard lundi soir dans le quartier de Mansoura, répétant des slogans hostiles au régime du président Ali Abdallah Saleh et à l’unité du pays. La contestation au Yémen ne constitue pas pour le moment une menace majeure pour le président Ali Abdallah Saleh, fort d’un soutien international et de son habilité à surmonter les crises, selon des analystes. L’opposition parlementaire a réclamé l’application des réformes promises par le président Saleh.