03/03/11 (B593) Nouvelles de Somalie – Au Kenya, le plus grand camp de réfugiés au monde est au bord de l’implosion – Le Kenya ferme ses frontières avec la Somalie – Offensive du gouvernement contre les insurgés en Somalie, au moins 115 morts – Six soldats du contingent burundais tués – L’ONU et ses partenaires africains adoptent une stratégie conjointe (5 articles)

____________________ 5 – RFI

Au Kenya, le plus grand camp de réfugiés au monde est au bord de l’implosion

Dans le nord est du Kenya, le camp de Dadaab accueille plus de 300 000 réfugiés somaliens et des centaines par jour continuent à affluer en raison de la guerre qui sévit en Somalie. Officiellement, la frontière entre le Kenya et la Somalie est fermée pour des raisons de sécurité, mais le flux ne cesse pas, et la situation humanitaire et sécuritaire devient extrêmement préoccupante : manque d’eau, de nourriture, de structures d’éducation ou de santé.

De notre envoyée spéciale à Dadaab
Stéphanie Braquehais/RFI

De longs morceaux de bois sont plantés dans la terre sableuse. Bintou, un foulard noué sur la tête pour tenter tant bien que mal de se protéger du soleil assassin de la mi-journée, creuse, le corps quasiment plié en deux. Depuis deux mois qu’elle est arrivée à Dagahaley, un des trois camps du grand complexe de Dadaab, elle vivait chez des membres de sa famille, mais maintenant, il lui faut construire toute seule sa propre hutte pour abriter ses deux enfants.

Dans ce camp spontané, ils sont huit mille à vivre dans des tentes de fortune qui s’éparpillent à l’infini, sans clôture, car officiellement, ils ne peuvent pas s’installer durablement ici. Son voisin, Mohamed Dahir est un vieux monsieur qui marche difficilement appuyé sur une canne, à cause de deux pieds bots vestiges d’une polio mal soignée. Il vit dans une seule tente avec deux cousines qui ont à elles deux quinze enfants.

La nuit, lorsque ceux-ci veulent se soulager, il doit les accompagner. « Nous sommes entourés de hyènes qui cherchent de l’eau et des carcasses d’animaux. On est obligé de les chasser avec des bâtons ou des machettes. A la tombée de la nuit, nous avons très peur ».

Près de 320 000 réfugiés vivent à Dadaab, qui initialement a été créé pour accueillir 90 000 personnes. Le Haut commissariat aux réfugiés a entamé depuis plusieurs mois la construction d’un nouveau camp, Ifo II, mais en janvier, les autorités kenyanes ont tout suspendu. Or, le montant des investissements, puits, bâtiments scolaires en dur, se monte à 13 millions de dollars selon le HCR et pour le moment, cette vaste terre est totalement vide. Le Kenya, soucieux de sa sécurité, est de plus en plus réticent à accueillir une masse de réfugiés qui vont se servir en bois et en eau, denrée rare dans cette zone aride, où la population locale se sent laissée pour compte, face à une machine humanitaire mise au service des réfugiés.

Les réfugiés attaqués sur la route

9000 Somaliens continuent chaque mois de déferler dans le nord est du Kenya, qui a officiellement fermé la frontière depuis que l’armée éthiopienne a chassé les tribunaux islamiques fin 2006. Le camp de transit de Liboi qui servait à accueillir les demandeurs d’asile a aussi été fermé dans la foulée, du coup, le trajet pour arriver à Dadaab, situé à 80 kilomètres de la frontière est devenu un parcours du combattant. « Nous avons été attaqués à deux reprises, raconte Bintou avec un débit saccadé, comme si elle tentait d’évacuer pour toujours un souvenir pénible. Une fois côté somalien, une fois côté kenyan. Des bandits armés nous ont absolument tout volé et nous ont battus, moi et les passagers ». Elle ne s’étend pas sur les sévices qu’elle a subis, mais elle garde encore à l’esprit un traumatisme très vif.

« Pendant plusieurs jours, je ne pouvais plus parler, j’étais comme morte. Les autres ont dû me calmer, je ne pouvais même plus m’occuper de mes enfants ».

Ce genre de témoignages n’est pas rare et déjà l’année dernière, l’organisation Human Rights Watch accusait dans un rapport la police kenyane elle-même d’exiger régulièrement de l’argent, de recourir à la violence et plusieurs fois de violer les femmes.

Insécurité dans le camp

A ces extorsions et sévices sur le trajet, s’ajoutent les incursions de différentes milices somaliennes, dont les shebab qui ont promis de frapper le sol kenyan en représailles à l’offensive militaire qui a débuté depuis une semaine sur plusieurs fronts, notamment à Mogadishu par les forces de l’Union Africaine. L’armée kenyane a mobilisé des unités d’artillerie près de Mandera pour éviter que le conflit ne déborde sur son territoire, tandis que l’armée éthiopienne tente de reprendre des positions dans la partie sud de la Somalie.

Cette insécurité est ressentie à l’intérieur même du camp. Mohamed -il ne veut pas dire son vrai nom- a échappé à un assassinat par un groupe d’hommes cagoulés chez lui à Mogadishu. Il est parvenu à s’échapper de justesse, après avoir récolté une balle dans la jambe qui n’a pas touché l’os. Il était accusé par les shebab de travailler pour le gouvernement. Il reste vague sur ses activités dans la capitale somalienne, mais il décrit en détail sa fuite. Après s’être fait soigner par des nomades avec qui il se cachait, il a marché pendant deux mois pour arriver ici. « Je sais qu’ils peuvent me retrouver n’importe où et ici, il est très facile de s’infiltrer, dit-il. Ils pourront me retrouver partout dans le monde, je sais que ma vie ne tient à pas grand chose ».

___________________ 4 – AuFait (Maroc)

Le Kenya ferme ses frontières avec la Somalie

Le Kenya a fermé toutes ses frontières avec la Somalie, suite aux menaces de « représailles » proférées par le groupe extrémiste somalien Al-Chabab, apprend-on mercredi de source policière.

« Les frontières entre les deux pays sont fermées et les agents de sécurité à travers le Kenya sont en état d’alerte, suite aux menaces d’attaques d’Al-Chabab », a déclaré le commissaire de la ville frontalière de Mandera, Benson Leparmoriga, appelant les Kenyans à faire preuve de vigilance et à signaler à la police tout suspect.

Mardi, le chef de la police, Mathew Iteere a indiqué que le gouvernement kenyan a pris toutes les précautions et les mesures de sécurité nécessaires pour faire face aux menaces d’attaques proférées par le groupe « Al-Chabab ».

« Les menaces adressées au Kenya par le groupe somalien Al-Chabab doivent être prises au sérieux, sachant qu’il adressé un avertissement similaire à l’Ouganda avant les attaques à la bombe de Kampala qui ont fait plus de 70 morts en juillet dernier », a déclaré Iteere à la presse.

___________________ 3 – Nouvel Obs avec AP

Offensive du gouvernement contre les insurgés en Somalie, au moins 115 morts

Au moins 115 personnes ont été tuées en Somalie au cours des derniers jours alors que le gouvernement a lancé une offensive coordonnée contre l’insurrection islamiste, selon des sources médicales et militaires.

Au moins 49 civils ont été tués et 157 blessés depuis le début de l’offensive gouvernementale mercredi, a indiqué dimanche Ali Muse, directeur du service d’ambulances de la capitale Mogadiscio.

De plus, au moins 60 militants islamistes ainsi que six soldats de la paix de l’Union africaine (UA) ont été tués, selon Biyereke Floribert, porte-parole des casques bleus du Burundi qui servent dans le pays sous mandat de l’UA.

L’insurrection islamiste tente depuis plus de trois ans de renverser le fragile gouvernement somalien, soutenu par les Nations unies, qui ne contrôle qu’une petite partie de Mogadiscio. Le gouvernement promet depuis longtemps de lancer une offensive de grande ampleur pour venir à bout de l’insurrection.

_______________________ 2 – Afrique en Ligne avec Pana

Somalie: Six soldats du contingent burundais tués

Six soldats burundais ont été tués et une douzaine d’autres blessés dans les combats qui opposent depuis dimanche les forces de la Mission africaine de maintien de la paix en Somalie (AMISOM) et aux insurgés islamistes d’Al Shabaab, opposés au pouvoir en place à Mogadiscio, annonce un communiqué officiel publié vendredi à Bujumbura.

‘L’AMISOM, en général et le Burundi, en particulier, déplorent provisoirement la mort de six militaires de la paix et douze blessés au cours des combats qui opposent depuis dimanche dernier les forces gouvernementales et les mouvements extrémistes Al-Qaïda et Al Shabaab’, indique le communiqué du ministère de la Force de défense nationale et des Anciens combattants.

Le Burundi et l’Ouganda sont les seuls pays à avoir dépêché depuis 2007 des troupes de maintien de la paix en Somalie, sous la bannière de l’Union africaine (UA).

Les troupes déployées dans le cadre de l’AMISOM ne totalisent pas encore 10.000 hommes, alors que l’UA en réclament au moins 15.000 pour venir à bout de jeunes islamistes d’Al Shabaab, opposés au pouvoir en place à Mogadiscio et à toute présence militaire étrangère.

Lors de cette énième attaque, les forces gouvernementales somaliennes, appuyées par l’AMISOM, auraient néanmoins pu récupérer deux positions stratégiques de Mogadiscio, dont l’ancien ministère de la Défense (Khashandigha) et l’ancienne Laiterie (Milk factory), indique le communiqué.

Les forces de maintien de la paix en Somalie sont souvent la cible d’attaques d’Al Shabaab et le contingent burundais déplore déjà la perte de 30 éléments dont l’ancien commandant en chef adjoint de l’AMISOM, le général Juvénal Niyoyunguruza.

La présence militaire du Burundi dans le bourbier somalien reste entourée de controverses dans l’opinion nationale, surtout pour n’avoir pas été autorisée par le Parlement burundais.

L’Etat burundais, de son côté, maintient qu’il faut surtout ‘rendre la pièce de la monnaie’ à la communauté internationale qui a porté assistance au pays au plus fort de sa guerre civile.

_______________________ 1 – Afrique en ligne avec Pana

Somalie: L’ONU et ses partenaires africains adoptent une stratégie conjointe

L’ONU et ses partenaires africains ont adopté une stratégie conjointe destinée à aider le gouvernement intérimaire somalien qui fait face à des troubles à gérer la période de transition. La stratégie régionale conjointe adoptée par le Bureau politique de l’ONU en Somalie (UNPOS), la mission africaine en somalie (AMISOM) et l’autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD), définit une approche commune aux questions politiques, de sécurité, humanitaires, institutionnelles et financières et par rapport aux défis auxquels fait face le processus de paix dans ce pays de la Corne de l’Afrique.

Un communiqué de l’ONU transmis à la PANA à New York, jeudi, a indiqué que l’accord sur la stratégie a été signé lors de la réunion de coordination mensuelle par Augustine Mahiga, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Somalie, Boubacar Diarra, l’envoyé de l’UA pour la Somalie et Kipruto arap Kirwa, le facilitateur de la paix de l’IGAD.

Il a indiqué que la stratégie sera utilisée comme outil pour développer la coopération et le partage d’informations entre les trois institutions, la communauté internationale et d’autres partenaires.

Il a rappelé que dans le cadre de la charte fédérale de transition, le mandat du gouvernement fédéral de transition (TFG) devrait expirer en août.

Cependant, en début de mois, le Parlement intérimaire a voté la prolongation du mandat de trois ans au-delà du mois d’août prévu pour l’adoption d’une nouvelle constitution qui doit précéder les élections générales.

Ce geste a suscité des critiques de la part de l’envoyé spécial en Somalie qui a indiqué que la décision avait été prise à la hâte et sans les consultations nécessaires sur la manière de mettre fin à la transition.

Le communiqué a souligné que les autres tâches qui devraient être achevées comprennent entre autres la réconciliation politique et la construction d’institutions civiles et de sécurité.

La Somalie qui n’a pas de gouvernement central depuis 1991, est déchirée par des décennies de conflit fractionnel.

Le pays fait également face à une crise humanitaire sérieuse au cours de laquelle 2,4 millions de personnes ont besoin d’assistance.