12/03/11 (B595) La voix au Chapitre : MALIINTA JIMCAAY (Par Aïnaché)


Retrouvez toutes les chroniques d’Ainaché : Lien

LA VOIX AU CHAPITRE PAR AÏNACHÉ
Le 11 mars 2011

MALIINTA JIMCAAY

Les arrestations se multiplient et nous en apprenons chaque jour de nouvelles.

La raison qui motive le pouvoir à procéder de la sorte est la crainte que les gens manifestent, malgré les interdictions.

Le pouvoir, par l’entremise du ministre de l’intérieur multiplie les communiqués des mises en garde et menace toute personne qui songerait à manifester même pacifiquement comme préconise les chefs des partis de l’opposition.

L’interdiction des réunions et des manifestations ne sont pas nouvelles en notre république et cela n’étonne que ceux qui découvrent le régime qui gouverne notre pays depuis l’Indépendance, le 27 juin 1977.

Par contre ce qui me scandalise, c’est la lettre du ministre de l’intérieur du 9 mars dernier, par laquelle il répond à la demande de l’opposition de manifester pacifiquement tous les vendredis de 14 heures à 18 heures.

En effet, le ministre se réfère à un décret-loi de 1935 : Là, les bras m’en tombent,

Le ministre a-t-il oublié que nous sommes indépendants depuis bientôt trente quatre ans (34 ans) et que nous nous sommes libérés de la tutelle du colonialisme et de ce genre de décret-loi fait sur mesure pour les sujets français comme on nous appelait jadis.

Pour ceux qui se souviennent de cette période que nous voulions révolue :

Il y avait : ‘’les citoyens français’’, pour une petite minorité de nos compatriotes et pour la grande majorité nous étions appelé avec dédain : ‘’des sujets français’’.

Le ministre a tort et il est maladroit de se référer aux décrets-lois coloniaux car ce genre de référence est une insulte à nos martyrs qui sont morts pour notre liberté, et humiliants pour notre identité Djiboutienne.

Depuis bientôt trente quatre ans, le ministre n’a pas pu trouver une loi ou une jurisprudence pour se référer au lieu de puiser dans l’arsenal répressif colonial ?

Ceci est une preuve supplémentaire pour ceux qui en douteraient encore, que notre parlement n’est qu’une chambre d’enregistrement et n’est jamais consulté pour des questions politiques ou sociétales.

La lettre nous renseigne également sur le côté peu respectueux du pouvoir en place, vis-à-vis de l’opposition, car le ministre répond aux chefs des partis la veille de la manifestation.

Ce qui est particulièrement scandaleux et discourtois.

La réponse à ce genre de demande doit être au minimum de quinze jours avant la date de la manifestation afin de permettre aux organisateurs de prendre les dispositions nécessaires pour informer leurs partisans et sympathisants de l’annulation ou des reports éventuels de leur manifestation.

Nous savons tous, que l’opposition n’a pas accès aux médias nationaux et ne possède pas non plus d’organe d’information pour informer la population sur les démarches à suivre.

La diaspora Djiboutienne fait de son mieux pour relayer l’opposition à travers les différents sites particulièrement actifs, mais rien ne peut remplacer les médias locaux pour toucher le plus grand nombre de nos concitoyens.

Les Djiboutiens de l’étranger ont ‘’eux’’ eu le droit de manifester un peu partout dans les grandes capitales où ils résident. La palme de la bravoure revient dans mon classement à nos compatriotes d’Ottawa qui ont bravé les intempéries particulièrement redoutable de l’hiver canadien. BRAVO A EUX.

Les uns et les autres projettent de continuer à manifester aussi longtemps que ce sera nécessaire. En tout cas tant que les Djiboutiens ne pourront pas librement manifester pacifiquement dans leur propre pays les vendredis comme ils le souhaitent.

Par contre, le pouvoir a multiplié (par les médias nationaux) les menaces et les avertissements à toute personne ou groupe qui se hasarderait à répondre à l’appel de l’opposition et à manifester les vendredis sur le territoire national.

En procédant de telle sorte, nous sommes amenés à nous demander si le pouvoir ne cherchait pas un prétexte pour réprimer la population en la poussant à la faute ?

Pour ce qui concerne les responsables politiques ou associatifs, il semble que le tenant du pouvoir n’a plus besoin de prendre de précaution car il les arrête sans mandat dans leurs logements et les emprisonne sans jugement.

Combien sont-ils emprisonnés aujourd’hui ou j’écris ces quelques lignes, car à n’en pas douter le nombre augmentera demain.

A toutes fins utiles, je me hasarde à proposer très modestement un slogan aux manifestants !

MALIINTA JIMCAAY – JAABUUTII LAJIRAAY –
GUUMEESIGA JIIFFIYAA JIILCIIYAY –
SIIDAD OOLAH JIDHAAY KII TAGUE –
KANJOGANAAH – JAANTA UUKO LAAB

Traduction rapide et raccourcie :
(Oh toi vendredi qui a toujours favorisé Djibouti –
Toi qui a terrassé le colonialisme et l’a affaibli–
Comme tu as renversé celui qui est parti –
Fait du même pour celui là aussi…..i)’’

AÏNACHÉ