20/03/11 (B596) Yémen Express – funérailles massives pour les « martyrs » du vendredi sanglant – le sit-in de Sanaa maintenu malgré la répression qui a fait 52 morts – Au Yémen, l’embrasement – le président proclame l’état d’urgence – Le Yémen reporte la réunion des donateurs de Riyad tandis que les manifestations s’amplifient – Au moins 84 blessés dans des affrontements au Yémen (6 articles)

______________________ 6 – Nouvel Obs

Yémen : funérailles massives pour les « martyrs » du vendredi sanglant

Le cortège, en l’honneur des 52 manifestants tués par des tirs attribués à des partisans du régime, s’est étiré sur plusieurs kilomètres à Sanaa.

Une foule massive était rassemblée, dimanche 20 mars, près de l’Université de Sanaa au Yemen pour les funérailles de certains des 52 manifestants tués par des tirs attribués à des partisans du régime vendredi lors de la journée la plus sanglante de la contestation du président Ali Abdallah Saleh.

La contestaion au Yémen tourne à la repression sanglante

Le cortège s’est étiré de l’Université, épicentre de la contestation, à un cimetière distant de quelques kilomètres dans ce qui est considéré comme la plus importante marche à Sanaa depuis le début des manifestations fin janvier.

L’ambiance était surchauffée par la colère des marcheurs représentant tous ceux qui contestent le président Saleh aux commandes du pays depuis 32 ans.

« Le sang des martyrs ne sera pas versé en vain », a crié la foule, en suivant la procession des cercueils portés sur les épaules.

« C’est le président qui a donné l’ordre de tirer », a affirmé l’un des manifestants du nom d’Ahmed, qui dit ne pas croire à la version officielle selon laquelle les tirs n’étaient pas le fait des forces de l’ordre.

Jour de deuil

Le président Saleh avait regretté la mort des manifestants et décrété un jour de deuil pour les funérailles, sans calmer le ressentiment des opposants qui pensent que le pouvoir a tenté, par une intervention musclée, de mettre fin au sit-in permanent place de l’Université.

Les funérailles ont rassemblés les opposants et les indépendants parmi les députés et les représentants de différentes associations et partis politiques.

« Les responsables de chaque goutte de sang versé doivent en répondre », a déclaré en marge du rassemblement Ali Abed Rabbo Qadhi, chef du bloc des députés indépendants au Parlement.

Le cortège s’est ébranlé de la place de l’Université après la prière d’usage pendant laquelle un photographe de l’AFP a pu compter 28 dépouilles qui ont été emmenées de l’Hôpital proche des sciences et de la technologie.

Le vendredi sanglant continue de provoquer des défections de responsables.

« Le massacre cruel »

Un troisième ministre yéménite a démissionné pour protester contre la répression exercée contre les opposants.

Dans un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche, la ministre des droits de l’Homme, Houda al-Baan, a expliqué avoir pris la décision de quitter le gouvernement et le parti du Congrès populaire général du président Ali Abdallah pour protester contre « le massacre cruel » qui a visé les manifestants de la place de l’Université de Sanaa réclamant le départ du chef de l’Etat.

Le sous-secrétaire du même ministère, Ali Taysir, a pris la même décision.

Les manifestants ont accusé des partisans du président d’avoir tiré délibérément sur eux, faisant 52 morts et 126 blessés.

Retrait des forces demandé

Par ailleurs, les religieux yéménites ont appelé les membres des forces de l’ordre à ne pas obéir aux ordres lorsqu’il s’agit de tirer sur les manifestants et rendu le président Saleh responsable du « massacre » du vendredi.

Dans un communiqué reçu dimanche par l’AFP, ces religieux ont également appelé à retirer les troupes de la garde républicaine, corps d’élite de l’armée, de Sanaa et au démantèlement du corps de la sûreté publique, la police politique du régime.

Le président Saleh, qui a dit regretter les tirs de vendredi et assuré qu’ils n’étaient pas du fait des forces de l’ordre, a décidé de faire de dimanche une journée de deuil national, s’attirant tout de suite les sarcasmes des manifestants de l’Universiré de Sanaa.

« Après s’être sali les mains du sang des martyrs (…) Il a fait couler des larmes de crocodile en déclarant une journée de deuil national », s’est indignée la coordination des manifestants dans un communiqué.

« Le spectacle des morts »

Sur le lieu du sit-in, les manifestants se préparaient dans le calme à enterrer leurs morts disant, selon un correspondant de l’AFP, vouloir organiser à cette occasion une autre « journée de colère contre le régime ».

La journée de vendredi qui a été la plus sanglante depuis le début de la contestation du régime a continué de susciter les réactions indignées à travers le pays.

L’union des écrivains a crié son indignation pour « le spectacle des morts » et en a rejeté la responsabilité sur les régimes tout en appelant les Yéménites à s’unir face à un « pouvoir qui a perdu toute légitimité ».

La même tonalité se retrouve dans un communiqué du patronat yéménite qui n’a que rarement pris ouvertement position sur les affaires publiques.

L’union des chambres de commerce et de l’industrie a dénoncé au passage le climat de « corruption et de népotisme qui ne favorise pas les affaires ».

______________________ 5 – AFP

Yémen: le sit-in de Sanaa maintenu malgré la répression qui a fait 52 morts

De Jamal AL-JABIRI

Les manifestants de l’Université à Sanaa se disaient samedi plus que jamais déterminés à maintenir leur sit-in en dépit de la répression sanglante de leur mouvement qui a fait 52 morts vendredi.

« Nous ne lâcherons pas jusqu’à la chute du boucher », le président Ali Abdallah Saleh, ont scandé les manifestants qui ont reçu le renfort de milliers d’enseignants et d’enseignantes de la capitale, venus les rejoindre.

« Nous ne quitterons la place qu’après le départ de Saleh et de ses fils », qui tiennent et dirigeant l’essentiel de l’appareil de sécurité du régime, ont aussi crié les manifestants.

Les tirs attribués par les manifestants aux partisans du régime ont fait 52 morts ce qui fait de la journée de vendredi la plus sanglante depuis le début de la contestation du président Saleh, fin janvier.

« Le bilan s’élève maintenant à 52 morts et 126 blessés, après le décès de plusieurs personnes atteintes par balles », a indiqué un des médecins de l’hôpital de fortune installé près du lieu du sit-in.

Le dernier bilan de ces tirs, les plus meurtriers depuis le début de la contestation du régime fin janvier, communiqué vendredi soir de sources médicales, faisait état de 46 tués et de dizaines de blessés.

Des renforts de police ont été déployés sur place samedi.

Le président Saleh a regretté vendredi ces morts mais annoncé l’instauration de l’état d’urgence dans le pays et demandé que les manifestants évacuent la place de l’Université, au centre de Sanaa, symbole de leur mobilisation.

Peu après, le président américain Barack Obama l’a exhorté à autoriser le déroulement des manifestations. « Je condamne fermement les violences qui se sont produites aujourd’hui au Yémen », a déclaré M. Obama dans un communiqué, et il a appelé « le président Saleh à tenir sa promesse d’autoriser les manifestations à se dérouler pacifiquement ».

Les Etats-Unis considèrent M. Saleh comme un allié dans la guerre contre Al-Qaïda qui est largement implanté dans le sud-ouest de ce pays pauvre où l’Etat contrôle mal les zones tribales.

L’opposition qui exige le départ de M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a qualifié les incidents de « massacre », un thème qui a été largement repris samedi par les orateurs qui s’adressaient d’une tribune aux manifestants.

« De quel droit le boucher et terroriste Ali Abdallah Saleh se permet-il d’instaurer l’état d’urgence alors qu’il est devenu une personne recherchée pour avoir commis un massacre contre le peuple », a clamé l’un des orateurs.

L’état d’urgence donne en théorie aux forces de l’ordre la latitude de réprimer les manifestations et aux autorités le pouvoir de restreindre les libertés publiques pour imposer l’ordre.

Les manifestants ont indiqué avoir pris la décision de « ne pas enterrer les martyrs du vendredi sanglants jusqu’à la chute du régime ».

A Aden, ville du sud à la pointe de la contestation du régime, quatre personnes ont été blessées, dont l’une par balle, lorsque des policiers et des soldats ont tiré samedi sur des manifestants tenant une barricade dans le quartier de Moalla à Aden, ont rapporté des témoins.

Les forces de l’ordre cherchaient apparemment à démanteler la barricade en place depuis deux semaines mais n’ont pas réussi à le faire, selon ces témoins.

L’un des manifestants a été touché par balle et les trois autres par des tirs de grenades lacrymogènes, selon ces mêmes témoins qui indiquent que des manifestants se sont ensuite dirigés vers un poste de police avec l’intention de le brûler.


_____________________ 4 – DNA

Au Yémen, l’embrasement

EMBRASEMENT AU YÉMEN

Les violences les plus meurtrières au Yémen depuis le début de la contestation ont fait au moins 41 morts hier à Sanaa. Le président Ali Abdallah Saleh a annoncé l’instauration de l’état d’urgence et demandé que les manifestants évacuent la place de l’Université, au centre de Sanaa, symbole de leur mobilisation.

Des partisans du président auraient tiré sur la foule depuis les toits d’habitations proches de la place de l’Université ; il y aurait plus de 200 blessés. (…)

________________ 3 – Romandie News avec AFP

le président proclame l’état d’urgence

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a décrété vendredi l’état d’urgence, après la mort de plus de 41 personnes tuées par des tirs contre des manifestants opposés au régime à Sanaa.

« Le conseil de la défense nationale proclame l’état d’urgence dans le pays », a annoncé M. Saleh, qui préside cette instance, aux journalistes.

Cette mesure intervient après des tirs de partisans du régime contre une manifestation à Sanaa réclamant le départ de M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

Plus de 41 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées, selon des sources médicales. Vendredi a été la journée la plus sanglante depuis le début fin janvier de la contestation contre le président Saleh

________________ 2 – Le Quotidien du Peuple avec XINHUA

Le Yémen reporte la réunion des donateurs de Riyad tandis que les manifestations s’amplifient

Le gouvernement yéménite a proposé mercredi de reporter une conférence ministérielle prévue avec un groupe de pays donateurs, connus sous le nom de forum des « Amis du Yémen », réunion qui devait avoir lieu en fin de ce mois-ci à Riyad, a rapporté l’agence de presse officielle Saba.

« Le Yémen a proposé de reporter la réunion prochaine du groupe afin de faciliter sa coordination et sa préparation, et il annoncera une nouvelle date sous peu », rapporte Saba.

Cette proposition a été présentée par le ministre yéménite des Affaires étrangères Abou Bakr al-Qirbi lors d’une rencontre avec les ambassadeurs de Chine, de Russie, des États-Unis, de l’ Union européenne, ainsi que le représentant au Yémen du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

La réunion envisagée doit faire suite à la Conférence de Londres qui s’est tenue en janvier 2010, et au cours de laquelle a été créé ce forum visant à aider au maintien de la stabilité au Yémen et à soutenir son gouvernement dans la lutte contre la recrudescence du mouvement Al-Qaïda dans la péninsule Arabique ( Aqap).

Le Yémen est le théâtre depuis la mi-février de manifestations, en pleine escalade, réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh au pouvoir depuis 33 ans.

M. Saleh a promis auparavant qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat et ne transmettrait pas le pouvoir à son fils, s’engageant à préparer un transfert du pouvoir au Parlement d’ici la fin de l’année, et appelant l’opposition à revenir au dialogue.

________________________ 1 – L’Express avec Reuters

18/03 Au moins 84 blessés dans des affrontements au Yémen

Mohamed Ghobari, Henri-Pierre André et Bertrand Boucey
pour le service français

Les forces de sécurité yéménites ont tiré à balles réelles et utilisé des grenades lacrymogènes jeudi contre des manifestants exigeant le départ du président Ali Abdallah Saleh, faisant au moins 84 blessés, rapportent des opposants.

Des manifestants ont fait état de 80 blessés à Taïz, dans le sud du Yémen, tandis que quatre autres personnes ont été touchées à Sanaa, la capitale, lorsque la police a ouvert le feu et lancé des grenades lacrymogènes.

Mercredi, 150 personnes ont déjà été blessées à Houdaïda, sur la mer Rouge, lors d’une intervention similaire des forces de sécurité contre un rassemblement anti-Saleh.

Le président yéménite, au pouvoir depuis 32 ans, est confronté depuis des semaines à un mouvement de contestation inspiré des soulèvements populaires tunisien et égyptien.

Opposants et partisans du chef de l’Etat organisent régulièrement des rassemblements distincts et semblent recourir de plus en plus fréquemment à la violence.

Des opposants assurent toutefois que les dernières manifestations hostiles au pouvoir en place n’ont donné lieu à aucun débordement de la part des protestataires.

Les Etats-Unis soutiennent Ali Abdallah Saleh dans sa lutte contre la présence sur le sol yéménite de la branche d’Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).

L’administration américaine a cependant condamné les violences entre partisans et adversaires du président yéménite et elle a défendu le droit à manifester pacifiquement. Elle insiste en outre sur la nécessité d’un dialogue politique pour résoudre la crise actuelle.

D’après un site internet gouvernemental, trois rebelles soupçonnés de liens avec Al Qaïda ont été tués jeudi dans une attaque contre un barrage de militaires dans la province de Marib.