18/04/11 (B600) Dans le cadre de l’harmonisation des actions en Europe de l’ARD, Cassim Ahmed Dini, conseiller politique du Président Ahmed Youssouf Houmed, a adressé un courrier au Président du MRD, suite à des propos qui auraient été attribuées à Maki Houmed Gaba par "La Voix de Djibouti". Ce message est suivi de la copie de la lettre.

__________________________ Présentation.

Cher ami,

Dans sa dernière édition, LDV a prêté à notre Représentant en Europe des propos qui ne pourraient en aucun cas être les siens.

Le soutenant par principe, sauf preuve contraire de votre part, je vous prie de bien vouloir demander à votre radio de diffuser un rectificatif.

En effet, l’ARD ne peut pas apporter son soutien à la lutte armée.

Quant à la lettre que je vous adresse ci-joint, elle sera publiée sur notre site et, je l’espère, sur le vôtre, aux fins d’harmoniser nos actions dans le cadre strictement pacifique de l’UAD.

Avec toutes mes amitiés.

Cassim Ahmed Dini

_____________________________ Copie de la lettre

Monsieur le Président et cher ami,

Des événements de la plus haute gravité se déroulent actuellement en Ethiopie, qui nous concernent directement. Au prétexte d’instaurer une paix juste et durable en Issa et Afar, les autorités fédérales proposent au derniers de céder aux premiers une partie de leurs terres ancestrales, l’axe routier et les berges du fleuve Awash sur plusieurs centaines de kilomètres, aux fins de mise en valeur.

Vous savez pertinemment que, par définition, le mode de vie pastoral ne produit aucune tradition agricole : il s’agit tout simplement d’une confiscation de terres fertiles pour les mettre à la disposition des colossaux moyens financiers dérivés de toutes les richesses dont le Peuple djiboutien a été dépossédé.

Pourquoi je vous entretiens de tout cela ?

Parce que le bras armé de cette annexion territoriale, ce sont des éléments de l’Armée Nationale Djiboutienne (AND) et des milices entrainés, armés et financés par la dictature djiboutienne. Pour vous dire que, comme en Israël l’occupation des territoires palestiniens relève non plus de la seule idéologie sioniste mais davantage de la spéculation immobilière, ce qui se passe en Ethiopie renvoie plus à une logique d’Etat(s) qu’aux traditionnelles luttes pastorales pour l’accès aux points d’eau et aux pâturages.

L’implication du régime djiboutien dans ce conflit est un secret de Polichinelle et nous ne devons pas ignorer la dimension régionale du combat que nous menons: il existe une relation dialectique entre l’apartheid djiboutien (au sens de ségrégation basée sur l’origine ethnique ou tribale) et les différents conflits intercommunautaires chez nos voisins du Sud et de l’Ouest.

Or, quand l’AND et les milices djiboutiennes projettent d’attaquer un campement Afar, en Ethiopie bien sûr, les notables Issa de cette région sont sollicités pour conclure un semblant de paix avec la tribu Afar voisine. Stratégie de division aussi rudimentaire qu’efficace : le narcissisme des petites différences, pour parler comme Freud, par lequel on trouve toujours une raison d’en vouloir au proche, est la première démarche d’un suicide collectif.

Mais quel rapport entre l’ARD et le MRD, me direz-vous encore.

Peut-être aucun directement, mais j’ai depuis quelque temps la fâcheuse impression que certains jouent aux pleureuses professionnelles en jurant être victimes d’une partie de l’ARD et ceci pour mieux affaiblir toute l’ARD. Votre Organisation n’est pas concernée par cette puérile tentative de division et vous m’en voyez ravi. Toutefois, ce qui va sans dire allant encore mieux en le disant (Talleyrand), permettez-moi,

Monsieur le Président et cher ami, d’être tout à fait explicite.

Dans son édition du jeudi 14 avril 2011, votre radio La Voix de Djibouti (LVD) prétend en somali que, selon notre Représentant en Europe, l’ARD apporte son soutien à la lutte armée. Déjà, oser dire que FRUD-armé-exilé-clandestin (qui, au passage, m’accuse d’avoir livré des noms au SDS) incarne cette option militaire relève de la forfaiture la plus inadmissible.

Associer le nom de l’ARD à une telle malhonnêteté constitue de la part de votre radio une contradiction absolue avec, non seulement la réalité djiboutienne observable sur le terrain, mais aussi la charte qui lie nos deux parties (et l’UDJ) dans le cadre de l’Union pour l’Alternance Démocratique (UAD) résolument attachée à l’action pacifique.

Même si, comme l’a justement rappelé Adan Mohamed Abdou, notre parti n’interdit à personne de prendre les armes pour résister contre ce régime sanguinaire, encore faut-il que ce soit pour de vrai et non en se limitant à justifier la condamnation de certaines régions à l’abandon et au sous-développement ainsi que leurs habitants à l’embargo et aux exactions ; le temps, peut-être, d’être convoqué par la dictature pour un accord de paix!

Incarnant, comme votre parti officiellement, les aspirations de nombre de nos concitoyens à un changement pacifique, l’ARD vous prie instamment d’inviter votre radio LVD à ne plus associer son nom à une telle fumisterie d’un FRUD-armé-exilé-clandestin dont la fréquentation, soit dit en passant, n’est peut-être pas tout à fait étrangère à la délégalisation du MRD.

Loin de contribuer au renforcement de notre lutte, le seul bénéficiaire d’un tel amalgame est pour le moment notre ennemi commun : la dictature qui asservit notre Peuple.

Monsieur le Président et cher ami, je vous saurai enfin gré de bien nous proposer, à Mahdi Ibrahim et moi, une date à votre convenance afin que, dans le respect de la charte de l’UAD à laquelle nous appartenons tous, un cadre de travail harmonieux soit clairement défini à l’étranger, étant bien évident que les cadres et militants de votre parti, injustement emprisonnés et torturés, comptent sur la cohésion de nos actions unitaires et nullement, pour le moment tout au moins, sur une quelconque lutte armée.

Au demeurant, l’engagement de toutes les composantes de la communauté nationale dans cette option ultime y confèrerait ce qui lui manque actuellement : crédibilité et efficacité.

Avec mes salutations militantes et amicales

Cassim Ahmed Dini
Conseiller politique du Président de l’ARD,
membre du Comité Exécutif