10/05/11 (B603) Présence indécente d’un ministre de la République française aux côtés d’Omar El-Béchir à Djibouti (Communiqué conjoint)
Amnesty International France, la Fédération internationale des droits de lHomme (FIDH), Human Rights Watch, la Ligue française des droits de lHomme (LDH) et la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH) sindignent de la présence du ministre français chargé de la coopération, Henri de Raincourt, aux côtés d’Omar el Béchir à l’investiture du président djiboutien le 8 mai dernier.
« La France, dont la présence et linfluence à Djibouti sont considérables, aurait dû appeler les autorités djiboutiennes à respecter leur engagement auprès de la CPI. Elle aurait dû sopposer publiquement à la venue dOmar El-Béchir et appeler les autorités de Djibouti à arrêter le président soudanais sur leur territoire, » souligne Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.
Omar El-Béchir fait lobjet de deux mandats darrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide, crimes de guerre et crimes contre lhumanité commis au Darfour. Dijbouti et la France, tous deux Etats parties au Statut de Rome qui régit la CPI, ont pour obligation l’exécution de ces mandats d’arrêt.
« Laccueil du président soudanais à Djibouti est un affront aux victimes des crimes terribles dont il porterait la responsabilité au Darfour », rappelle Francis Perrin, vice-président d’Amnesty International France. « Djibouti a violé son obligation internationale darrêter Omar El-Béchir. Nous appelons les juges de la CPI à demander des comptes aux autorités djiboutiennes quant à leur refus de coopérer avec la Cour. »
Les récents événements en Côte dIvoire et en Libye, dans lesquels la France a choisi doccuper une position centrale, ont rappelé le rôle de la justice internationale dans la prévention et la répression des crimes internationaux. Il est crucial que la France conserve une attitude cohérente à légard de la CPI et s’engage y compris par des prises de position publiques à soutenir l’action de la CPI, sous peine de sacrifier les efforts conduits pour rendre justice aux victimes darfuris.
« Il est inadmissible que la France se fasse représenter par son ministre chargé de la coopération dans de telles circonstances, » sindigne Jean-Marie Fardeau, directeur de Human Rights Watch en France. « La France aurait dû condamner linvitation dOmar El-Béchir par les autorités djiboutiennes, éviter au maximum une présence officielle de la France et décourager les autres Etats parties de participer à un événement aux côtés dune personne suspectée de très graves crimes. »