22/06/11 (B609) La Lancée poétique : Un rêve à la King (Prologue + poème envoyé par un lecteur)

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Le prologue

Notre éducation, comme tout autre service public, souffre de mauvaise gestion et corruption aiguës qui ont compromis l’instruction des générations entières. Le système de l’éducation primaire et secondaire incarne l’inefficacité. Il y manque de programmes et de pédagogies efficaces qui prennent en compte la culture, l’histoire nationales et le capital culturel de bambins. Il y manque un projet de formations des enseignants, des pédagogues et des proviseurs de l’éducation nationale.

L’irrémédiable problème de notre système de l’éducation actuel est la valorisation de ressources humaines. L’enseignant ; la colonne vertébrale pour le bon fonctionnement de tout système d’apprentissages est laissée pour la la misère et confusion.

Les salaires se sont contractés et l’enseignant/e n’arrive pas à joindre les deux bouts. Il/elle n’a pas un logement accommodant pour sa famille. Il/elle se cherche un revenu supplémentaire dans la provision de cours de soutiens à la maison ou l’engagement de travail dans d’écoles privées. La cherté de la vie y oblige. Résultat : l’enseignant est physiquement fatigué et mentalement épuisé.

En plus, l’enseignant est confus par les méthodes pédagogiques inutiles acheminées dès le débarquement du Président IOG. Ces programmes, produit de zèle patriotique ou promesse électorale aveugle, sont mal conçus, adaptés aux niveaux de bambins et appliqués, à l’arrache, pour faire croire au peuple qu’on change au mieux le système éducatif colonial. L’alibi d’un changement inespéré ! Ou l’apparence de faire quelque chose ! A cela s’joute le manque d’un système efficace de formation des enseignants suite la dégradation de l’école normale.

A force de se montrer soucieux d’une large scolarisation à l’échelle nationale ; épris de son slogan pompeux de ‘l’éducation pour tous’ le régime a compromit la qualité de la provision de l’éducation fondamentale.

Or les écoles souffrent de l’absentéisme, l’incompétence et la négligence des enseignants démotivés par le manque de valorisation de leurs efforts, et par le manque d’un projet d’éducation productif et juste. Ils voient que les ressources financières n’y manquent pas. Ils voient que la corruption se propage comme une épidémie, que la mauvaise gestion est habituelle, et que les fonds alloués sont épuisés par la cupidité de gestionnaires vénaux. Qu’il y a un mépris idéologique et méthodologique pour les enseignants et élèves. Et que la volonté de reformer le système éducatif et redresser la situation honteuse fait défaut aux décideurs et proviseurs.

A cela s’ajoute aussi la situation éducative catastrophique et l’oubli total de scolariser le Nord du pays ; le champ des fréquents ratissages militaires et fouilles policières féroces qui visent la population civile et obturent le bon fonctionnement de services publics. Là-bas, les petits gamin/es sont effrayées, traumatisées par les intrusions nocturnes des militaires armés aux dents et des agents de renseignements brutes qui leur privent de parents. La pauvreté est extrême et la paix absente ; l’école est, pour eux, un rêve interdit.

Le résultat est qu’on dispose d’un système d’éducation injuste, impotent et agonisant qui produit des bambins presque illettrés, désorientés et découragés.

Espérant que la situation politique s’améliore à Djibouti pour qu’enfin nos enfants puissent bénéficier d’une instruction juste, adéquate et valable qui leur offre la promesse d’un future mieux.

Que la conscience de décideurs et gestionnaires de notre système éducatif soit finalement éveillée. Ou qu’ils soient catégoriquement rejetés et décisivement chassés de pays. Impuissant, je n’ai que des sentiments de dégoûts, d’espoir et d’optimisme. Je n’ai qu’une plume bien ancrée et cette poésie prophétique pour exprimer mes sensations ; ce rêve à la King.

_________________ Le Poème : Un rêve à la King

J’ai un rêve à la King pour ces élèves confus
Aux yeux égarés espérant le passage de leur enseignant démoralisé
Les bras croisés s’imaginant un service rendu
Abattus, oisives, brulant d’étaler leurs répertoires de tours rusés
Victime de l’incompétence des programmes rompus
L’école est une cour de récréation vaste, un terrain de jeu déguisée
Le paradis des élèves méchants et projets corrompus
Le débouché des instituteurs inaptes, proies de programmes abusés

J’ai un rêve à la King pour ces élèves allègres, rassasiés à la matinée
Aux sourires excités, visages animés prenant la route de l’école
Aux cœurs et esprits ouverts, dressés pour une remarquable journée
Les cœurs brisés, pensées ruinées par l’ambiguïté de leurs rôles
Etourdis par des leçons longues, ennuyantes, sans buts exprimés
Les sacs aux dos, en troupeaux égarés, à la recherche de l’auréole
La gloire de s’entrainer au jet de pierres dans le voisinage apeuré

J’ai un rêve à la King pour ces élèves de bourgs ratissés
Ces victimes d’hallucinations des humains vassaux
Martyres de l’épée et de l’idée d’un suzerain agacé
Traumatisés par les intrusions et chantages abyssaux

Ces pauvres écoliers nourrissant à la fois la peur et l’espérance
Effrayés, toujours optimistes inspirant à un future différent
Mains tendues, priant Dieu pour qu’il mette fin à la déchéance
Que leurs cris soient entendus par le peuple indifférent

J’ai un rêve de King
Qu’un jour la joie et la verve soient retrouvées
Que le plaisir, le rêve d’apprendre soient regagnés
Que l’enseignant retrouve sa dignité atrocement violée
Qu’une nouvelle aube de paix soit levée
Que nous retrouvions la paix ratée
Qu’IOG parte, rejoindre ses amis chassés

Guessi