03/10/11 (B624) LDDH : présentation et diffusion de la « dépêche des professeurs ».


Le Président

« La Dépêche » des professeurs.

Djibouti, lundi 3 octobre 2011

La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) tient à remercier nos jeunes professeurs qui nous ont apporté, dans l’anonymat, leur contribution à la dénonciation de la Mal Gouvernance qui gangrène inexorablement l’avenir de notre pays avec tous les risques d’une explosion sociale, qui semble inévitable, dans un tel contexte.
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« La dépêche » des professeurs représente pour nous un apport considérable ; elle permettra, à notre avis, une plus forte mobilisation de tous les responsables conscients que le pays est au bord du gouffre, que la République de Djibouti est au bord du gouffre financier et que les salaires sont en danger.

NOEL ABDI Jean-Paul

________________ Symptômes d’un enseignement en crise

LE DRAMATIQUE TAUX ECHEC EN PREMIERE ANNEE D’UNIVERSITE

Les étudiants en deuxième année de droit à l’UD manifestent contre les résultats, non escomptés, des examens de la première session : deux reçus parmi 150 étudiants. C’était en février 2011.

Ils ne comprennent pas ce qui leur arrivent. Tout le monde se demande, y compris les parents, comment tous ces étudiants ont échoué. Bien sûr que c’est surprenant ! Y a-t-il eu des hors sujet commis par les étudiants ? ou les sujets étaient particulièrement difficiles ?

En réalité, une vérité que l’on dissimilait depuis 10 ans vient de faire surface.

Durant tout son cursus scolaire, l’élève djiboutien accumule les lacunes que l’on ne lui révèle pas, jusqu’à ce qu’il s’en aperçoive de lui-même, en terminal ou en première année de l’université.

Les facteurs qui ont précipité cette catastrophe sont :
– des classes en sur(effectif : en moyenne 60 élèves par classe
– la pénurie d’enseignants, souvent mal formés et peu récompensés pour le travail qu’ils font.
– le manque de matériels et de supports malgré un budget de fonctionnement élevé.

La baisse du niveau est imputable en grande partie à la réforme pédagogique : on la nomme APC (approche par la compétence). Très controversée elle a été mal accueillie par le milieu enseignant, car elle réduit le cycle d’enseignement primaire à 5 années, à l’issue desquelles les élèves ne savent ni lire ni écrire correctement. Pire, ils parlent déjà mal le français, qui est la langue de notre système éducatif.

Arrivé au collège où une réforme plus ravageuse a été entreprise, le niveau se dégrade d’année en année. Le redoublement d’une classe n’existe plus car on fait croire qu’il n’y a pas assez de places pour accueillir les redoublants, ce qui accentue d’avantage les lacunes.

Il ne faut pas oublier que l’administration dope les moyennes des examens du BEF pour faire croire que la moyenne nationale de réussite est 70 % : ainsi on ment aux parents, aux profs, aux élèves et on plait aux dirigeants politiques.

70 % sont donc admis en seconde sans avoir le niveau requis et ils passent le baccalauréat, qui’ls réussissent aussi, en vertu des mêmes trafics de notation..

Les voilà devenus bacheliers (malgré eux ?), en dépit de leur niveau insuffisant, dont une majorité n’est pas responsable. Bien évidemment leurs acquis ne leur permettent pas de suivre les connaissances dispensées à l’Université : ils sont coincés en première année.

La plupart de ces étudiants abandonnent, les plus tenaces mettent un temps fou pour obtenir les diplômes.

Par conséquent ce n’est pas l’échec à l’Université d’aujourd’hui qu’il faut dénoncer mais il faut remettre en cause tout le système pédagogique et condamner les promoteurs de cette destructrice réforme qui sévit encore.

Les inspirateurs de cette réforme sont motivés uniquement par les milliards de dollars alloués par la banque mondiale pour financer cette réforem bidon.

Le ministre de l’éducation et ses collaborateurs, qui ont imposé cette réforme qui pénalise l’enseignant et l’élève, sont des mercenaires corrompus. Ils doivent être mis en examen à la fois pour avoir bafoué le droit à l’éducation de nos élèves et pour le détournement des fonds publics pour un enrichissement personnel.

CONVERSATIONS

Crise de confiance entre les USA et les autorités militaires Djiboutiennes.

Les militaires américains devaient fournir des uniformes et autres matériels au contingent de l’AND mobilisé pour la Somalie. Curieusement, les lots auraient été remis aux FFDJ, pour les distribuer aux autorités Djiboutiennes afin de les distribuer aux mobilisés en partance.

Pourquoi pas une remise en directe entre les deux armées ? Parce qu’il y a une véritable crise de confiance entre l’US force et l’AND, et les Américains savent que leurs dons risquent d’être détournés, avant d’arriver aux bénéficiaires désignés.

On parle déjà d’un détournement des frais de mission alloués aux mobilisés pour la Somalie payés par les USA, ce qui explique en conséquence le retard du départ de contingent.

Selon certains mobilisés, le morale de ces militaires est au plus bas et que les plus jeunes d’entre eux ont déserté (on compte une bonne dizaine jusqu’à ce jour).

UN BATIMENT EN RUINE MENACE DES MILLIERS DE VIE

Le grand bâtiment du lycée d’Etat de Djibouti est vétuste et pourtant il accueille chaque jour entre 500 et 1.000 lycéens pour leurs cours.

D’autres bâtiments ayant eu la même longévité que celui en question, comme l’édifice qui abritait l’Assemblée nationale ou celui du ministère de l’intérieur qui a servi de case de passage aux commissaires des districts de l’intérieur de l’époque et qui est abandonné depuis une décennie, sont soit abandonnés, soit en cours de reconstruction après démolition..

Il y a six ou sept ans le ministère de l’éducation s’est intéressé au cas de ce bâtiment pour en étudier la reconstruction. Le ministre de l’époque (Abdi Ibrahim Absieh) a stoppé l’initiative en disant : « personne ne s’y connait mieux que moi en matière de bâtiment, celui-ci peut encore être utilisé pendant dix ans au moins ».

Seuls des travaux superficiels ont été effectués sur ce vieil édifice : le colmatage des fissures et le renouvellement de la peinture.

Alors qu’il devrait soit être reconstruit à neuf ou soit au minimum renforcer au niveau des poutres de structure qui risquent de céder à tout instant. Personne ne s’en inquiète, alors que la vie de nos enfants est en jeu..

La moindre secousse pourrait provoquer son effondrement. Les pertes humaines seraient considérables. Une catastrophe sans précédent est à prévoir.

Nous appelons à la vigilance des Djiboutiens, des lycéens, des professeurs et des parents d’élèves, contre cet amas de béton en risque d’effondrement

OPERATION « COUP DE PISTON »

Le jeune ministre des sports, le docteur Djama est intervenu auprès du ministre de l’éducation dans le but de placer sa sœur à la direction de l’école primaire Tur-ousbo et d’éjecter l’ancien directeur sans motif valable.

L’ancien directeur figurait sur la liste de directeurs des écoles primaires pour l’année 2011/2012 et n’a eu aucune information durant tout l’été. Il a été surpris de cette nomination illico-expresso de son adjointe la veille de la rentrée des classes.

Cette nomination hors procédure nuit à la réputation de ce pseudo gouvernement, qui est déjà tant critiqué pour son laxisme, sa non-prise de décision et son incapacité évidente à proposer de solutions adéquates pour répondre aux problèmes qui préoccupent les Djiboutiens.

En agissant de la sorte et en particulier en s’immisçant dans touts les affaires qui ne le concernent pas, le docteur Djama croit-il offrir une image correcte du gouvernement ? En réalité, il contribue à perpétuer le désordre actuel qui préside depuis des lustres les gouvernements d’IOG.

En pistonnant sa sœur, il s’imagine qu’il a fait une percée, mais c’est scandaleux pour quelqu’un de son rang. C’est particulièrement injuste et il devrait avoir honte. Avec une telle honte au dessus de sa tête, continuera-t-il ses apparitions à la télé ?