19/10/2011 (B626) Courrier des lecteurs. En royaume de pacotilles, augmenter la durée journalière du travail, sans avantages sociaux, dégrade la productivité. Le Gouvernement, encore une fois, se trompe d’objectif.

Nouveaux horaires de travail

____________________ Partie 1

Circulaire du Président : augmentation du nombre d’heures de travail.

6h + 1h ==> Quel objectif ?

Le circulaire du Président indique que le nombre d’heures de travail par jour est passé de 6h à 7h; c’est-à-dire de 36h à 42h par semaine.

Il est vrai que conformément aux conventions en vigueur à Djibouti, il y avait un manque à gagner pour l’état correspondant à 6h de travail.

Objectif de la circulaire :

  • Augmenter le nombre d’heures de travail ?
  • Augmenter la productivité des employés ?

Théoriquement, il y a un lien entre les deux puisque pour augmenter le deuxième, il convient d’augmenter le premier tel que: P = h x T

(P = productivité, h = variable en h, T = travail)

Si l’objectif recherché est d’augmenter numériquement les heures de travail, alors c’est fait puisque 6+1=7.

Mais cela entraînera une augmentation certaine des dépenses sans pour autant permettre une croissance sûre de la productivité. Or, le vrai objectif du Président étant logiquement d’augmenter la productivité des employés, alors l’idée de projet mérite plus réflexion.

Posons le problème:

· 6 heures de travail donne une productivité P1 associé à une dépense D1 (statu quo) ;·


6h + 1h = 7h de travail donne une productivité P2 associé à une dépense D2 (projet réalisé).

Et puisque nous quittons une situation jugée non satisfaisante vers une situation cible améliorée, logiquement P2 doit être supérieur à P1 avec une augmentation des dépenses jugée raisonnable.

Mais malheureusement, cela n’est pas aussi simple et réaliste que l’on peut penser compte tenu du contexte actuel djiboutien.

__________________________ Partie 2

Certes, l’idée de projet est intéressante et louable mais des étapes manquent pour garantir son succès. Il s’agit là d’un projet de portée nationale et d’impact économique qui mérite d’être conduit comme tel. Il convient de nommer une équipe de projet chargée d’examiner les voies et moyens d’augmenter la productivité et l’efficacité, en un mot le rendement des employés des services et établissements publics de l’Etat.

Force est de constater, quelques semaines après l’entrée en vigueur du décret, qu’il y a baisse significative de la productivité et que les machines installées par-ci par-là ne sont pas les indicateurs de performance recherchés.

Inutile de persister dans une voie qui a mené à l’échec (on vient pointer à 07:00, on part et on revient à 14:00 pour l’ultime pointage). Est-ce le but recherché ?

Il convient de repenser l’organisation du travail.

_________________________ Partie 3

Les acteurs de premier plan :

Le succès du projet passe par l’implication de toutes les parties prenantes (responsables, représentants des employés, clients etc) du projet pour que leurs préoccupations soient prises en compte.

Pour assurer le succès du projet, examiner les points suivants réduira significativement la résistance au changement puisque le travail c’est-à-dire l’effort est synonyme de volonté :

  • Les horaires des écoles pour les enfants (préoccupations des employés),
  • Les salaires compte tenu du niveau de vie actuelle (motivation),
  • Les contributions patriotiques (10%) (*)
  • Promotion et médailles pour les plus méritants,
  • Les sureffectifs,
  • Les conditions de travail,
  • Les dépenses associées à la consommation d’énergie,
  • Le facteur climatique.

De nos jours, tout le monde s’accorde que l’approche gagnant-gagnant génère la satisfaction des acteurs, indispensable au succès durable du projet.

Au pays des djiboutiens(iennes), il est grand temps de tirer les leçons de l’échec des grands projets du passé pour cause de non respect des meilleures pratiques de la gestion des projets.

=> L’approche participative doit être privilégiée par rapport aux décisions « top down » imposées de manière unilatérale.

(*) On se souvient qu’à l’époque de la retenue de 10%, les horaires de travail ont été revus à la baisse passant de 42 h à 36 h. A présent, les employés sont en droit d’espérer l’opération inverse. C’est à dire une augmentation de salaire, en échange d’une augmentation du temps de travail