11/11/2011 (B629) Courrier des lecteurs : Nos parents étaient des pacifistes.

Quand Hassan GOULED (qu’ALLAH ait pitié de son âme) se représentait à sa propre succession à la présidentielle, nos parents criaient : "c’est l’homme de paix !", et tous les vieux votaient pour lui.

Personnellement, je n’ai jamais voté à Djibouti.

Je suis de cette génération, qui a eu son adolescence pendant la crise économique de 1995. En plus de nos mutations hormonales dans la chaleur d’été (l’une des plus de violente au monde, 50°c à l’ombre pendant les après-midi), on devait survivre à une crise économique. Nos parents étaient vers la fin de leur vie professionnelle.

Les restructurations salariales et des retraites nous affectaient psychologiquement.

On obligeait les djiboutiens du plus moyens aux plus modestes à payer cette dette.

Nos parents attendaient les paiements de leurs salaires pendant 3 à 7 mois, et percevaient qu’un seul mois souvent et devaient oublier les autres mois de paie.

Ce qui avait étonné les gens du FMI, c’était ces maisons en tôle rouillée coiffée d’une antenne parabolique avec un énorme 4X4 de 12 millions FD garé devant.

Notre génération se demandait : pourquoi c’est nous qui devions nous appauvrir et pas eux ?

Nous en voulions à cet ascenseur social qui est tombé en panne juste au dessus de nous. Les gens des quartiers étaient solidaires. Les gens se dépannaient, les sacs des pâtes Zara circulaient dans les maisons, on se faisait du "pasta dala’ " à gogo, c’était devenu le plat national. Je me rappelle qu’il y avait des familles qui sautaient des repas. On s’entraidait comme on pouvait.

Nos parents gardaient l’espoir, pas nous. Notre seul espoir c’était de partir.

On en veut beaucoup à notre système. Peut-être que la situation économique s’est améliorée, mais le taux de chômage est toujours aussi élevé.

Si une crise économique tape encore une fois Djibouti, je ne donnerai pas cher pour sa peau.

Ma génération qui est restée et qui est aujourd’hui parent, n’acceptera pas les plans du système.

La seule solution sera une révolution pacifique.

B. N.