28/12/2011 (B636) Chroniques du Sergent Ariko. La fête de la Gendarmerie le 2 janvier 2012. Quel bilan ? (Suite et fin)

– Le cas d’Ali Bogoreh avait été scellé en haut lieu

Après un repos auprès de sa famille, le colonel Bogoreh était vite revenu du Canada, mais le plan pour l’éliminer avait été déjà préparé.

D’ailleurs, en son absence, son successeur s’est déjà autoproclamé « chef de corps de la gendarmerie », même si ce n’était que par intérim.

On a vu le colonel Zakaria qui parlait aux gendarmes, le dimanche soir, à la RTD afin de souhaiter une bonne fête à tous les officiers, sous officiers et gendarmes.

A quoi bon ? Quand on plonge dans la réalité les gendarmes, on constate immédiatement qu’ils n’ont plus le moral.

Le colonel Bogoreh a été éliminé de la scène nationale. Le régime n’a pas réussi à convaincre sa femme du fait que son mari se serait suicidé. Pour la bonne raison, qu’elle était dans sa maison, le soir du meurtre et qu’elle a pu recueillir les dernières paroles du mourant, alors que ses assassins étaient persuadés qu’il était déjà passé dans l’au-delà.

Le clan du colonel a toujours accusé le régime de l’avoir exécuté.
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La même chose s’est reproduite, mais cette fois, contre son cousin patron de la police qui a eu la vie sauve, uniquement parce que le flic était à moitié drogué.

Abdillahi Abdi est revenu cette semaine d’Allemagne. Il semble que les médecins allemands n’aient pas extraire la balle qui se serait logée à côté de la moelle épinière.

Craignant d’être destitué en son absence, comme l’avait fait le Colonel berger de la Garde républicaine, Abdillahi Abdi est rentré en urgence mercredi dernier alors qu’il n’aurait du être de retour qu’après les fêtes de fin d’année, (le pouvoir est une drogue, dont on ne se désintoxique qu’avec peine, dit-on !).

Désormais, il devra être suivi par un médecin spécialiste. Il doit suivre des cours drastiques, ce qui ne sera pas facile pour lui. On lui souhaite bonne chance, même s’il a fait souffrir sous la torture, nombre de nos concitoyens.
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Après l’élimination de son chef, la gendarmerie n’est plus que l’ombre d’elle même. Ses unités ne sont plus opérationnelles. Craignant qu’elles ne participent à un coup d’état contre IOG, une bonne moitié de ses effectifs a été envoyée à Doumera, histoire d’éloigner les hommes de la capitale comme cela a été fait pour les forces armées, la police et les sapeurs pompiers de Djibouti.

Depuis sa prise du pouvoir par la force (et le crime ?), le Colonel Zakaria doit faire face à une fronde et à un mécontentement grandissants. Il n’est même plus salué ni respecté comme le chef de corps. Les officiers refusent de lui parler ou de le rencontrer.

Après l’éviction de Ougoureh comme ministre de la défense (IOG lui a promis le perchoir de l’assemblée nationale quand Arnaoud partirait à la retraite anticipée et il attend toujours ce poste ne broutant dans sa maison), son successeur Abdoulkader Kamil a rendu une visite de courtoisie à la gendarmerie.

Il a pu mesurer la profondeur du malaise. Le p’tit Zak s’est plaint des commandants d’unité qui refusent de l’écouter. Plus d’un gendarme sur 10 demande à quitter Djibouti pour être envoyé en mission au service des Nations Unies, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire.

Le ministre a promis de rendre compte de cette visite au dictateur. Peine perdue, car le jeudi il s’est envolé pour Obock pour y khater avec ses vieux copains de la ville dont il est originaire. Au diable, les doléances des gendarmes !

– Les gendarmes qui sont à Doumera désertent.

Le lieutenant colonel Douksieh n’arrive plus à calmer la grogne des gendarmes du peloton de Doumera.

Quand au p’tit Zak il met à son profit son temps libre pour faire construire des maisons qu’il finance sur le maigre budget de la gendarmerie. Il suffit de voir la dernière édition de la revue « La renaissance de la gendarmerie » qui sort au moment des fêtes, pour constater que les pages ne sont plus reliées mais simplement agrafées à titre d’économie.

Cela montre le niveau de délabrement des finances du corps. Dans ces conditions comment voulez-vous que les gendarmes fassent leur travail convenablement ?

Seul le bureau des sports de la gendarmerie qui est animé par l’adjudant Omar Djama fonctionnait encore à plein régime. Ce sous-officier vient enfin d’être élevé au grade d’Adjudant après des années de galère.

– La corruption omniprésente

Jamais dans l’histoire de la gendarmerie, la corruption n’avait atteint un tel degré.

Les gendarmes des districts de l’intérieur détournent l’aide alimentaire et le khat avec la complicité des commissaires des districts de l’intérieur.

Par exemple :
– dans les districts de Dikhil et d’Ali Sabieh, les gendarmes détournent le khat et ils rançonnent les pauvres caravaniers.

– à Tadjourah, ils ont carrément tué un jeune qui avait osé les défier.

– à Balbala, brigade Cheik Moussa, des gendarmes ont torturé à mort un père de famille pour une simple affaire de khat.

Au lieu de les traduire en cour martiale, l’affaire a été réglée selon le Heer Issa.

Pire encore, l’officier commandant de la brigade a été promu au grade supérieur (pour avoir tué un citadin ?).

– Quel monde ! L’impunité est totale.

Au sein de la caserne Hamadou, les différents commandants refusent d’obéir au p’tit Zak. Le lieutenant colonel Mahamoud Youssouf dit Adoyta, qui commande les unités judicaires de la gendarmerie, le lieutenant colonel Douksieh Abdi Douksieh qui commande la la compagnie centre, le commandant Idriss Miguil Assoweh patron du camp cheik Moussa au Pk23, le commandant Nour Hussein Dalieh dit Laji qui commande la compagnie Djibouti, le commandant Moussa Okieh Bouh , le lieutenant Ibrahim Idriss Assoweh ex patron de la SRD, le commandant Dahir Ladieh Waiss et beaucoup d’autres officiers refusent les ordres du p’tit Zak.

C’est dire si la confiance règne au sein de l’institution. Écœurés après la mort de leur patron le Colonel Bogoreh, sur ordre de IOG, de nombreux gendarmes ont préférer prendre leur retraite plutôt de moisir dans un trou perdu, sans moyens ni motivation.

– Le pire c’est que cette galère atteint aussi les enfants des gendarmes.

Pour les calmer en 1999, l’ex patron, « le fou » Mahdi Cheik Moussa avait créé le bureau des sports de la gendarmerie.

Cela avait donné lieu à des remises de coupes et de médailles. Des records avaient été battus par les enfants gendarmes.

Mais l’état n’a pas mis un sous dans l’affaire.

Aujourd’hui par manque de sponsors le bureau des sports de la gendarmerie ne tourne plus qu’au ralenti.

Certes les footballeurs et les handballeuses de la gendarmerie ont rapporté des coupes, mais il manque des sponsors. Les rares sponsors encore fidèles sont l’établissement Moussa Adow et Fratacci.

La mauvaise foi d’un régime au bord de l’effondrement a non seulement provoqué des répercussions graves sur l’efficacité du corps, mais elle a des conséquences visibles sur les enfants des gendarmes.

– Combien sont devenus des voyous et des délinquants ?

Par exemple, cette bande de jeunes qui a volé des armes dans le dépôt situé dans la caserne Rayaleh Gofaneh de la gendarmerie à coté du CES de Boulaos. En fait, les armes ont été revendues à de hauts dignitaires du régime.

Les gendarmes n’ont constaté le vol que trois jours après !!!

En raison de ce retard, même si l’enquête ouverte par la SRD a conduit aux enfants de ces mêmes gendarmes qui vivent dans la précarité, elle n’a rien pu prouver. La cité Room 2, la cité Aquitaine ainsi que les cités Lelong ou Calelon, en face de la brigade nord de la gendarmerie ont bien été fouillées de fond en comble, mais sans résultat.

Dans les faits, les enfants des gendarmes avaient eu largement le temps de se débarrasser des armes en les vendant sur la voie publique pour de coquettes sommes.

L’État de Djibouti est vraiment devenu un état fantôme avec des institutions fantômes.