04/02/2012 (B642) : ALERTE ROUGE / LDDH TEMOIGNAGE DU 3 FEVRIER 2012 DU JOURNALISTE ET DEFENSEUR DES DROITS DE L’HOMME FARAH ABADID HILDID


Le Président

TEMOIGNAGE DU 3 FEVRIER 2012

DU JOURNALISTE ET DEFENSEUR DES DROITS DE L’HOMME
FARAH ABADID HILDID

Présentation par le Défenseur des Droits de l’Homme NOEL ABDI Jean-Paul

Aujourd’hui vendredi 3 février 2012, j’ai rencontré le courageux et déterminé Farah ABADID HILDID qui m’a donné le témoignage des tortures interminables cette fois par les forces de la SDS connue pour être directement dirigée par le tandem Ismaël Omar Guelleh et Hassan Saïd dit Hassan Modoweh (le noiraud).

Dès sa sortie de la cellule de torture de SDS ou/et Brigade de la mort sise en face de la gare mitoyenne des nouveaux locaux secrets de l’UNFD et à peine arrivé chez lui l’Organisation Internationale des Reporters Sans Frontières s’est entretenu avec lui.

Cet appel téléphonique l’a énormément soulagé moralement et il tient à les remercier ainsi que tous les défenseurs des Organisations Internationales des Droits de l’Homme, notamment, l’Observatoire des Défenseurs des Droits de l’Homme, la FIDH, l’Organisation Mondiale Contre la Tortures, les Avocats Sans Frontières, sans oublier les alertes rapides de l’ARDHD et de tous ses compatriotes à l’étranger.

Farah ABADID HILDID a insisté pour que soit reproduite l’intégralité de son témoignage à Reporters Sans Frontières, car pour lui c’est son premier cri des souffrances qu’il a endurées.

Toutefois, compte tenu de ses souffrance une erreur de prononciation a eu lieu, en effet, ce n’est pas la CRD de la Gendarmerie où souvent il a été torturé, mais la SDS endroit au bâtiment très luxe reconstruit à ma connaissance par les Services Chinois spécialisés en matière de torture et dont le financement dépend directement du Dictateur Ismaël Omar Guelleh.

____________________ Les faits.

Voici l’intégralité de son témoignage aux Reporters Sans Frontières :

Le 2 février, deux heures après que le journaliste a été relâché, l’organisation s’est entretenue avec lui par téléphone. Il raconte :

« J’étais hier dans Djibouti-ville, en train d’attendre un rendez-vous. Il était 11 heures 30. Deux hommes circulant dans une voiture aux vitres teintées se sont arrêtés devant moi. C’était un policier en tenue et un homme en civil. Ils m’ont demandé de monter dans leur voiture.

J’ai refusé, mais ils m’ont forcé. Ils m’ont alors bandé les yeux, de sorte que je ne savais pas où ils me conduisaient. Je me suis retrouvé dans une cellule. Ils m’ont déshabillé puis menotté et j’ai passé la journée et la nuit dans ces conditions.

J’ai dormi par terre. Ils m’ont frappé les pieds très violemment avec des morceaux de caoutchouc. Ils ont également cassé mes lunettes. ‘On en a marre de toi, me disaient-ils. Tu dois arrêter de diffuser des informations sur nous. Tu dois arrêter d’emmerder les policiers et la section de recherche et de documentation (SRD). Si tu continues, on fera pire’. En milieu de journée, ils m’ont rapporté mes habits et m’ont bandé les yeux à nouveau. Ils m’ont conduit dans un terrain vague, dans le quartier de Gabode 4, et m’ont abandonné là. »

« Les sévices physiques et tortures psychologiques infligés à ce journaliste sont une honte pour les autorités de Djibouti.

Nous demandons que cessent immédiatement de telles intimidations. S’il devait arriver à nouveau quoi que ce soit à Farah Abadid Hildid, nous connaîtrions les responsables », a déclaré Reporters sans frontières, qui a décidé de saisir le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. L’organisation restera en communication régulière avec le journaliste pour s’enquérir de sa sécurité.

Le reporter avait déjà été arrêté et détenu à deux reprises en 2011, et avait à chaque fois subi des actes de torture et des mauvais traitements, ce qui avait été corroboré par des examens médicaux.

Après avoir été incarcéré pendant plus de quatre mois, à la prison centrale de Gabode, pour « participation à un mouvement insurrectionnel », il avait à nouveau été arrêté le 21 novembre 2011 pour « mobilisation illégale » et « outrage à chef d’État », avant d’être placé sous contrôle judiciaire par une juge d’instruction de la Cour suprême quatre jours plus tard et libéré.

Ces évènements – entre autres – ont entraîné la chute de Djibouti dans le classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012. Avec quarante-neuf places perdues, le petit pays de la corne de l’Afrique figure à la 159e position sur 179 pays.

Témoignage complémentaire

Je ne reviendrais pas sur le détail de mon arrestation et des sévices que j’ai subi, mais je vous soumets quelques éléments que je n’ai pas pu donner aux Reportes Sans Frontière car, j’étais très fatigué physiquement.

Le véhicule que m’a embarqué était un minibus de couleur blanche, aux vitres fortement teintés dont même le chauffeur est invisible, la marque de ce minibus est Toyota Hiache, sans immatriculation.

Dès qu’ils m’ont jeté de force dans le bus, j’ai été bandé et minutieusement fouillé.

Durant les tortures, ils m’ont dit qu’ils avaient marre de moi, et m’ont reproché d’avoir envoyé un article publié dans la « Voix de Djibouti » du 22 janvier 2012 sur un jeune mobilisé dans le cadre du 3ème mandat et affecté à la SDS qui a démissionné et se serait sauvé, dont ses parents étaient sauvagement torturés.

Tout en me torturant, ils m’ont demandé qui d’autres avait rédigé avec moi, est-ce Jean-Paul Noel ou bien d’autres.

Souffrant je leur dit, que je n’avais aucune liste à leur donner et si vous voulez me tuer alors prenez votre pistolet et qu’on en finisse.

Si vous avez des preuves contre moi, alors transmettez mon dossier au Parquet et arrêtez de me torturer.

Vous m’avez fouillé de fond en comble, alors qu’avez-vous trouvez ?

Voyant que je n’avais rien d’autres à déclarer, ils m’ont dit : « tu ne dois plus parler des services de Sécurité autrement fais ta prière ».

Pour me montrer, ils m’ont torturé sauvagement et je me suis évanoui.

Quand j’ai retrouvé mes esprits, j’ai vu mes lunettes fracassées, étalées devant moi.

Ils m’ont embarqué à nouveau les yeux bandés dans un terrain abonné à Gabode 5 environ à 500 à 800 mètres de la résidence d’Ismaël Omar Guelleh qui ne cesse de m’harceler.

Arrivé au bord de la route, ne pouvant plus marcher et ma vue était troublé sans lunettes, je me suis assis non loin de la route et un taximan qui m’avait vu chancelant s’est précipité vers moi, m’a soulevé et m’a amené dans son taxi jusqu’à mon domicile.

Je tiens à le remercier car sans lui je ne sais pas ce que je serais devenu » Farah ABADID HILDID
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Après son témoignage, Farah ABADID HILDID m’a montré ses lunettes mises en pièces et ses boursouflures sur son visage ainsi que ses marques sur ses plantes de pieds.

J’ai constaté aussi que l’écran de son téléphone portable ne fonctionnait plus même si le téléphone sonne car avec son téléphone, il avait pris des photos sur des poubelles où des produits toxiques auraient été déversés.

Témoignage recueilli
par Jean-Paul Noel.