09/02/2012 (B642) CIJ -Commission Internationale de Juristes (Suisse) : communiqué pour exiger la libération du Juge Mohamed Cheick Souleiman à Djibouti et l’arrêt des poursuites contre deux journalistes et plus généralement tous les défenseurs des D.H.

INTERNATIONAL COMMISSION OF JURISTS
Commission internationale de juristes – Comisión Internacional de Juristas

 » Protecting and promoting human rights through the Rule of Law »

COMMUNIQUE DE PRESSE du 8 février 2012

Djibouti : La Commission internationale de juristes exige la fin des persécutions des juges et des défenseurs des droits humains

Genève, Suisse – La Commission internationale de juristes (CIJ) exhorte les autorités de Djibouti à mettre fin immédiatement aux persécutions dont sont victimes acteurs judiciaires et défenseurs des droits humains dans le pays. Elle leur rappelle aussi leur obligation légale de protéger les défenseurs des droits de l’homme et de
garantir l’indépendance des juges et de la magistrature.

La CIJ est particulièrement préoccupée par le cas du juge Mohamed Cheick Souleiman, arrêté le 21 novembre
2011 pour avoir fait libérer, dans le cadre légitime de ses fonctions, 40 opposants politiques dont il considérait
l’arrestation et la détention arbitraires.

D’abord détenu dans un lieu secret, le juge Souleiman aurait ensuite été torturé à la prison de Gabode et privé d’accès à un médecin et à un avocat.

La CIJ s’inquiète également du sort réservé à deux journalistes défenseurs des droits humains, Houssein Robleh Dabar et Farah Abadid Hildid, arrêtés, détenus et apparemment torturés pour avoir appelé à une manifestation de soutien au juge Souleiman.

Ce dernier, déjà radié par le Conseil Supérieur de la Magistrature sans avoir pu se défendre, doit maintenant faire face à une procédure criminelle devant la Cour Suprême, qui l’accuse d’outrage envers le Président de la République et d’incitation à la rébellion, entre autres charges, note encore la CIJ.

« Selon les standards internationaux sur l’indépendance du pouvoir judiciaire, un juge ne peut en aucun cas avoir à faire face à des accusations criminelles pour des décisions et des actes relevant de l’exercice de sa fonction juridique », insiste Ilaria Vena, conseillère juridique adjointe au Centre pour l’Indépendance des Magistrats et des Avocats, un programme de la CIJ.

« Il est inadmissible de traiter un magistrat comme un criminel pour une action telle que celle du juge Souleiman ».

« Le juge Souleiman a été manifestement victime de plusieurs violations de ses droits les plus élémentaires. Son cas montre que l’indépendance du pouvoir judiciaire, garantie notamment par la Constitution de Djibouti, n’est souvent pas assurée, »
ajoute Clément P. Mavungu, conseiller juridique au Programme Régional Afrique de la CIJ.

« Les autorités compétentes doivent réhabiliter totalement le juge Souleiman et lui fournir réparation pour toute atteinte à ses droits. »

La CIJ demande également que les cas supposés de mauvais traitements et de torture infligés au juge Souleiman
et aux journalistes Houssein et Farah fassent l’objet d’une enquête approfondie et impartiale.

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