03/03/2012 (B646) Lart de la guerre : Task force de la Corne dAfrique (par Manlio Dinucci – traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio) sur le site mondialisation.ca (Info lecteurs)
Un avion militaire étasunien sest écrasé à Djibouti : annonce de lAfricom, le Commandement Africa des Etats-Unis, qui précise que laccident est survenu pendant un « vol de routine ».
Reste à voir ce quon entend par « routine ». Lavion était un U-28, un turbo hélice de fabrication suisse, utilisé par les forces spéciales ; doté des systèmes électroniques les plus avancés, capable de décoller et atterrir sur des pistes herbeuses ou en terre battue, il est particulièrement adapté aux missions secrètes.
A bord de celui qui sest écrasé se trouvaient trois officiers de lEscadre des opérations spéciales de Hurlburt (Floride) et un de la 25eme Escadre dintelligence (renseignement NdT). Ils opéraient depuis Camp Lemonnier, la principale base militaire de lAfricom sur le continent, siège de la Task force conjointe de la Corne dAfrique.
Située à Djibouti, dans une position géostratégique de première importance sur le détroit de Bab el Mandeb, où la côte africaine est distante dune trentaine de kilomètres de celle de la péninsule arabique : passage obligé dune des plus importantes voies maritimes, en particulier pour les pétroliers qui transitent à travers la Mer Rouge.
La Task force basée à Djibouti dispose denviron 3.500 spécialistes des forces spéciales et des services secrets, y compris contractors de compagnies militaires privées, assistés pour les services logistiques denviron 1.200 employés originaires de Djibouti ou dautres pays. Sa mission officielle est de « contribuer à la sécurité et à la stabilité » dans une vaste « zone opérative », comprenant dix pays africains -parmi lesquels Somalie, Ethiopie, Erythrée, Kenya, Tanzanie, Ouganda, Burundi- et dans une « zone dintérêt » dont font partie dautres pays africains (parmi lesquels Madagascar, le Mozambique, le Tchad, lEgypte, le Soudan et le Congo) ainsi que le Yémen bien quil se situe dans la péninsule arabique.
Comment il oeuvre, on ne le sait pas, étant donné que ses opérations sont couvertes par le secret défense, mais on en voit les résultats.
De plus en plus fréquentes sont les incursions surtout en Somalie et au Yémen, effectuées aussi avec des drones armés Predator, que la Cia a déployés à Camp Lemonnier. Un autre travail important de la Task force est lentraînement de troupes africaines, qui sont employées dans les opérations de lAfricom.
Dans ce cadre, avec un financement de 7 millions de dollars, a été formé et armé un nouveau bataillon motorisé djiboutien, comprenant 850 soldats, à employer en Somalie. Cest là, toujours sous la gestion de lAfricom qui a financé lopération avec plus de 50 millions de dollars, que des milliers de soldats ont aussi été envoyés par lEthiopie, le Kenya, lOuganda et le Burundi.
Officiellement pour combattre, à la demande du « gouvernement » somalien, le groupe islamique al-Shabab, qui se dit lié à Al Qaeda (le mythique monstre tentaculaire, décrit comme encore extrêmement dangereux bien quil ait été décapité par lélimination de Ben Laden).
Cest ainsi que la Task force de la Corne dAfrique contribue à « décourager les conflits et protéger les intérêts étasuniens ». Et, à preuve des nobles motifs de sa mission, la Task force annonce que cette année la base de Lemonnier sera dotée des technologies « amies de lenvironnement » les plus avancées. «
Economiser de lénergie sur le champ de bataille -assure le secrétaire à la défense Leon Panetta- signifie économiser de largent et des vies humaines ».