06/03/2012 (B646) Communiqué de l’ARD sur la base du mémorandum remis aux ambassadeurs en poste à Djibouti (USA, France, Allemagne, Japon et UE)

Djibouti, le 5 mars 2012

 

ALLIANCE REPUBLICAINE
POUR LE DEVELOPPEMENT

ard.djibouti@gmail.com

MEMORANDUM

A
l’ambassadrice des États-Unis d’Amérique
Et
aux ambassadeurs d’Allemagne, de l’Union Européenne, de France

et du Japon

Excellences,

Merci d’avoir invité l’ARD à la table ronde du 29 février 2012 sur la situation politique prévalant dans notre pays, sans oublier le contexte régional, eu égard à votre présence militaire et considérant l’instabilité chronique dans la corne de l’Afrique. Chaque parti politique (ARD, UDJ, PDD et PND) ayant à cette occasion présenté son propre point de vue, permettez-nous de vous réitérer le nôtre ici.

Bienvenue à l’Ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique, hôte de cette rencontre. L’ARD est convaincue que son Excellence renforcera la contribution de son gouvernement et celle personnelle du Président Barack Obama pour l’instauration de la Démocratie et, au-delà, la pacification de toute la région.

Merci également aux autres Excellences d’avoir honoré cet instant de leur présence. Et de l’avoir amplifié, ce qui montre l’importance qu’elles toutes attachent à la stabilité de notre pays ; laquelle stabilité ne peut être garantie que par l’instauration d’une réelle démocratie, condition sine qua non d’une lutte efficace contre notre ennemi commun : l’extrémisme sous toutes ses formes.

Et notre parti tient à saluer la contribution de la communauté internationale au rétablissement d’un Etat de droit en Somalie. Tout en considérant que le régime djiboutien, lui-même instable, n’est pas le meilleur allié dans cette énorme entreprise, comme le démontre le volume des investissements à Djibouti des recettes de la piraterie somalienne.

Plus rien n’est désormais pareil depuis ce qu’il est convenu d’appeler « le Printemps arabe » : il a été démontré que tout peuple déterminé à prendre son destin en main est capable de renverser la plus féroce des dictatures. Notre peuple l’est tout autant. A Djibouti, la mobilisation a commencé bien avant les événements qui ont conduit à la fuite de Ben Ali ou à la chute de Moubarak. Le combat démocratique contre la dictature qui asservit notre peuple a commencé dès 1977, sous diverses formes.

Ce combat a connu quatre moments importants :

o 1) le FUOD (Front Uni de l’Opposition Djiboutienne) en 1992, branche politique de la lutte armée,

o 2) la présidentielle de 1999, unifiant toute l’opposition autour d’un seul candidat, Monsieur MOUSSA AHMED IDRISS, une des figures historiques de l’Indépendance,

o 3) les législatives de janvier 2003 remportées par la coalition de l’opposition,

o 4) le 18 février 2011, avec le plus grand rassemblement de contestation jamais organisé dans l’Histoire de notre pays.

Si cette énorme manifestation n’a pas conduit à la chute de cette dictature, nous en assumons notre part de responsabilité, l’échec en étant surtout celui d’un leadership, tel qu’il était incarné par une coalition anachronique et à laquelle nous avons mis un terme, répondant ainsi à un souhait majoritairement exprimé.

Car, pour paraphraser le Président Barack Obama, « ce n’est pas d’hommes forts que nous avons besoin, mais d’institutions fortes » : ce qui vaut autant pour les dictatures que pour les oppositions. Nous assumons cet échec avec d’autant plus d’humilité que cet espoir de Liberté est encore là, comme l’a démontré notre commémoration du 18 février dernier.

Faute de toute possibilité d’alternance par les urnes, dans les conditions actuelles, l’ARD est déterminée à poursuivre cette mobilisation de la rue. C’est la seule option pacifique qui nous reste. Nous manifesterons ! Et toute forme de répression entraînera inévitablement une résistance légitime des opprimés.

Si nous avons bien volontiers accepté cette invitation, c’est aussi pour vous faire part de ce que le peuple djiboutien attend de la communauté internationale : un soutien concret à une véritable opposition, capable d’incarner une relève crédible. Cette opposition capable d’incarner une relève crédible, l’ARD a pris l’initiative de l’initier, en prenant le temps qu’il faudra, car nous sommes plus que jamais convaincus que toutes les composantes de la communauté nationale doivent se sentir équitablement représentées dans la lutte pour l’avènement d’un Etat de droit et d’une Nation réconciliée avec elle-même au sortir d’un dramatique conflit civil dont ni les causes ni les conséquences n’ont été à ce jour traitées.

Excellences, en parlant de soutien concret, c’est d’abord pour regretter le dernier échec en date, celui de l’organisation Democracy International l’année dernière, expulsée par le régime sous un prétexte fallacieux. Nous attendons encore une initiative de ce genre, car un parti politique n’a pas vocation à boycotter chaque scrutin électoral.

C’est surtout pour vous demander, afin de préserver la paix civile, d’intercéder auprès de qui de droit, afin que nous obtenions l’appui nécessaire pour véritablement concourir à l’expression du suffrage universel tel qu’énoncé dans la Constitution djiboutienne.

Chaque formation politique a son histoire propre, sa trajectoire spécifique. L’ARD, ex-FRUD et bras armé du FUOD, parti né de l’Accord de paix du 12 mai 2001, qui a instauré le multipartisme intégral, donnant naissance aux autres partis ici représentés, a une exigence politique à nulle autre pareille : appliquer toutes les dispositions générales de cet accord, afin d’éviter un nouveau conflit civil et de reconstruire une véritable citoyenneté djiboutienne sans laquelle il ne peut y avoir ni société civile, ni syndicat, ni association libre, ni parti politique, ni citoyen et donc, ni électeur.

Ce que nous demandons est simple : nous accompagner dans notre effort pour l’instauration d’un environnement institutionnel pacifié. Sinon, nous aurons tous échoué à éviter le pire qui se profile. Car, comme le disait le Président François Mitterrand à Cancun, « il n’y a pas ordre établi, pour répressif qu’il soit, qui puisse résister au soulèvement de la vie ».

L’intolérable contraste entre l’augmentation du Budget de l’Etat djiboutien, avec votre contribution, et la dégradation constante des conditions de vie de nos concitoyens, avec votre silence, conduira inévitablement à un soulèvement populaire que notre devoir à tous est de rendre pacifique.

MAHDI IBRAHIM A GOD
2ème vice-président de l’ARD