02/01/2013 (Brève 077) Lettre de condoléances à un proche de la victime d’Obock, assassiné de sang-froid par des forces de l’ordre sous les ordres du sous-ministre Djama Elmi Obsieh (Mouvement de soutien aux victimes civiles d’Obock)

Ma chère cousine Kadiga Hassan Haroun,

C’est en ces circonstances dramatiques vécues par notre famille, avec la mort du jeune Hafez, que je m’adresse à toi.

A titre personnel, je te présente toutes mes condoléances les plus attristées face à ce décès qui vient de nous toucher au plus profond et t’assure de tout mon soutien dans cette difficile épreuve. Qu’Allah l’accueille dans son paradis amin , Inna Lillaahi waa inna ileyhi raajiiqun
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Lorsqu’une famille est durement frappée par la mort d’un enfant, ce sont toutes les populations Afars qui sont en deuil.

Confronté à l’évènement dramatique qui s’est déroulé dimanche 30 décembre 2012 à Obock et qui vient une fois encore de frapper indirectement toutes les populations Afars et tout particulièrement la grande famille de l’enfant décédé, des autres enfants et de la femme âgée plus ou moins grièvement blessés, nous nous associons aux parents concernés et à leur famille dans la douleur et le grand chagrin qui les plonge dans le désarroi et souhaitons aux blessés un prompt et complet rétablissement.

Nous témoignons de toute notre grande affliction aux parents et aux familles des victimes dont les noms nous ont été communiqués ainsi qu’à ceux et celles qui sont encore sans nouvelle de l’un de leur enfant.

A notre connaissance, le jeune homme de 14 ans qui a été tué est
– Hafez Mohamed Hassan, de la famille Hassan Haroun.
les victimes blessées plus ou moins gravement sont les suivantes :
– Ahmed Mohamed Ali
– Ali Kanano Barqo
– Ali Omar
– Fatouma Ibrahim Moussa
– Hachim Hassan Mohamed
– Hasna Mohamed Ali
– Omar Mohamed Ali
– Ali Mohmed Ali
Collégiens et collégiennes dont la moyenne d’âge est inférieure à 15 ans

Une personne âgée de plus de 70 ans, Aicha Dini grièvement blessée et serait dans un état très critique.

A ceci viennent s’ajouter de nombreux blessés et « disparus » dont nous attendons des nouvelles.

Il n’y a pas de possibilité de répression de l’espoir et de la vérité dont les jeunes sont porteurs ; à moins de les étouffer soi-même dans le sang.

C’est ce que vient de tenter le sinistre Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, Djama Elmi Okieh, devenu « ordonnateur de crimes » commis à l’encontre de la jeunesse d’Obock, dimanche 30 décembre 2012.

L’homme, formé en des temps pas si lointains à « l’Ecole stalinienne » et qui a l’aplomb de se recommander, à grand renfort de publicité, comme étant est l’un des membres fondateurs du Collectif des jeunes contre la violence juvénile… serait bien inspiré de revisiter sa copie en remplaçant le terme de « fondateur » par l’expression « violent exterminateur des jeunes » qui s’opposent à son dictat.

En effet, plus haut responsable présent sur les lieux de la manifestation qui était incontestablement à vocation pacifique, il n’a pas hésité à laisser tirer les « Forces spéciales » à balles réelles sur la jeunesse Afar qui manifestait, à l’origine sereinement, pour le respect de ses Droits ; décimant ainsi et sans état d’âme d’aucune sorte les rangs des jeunes manifestants et faisant des dizaines de victimes, dont des enfants âgés pour certains d’à peine une douzaine d’années.

Selon nos informations, certaines familles n’auraient toujours pas encore « récupéré » le corps de leur enfant.

Corps non pas évacuées dans l’urgence par lesdites « forces spéciales » pour tenter de faire soigner les blessés et sauver ceux qui pouvaient encore l’être mais plus vraisemblablement agissant sur ordre pour tenter de limiter artificiellement et officiellement le nombre de victimes de cette ignominie.

Rappelons que lors de précédentes manifestations,  nombreuses sont les familles qui recherchent encore de nos jours un père, une mère un enfant ; considérés depuis et officiellement comme des « disparus » et réduisant, ainsi et d’autant, le nombre des morts.

Quels crimes avaient bien pu commettre ces jeunes et cette vieille femme de 70 ans pour mériter de subir de tels actes que l’on se doit de qualifier de barbares ?

Cette jeunesse oubliée, comme l’est l’immense majorité des populations Afars depuis bien longtemps par un pouvoir central qui les exclut de plus en plus et d’année en année, a refusé de servir de faire-valoir politique dans une opération, une fois encore falsificatrice des vérités, devant les caméras des médias locaux.

Le but de cette opération médiatique était non point d’intérêt sportif comme on voudrait nous le laisser croire mais de réaliser un reportage de propagande – photographique et télévisuel – pour tenter de redorer le blason largement terni des occupants du Palais d’Haramous et de leurs complices dans la perspective des hypothétiques élections législatives de février.

Dans un pays où les caisses de l’Etat sont vides, où les interdits s’expriment en dehors des Droits et des lois, dans un pays où la Torture est banalisée dans ses prisons et ses commissariats, l’odieuse Tyrannie imposée par Haramous ne sait plus à quelle répression se vouer pour tenter d’imposer des images fallacieuses masquant toutes les vérités et se maintenir ainsi au pouvoir alors que « tout fout le camp » dans ce royaume devenu celui de toutes les mystifications.

Les rares chaouchs, avant dernier bastion de l’appareil répressif Guelleh-Haïd, ont toujours eu le sens de l’ordre pour leurs profits personnels avant celui de la légalité républicaine, le sens de l’état….de leurs finances avant le souci du citoyen et de son progrès économique, social et politique ; et point du tout le sens de l’honneur et de la dignité humaine.

Hormis les dernières ressources financières consacrées aux « Forces spéciales », qui protègent le Palais présidentiel d’Haramous et réalisent des opérations « coup de poing » telle que celle d’Obock, le versement des soldes aux chaouchs et autres avantages est remis en cause depuis des mois et largement hypothéquée car Haramous ne peut plus payer !!!!!!!

Se sachant au bord du gouffre social, économique et politique, totalement dépassé par les évènements dans un régime totalitaire où il a instauré inconsciemment la chienlit et celui de toutes les mascarades dont il n’est plus le maître exclusif, Ismaïl Omar Guelleh tente un dernier coup de poker en se risquant, une nouvelle fois, dans une opération de désinformation auprès des pays occidentaux présents, directement ou indirectement, à Djibouti pour artificiellement sauver la face et les contraindre à sauver son trône vermoulu par toutes les corruptions et les crimes cautionnés depuis bien trop longtemps.

Si les pays occidentaux n’y prennent pas garde et entrent une nouvelle fois dans son jeu, le Tyran djiboutien n’hésitera pas à impliquer officiellement l’Erythrée pour la désigner, témoignages falsifiés à la clé et dont il s’est fait une spécialité, comme étant le fomentateur privilégié de troubles et de supposées tentatives de déstabilisation du Nord du pays ; donc susceptibles de « porter atteinte » à l’intégrité du territoire national !!!!

A cela s’ajoute pour lui un mélange de besoin de violence primitive pour atteindre son but par tous les moyens en utilisant la « bêtise sectaire » de son entourage immédiat telle une forme de bras séculier de toutes ses actions nauséabondes, l’emploi de moyens et de technologies modernes, y compris aériens, pour anéantir l’ennemi Afar.

Pour créer l’unité des Issas, Ismaïl Omar Guelleh pense avoir le besoin d’un déchaînement commun contre les populations du Nord et de l’Ouest jetées ensuite dans l’exode ou l’exil avec la démesure émotionnelle d’un conflit entre ethnies au sein d’une société djiboutienne artificiellement déchirée par la seule volonté d’Haramous et de leurs complices.

A ceci s’ajoute l’indispensable irruption de la peur voire même de l’effroi de la mort dans l’esprit des hommes et des femmes Afars se remémorant les massacres d’Arriba, les bombardements au napalm de Yoboki et de tant d’autres villages du nord du pays ; populations sacrifiées ouvertement sur l’autel des intérêts occidentaux de l’époque concernée, soudainement aveugles, sourds et muets.

Il y a des ordres assimilables à de la barbarie et qui cachent les pires désordres d’un régime politique. Dans ce qu’elle a de plus abject, l’histoire va-t-elle se répéter alors que nul ne serait en droit d’affirmer ensuite : « Mais …Nous n’étions pas informés ! » ?

La passion de créer un autre Djibouti existe pourtant dans ce petit pays que l’on dit être du « bout du monde » et fonde le projet de réalisation de la grande majorité des populations de Djibouti, sans distinction d’appartenance ethnique ou tribale. La passion d’aimer fonde quant à elle le projet de communication entre les êtres alors que la passion de construire et de jouer fonde le projet de participation, ensemble sous un même drapeau.

Dissociés par IOG et ses complices, transformés artificiellement à leurs profits, ces trois projets renforcent l’unité répressive et sanguinaire du pouvoir qui risquerait d’aller chercher auprès de l’Occident des soutiens pour continuer son génocide anti Afars et contre les tribus minoritaires à Djibouti.

Sous Ismaïl Omar Guelleh et Kadra Mahamoud Haïd, Djibouti est devenu un chaos. Son désordre a jusqu’à présent toujours excédé et annihilé tout ce qu’on voudrait apporter de remède. Les pays occidentaux se doivent donc d’arrêter le mal avant qu’il n’explose et calmer le désordre avant qu’il n’embrase le pays en jetant dans les rues une population prise en otage et asservie depuis bien trop longtemps.

L’apprentissage de la démocratie est la meilleure revanche que puisse prendre la Liberté confrontée à la Tyrannie de l’abject et à l’obscurantisme sectaire.  

Mouvement de soutien aux victimes civiles d’Obock .
Omar Gabasse