02/09/2013 (Brève 207) ALERTE ROUGE / Presse / Le Parisien / Mort du juge Borrel : la famille du témoin clé lance un appel à l’aide.

La famille d’un Belgo-Yéménite considéré comme le témoin clé dans l’affaire de la mort du juge français Bernard Borrel à Djibouti a lancé ce lundi un appel à l’aide aux autorités yéménites, belges et françaises pour qu’il ne soit pas extradé du Yémen vers Djibouti.
Famille alhoumekani
La femme et le fils de Mohamed Saleh Alhoumekani, un témoin qui pourrait impliquer l’actuel président de Djibouti dans la mort du juge Borrel, ne veulent pas que leur proche arrêté au Yémen soit extradé vers la république djiboutienne – Crédit photo :
AFP/LAURIE DIEFFEMBACQ – Le Parisien

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Mohamed Saleh Alhoumekani, ancien responsable de la garde présidentielle de Djibouti, a mis en cause l’actuel président djiboutien Ismaël Omar Guelleh et son entourage dans la mort en 1995 du magistrat Bernard Borrel. 

Réfugié politique en Belgique, dont il a acquis la nationalité, il a été interpellé le 24 août à son arrivée à l’aéroport de Sanaa, puis incarcéré dans la capitale yéménite.

«Il a été arrêté arbitrairement. Je demande à l’Etat yéménite de le relâcher et de permettre son rapatriement en Belgique», a déclaré, très émue, son épouse Asmae Abdelkadous au cours d’une conférence de presse à Bruxelles. «C’est à cause des pressions de Djibouti», qui réclame son extradition «sur la base d’accusations non-fondées», a ajouté son fils, Moncef Saleh.

La démarche des proches de Mohamed Saleh Alhoumekani s’inscrit dans la ligne de celle de la famille du juge Borrel, qui a demandé samedi au président français François Hollande et à son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, «d’agir sans délai pour que cessent les menaces et les pressions qu’exerce le gouvernement de Djibouti pour obtenir, contre toutes les règles du droit international, son extradition». «Il serait facile pour M. Fabius de faire connaître sa préoccupation», a estimé Moncef Saleh, le fils de Mohamed Saleh Alhoumekani.

Le corps du magistrat français en partie carbonisé

La famille de Mohamed Saleh Alhoumekani, qui a fondé en Belgique un parti d’opposition au régime de Djibouti, a également renouvelé son appel au chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, pour qu’il intervienne auprès des autorités yéménites et que la Belgique lui accorde son assistance diplomatique.

Le gouvernement belge a choisi la discrétion et s’est jusqu’ici abstenu d’intervenir publiquement sur ce dossier, qu’il suit néanmoins «de très près», selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Selon lui, les possibilités d’interventions belges sont limitées, Mohamed Saleh Alhoumekani étant détenu dans un pays dont il a la nationalité. Mais «le ministère yéménite des Affaires étrangères nous a répété vendredi que la Constitution, qui stipule que le Yémen n’extrade pas ses nationaux, serait respectée et qu’il ne serait donc pas transféré à Djibouti», a précisé ce porte-parole.

Magistrat français détaché à Djibouti, Bernard Borrel avait été retrouvé mort le 19 octobre 1995, en contrebas d’un ravin, à 80 km de Djibouti. Son corps était en partie carbonisé. Les enquêteurs djiboutiens et français avaient privilégié dans un premier temps la thèse du suicide. Mais en se basant sur de nouvelles expertises et témoignages, l’enquête française privilégie désormais celle d’un assassinat.