10/09/2013 (Brève 226) Nadim Saleh, l’un des frères de Mohamed Alhoumékani nous adresse un appel pour la libération de son frère et pour féliciter son neveu Moncef, qui a remporté le titre de Boxe thaï à Sanaa.

Toute ma vie durant, j’ai été un pacifiste ardent. J’ai toujours détesté les violences physique et morale. Dès mon enfance, j’avais des principes « pacifistes » et je refusais toujours de me battre. Les violences, les bagarres, les guerres… j’ai fait impasse de tout cela.

Pourtant ce soir et pour la première fois de ma vie, j’ai trahi mes principes de non-violence. Ce soir j’ai applaudi, hurlé, pleuré de joie et en même temps de tristesse, parce que ce soir au Yémen, toutes les télés locales retransmettaient le championnat mondial de kikboxing. Vingt athlètes mondiaux participaient à la compétions et l’athlète qui représentait le Yémen n’est autre que le fils de Mohamed Saleh Aloumékani, mon frère.

Voir mon neveu Moncef défiler en tenant le drapeau yéménite, le voir boxer en finale, eh oui en finale, devant 30000 yéménites spectateurs en transes, fous de joies. Voir ces mêmes spectateurs qui scandaient le nom de mon frère Mohamed Alhoumékani et surtout voir Moncef remporter le titre avec la ceinture d’or dans sa catégorie comblant un public en extase.

Puis voir Moncef pleurer de tristesse sur le ring devant ces 30.000 spectateurs, quand le journaliste phare de la télé yéménite lui a posé la question :

« Champion, pourquoi pleures-tu, tu as gagné le titre, tu es la fierté du Yémen ? »

Moncef lui a répondu :;
« Je pleure parce que mon père est emprisonné illégalement et arbitrairement dans la prison centrale, sans n’avoir commis aucun délit. Je pleure pour ma mère, pour ma sœur atteinte de leucémie. Sans voir mon père libéré, je pleure de tristesse même si j’ai gagné

Tout cela m’a profondément ému et j’ai craqué. À mon tour, j’ai pleuré.

Entendre cette foule qui scandait le nom de mon frère Mohamed Alhoumékani m’a réchauffé le cœur. Mais la tristesse a vite repris le dessus, quand j’ai imaginé Mohamed, mon frère, seul dans les geôles yéménites, seul face à la connerie humaine, seul face aux millions de dollars offerts par Djibouti, seul face à l’oubli, seul face à l’injustice.

À ce moment précis, j’ai pensé à tous les gens qui luttent pour la libération de mohamed, à ces gens dignes, à ces gens si proches de nous, si proches dans ces moments délicats et qui seront à jamais dans nos cœurs. J’ai pensé à Jean-Loup Schaal, qui n’a jamais abandonné mohamed, Jean-Loup le défenseur des droits de l’homme à Djibouti et ailleurs, Jean-Loup Schaal si fascinant par sa ténacité et si proche des djiboutiens par sa droiture. J’ai pensé à Anne-Marie de Vaivre, Laurence Dawidowicz (toutes les deux éprises de justice et défenseurs des droits de l’homme). J’ai pensé à Dimitri Verdonck qui n’a jamais oublié Mohamed dans toutes ses actions. J’ai pensé à ces Djiboutiens dignes par leurs actes : Maki Houmed Gaba, Cassim Ahmed Dini, Mohamed Kadamy, Aïcha Dabaleh, Ali Abdillahi iftin, Ali Salem Omar, Hassan Brigel, Zipo, Abdoulhakim, Djama, et toutes celles et tous ceux que je ne peux pas citer.

Alors je dis aux Yéménites : vous êtes fiers de Moncef le fils de Mohamed, qui a honoré le Yémen, vous le considérez ce soir dans vos journaux comme un héros yéménite !

Respectez l’engagement de son fils qui est allé combattre sous les couleurs du pays, en dépit d’une pression morale insoutenable puisque son père est en prison mais avec une volonté inébranlable qui l’a conduit à la victoire finale.

MM. les yéménites soyez « grand » dans vos actes, soyez élégants dans vos actes, libérez mon frère Mohamed, libérez-le. Ne succombez pas aux sirènes financières étrangères.

Pour terminer je voudrais simplement rappeler à mon frère Mohamed ce refrain d’une chanson de Francis Cabrel : » je t’aimais, je t’aimes et je t’aimerais ».

Sois fort, Mohamed, tu n’es pas seul, on est tous avec toi.