13/09/2013 (Brève 230) PIEGE à Sanaa !

Il y a trois semaines, Alhoumékani était arrêté à sa descente d’avion à Sanaa. Il a fallu du temps pour connaître les raisons officielles. Comme cela avait été imaginé dès le début, c’est bien Guelleh qui était derrière tout cette affaire.

Le délai de la garde à vue étant achevé, Alhoumékani aurait du être relâché ou être inculpé pour justifier son incarcération à titre préventif. Or c’est une troisième voie qui a été choisie par les autorités judiciaires et policières du pays : celle du maintien en détention.

Changer la qualification.
Dans ces conditions, il ne faut plus parler de détention, mais de séquestration : c’est un acte criminel qui est commis. La séquestration est pénalement reconnue par les législations de nombreux états et par les organisations pénales internationales.

Le véritable but recherché par ceux qui l’ont pris en otage.
Chacun a compris aujourd’hui, qu’en le maintenant en prison, de hauts responsables yéménites
cherchaient, comme l’on dit dans la profession, à le faire « craquer ».

Craquer.
S’il s’agit des faits qui lui sont officiellement reprochés, à savoir la falsification de documents en 2004, alors qu’il n’était pas retourné à Djibouti depuis 1988 ou la violence sur subordonnés en 1993 ? Ca ne tient pas la route. C’est donc ailleurs qu’il faut rechercher les causes.

L’affaire Borrel.
C’est bien le renoncement à son témoignage qui mettait en cause Guelleh, qu’on veut lui faire signer. Or Alhoumékani est obstiné et coriace. Depuis ses déclarations de 2000-2001, il n’a jamais varié : en dépit des harcèlements, des provocations, des menaces, il a toujours dit la même chose : rien de plus, rien de moins.

Alors si sa liberté est à ce prix, à notre avis, il pourrait signer ce renoncement, qui n’aurait aucune valeur aux yeux des observateurs, car obtenu sous la contrainte.

Guelleh pourrait se vanter : il clamerait haut et fort, qu’il n’a jamais été le commanditaire de l’assassinat et qu’Alhoumékani était un menteur pathologique, uniquement animé par la volonté de porter atteinte à son honneur. Il verserait des larmes de crocodile pour dire qu’il a du vivre avec ces fausses accusations sur les épaules, bla, bla !

La France, de son côté, serait enchantée de prononcer la clôture de l’instruction.

Bon et puis après ?
Cela fait des années que l’instruction judiciaire en France, hormis certaines périodes d’activité, est plongée (volontairement ?) dans un profond sommeil, en attendant que les auteurs de l’assassinat soient morts : Awalleh Guelleh ? Adwani ?, ce qui met légalement un point final à une enquête criminelle.

Il y a un grand Mais
Imaginons qu’Alhoumékani accepte de revenir sur son témoignage : ce n’est pas la libération qu’il obtiendra en échange, mais son extradition. En effet, à partir de ce moment-là Djibouti disposerait des éléments pour appuyer sa condamnation pour déclarations portant atteinte à l’honneur du chef de l’état. Il aurait fait une déclaration le mettant en cause, puis revenant en arrière, il reconnaîtrait la volonté de nuire en ayant fait de fausses déclarations devant la justice française.

Comment sortir de ce piège ?
Aujourd’hui la situation est de plus en plus alarmante. Soit Mohamed Alhoumékani accepte le diktat qui lui est imposé par la complicité yéméno-djiboutienne et il se condamne lui-même, soit il tient bon (jusqu’à quand) et il en subit toutes les conséquences, avec en plus, une femme et des enfants plongés dans l’angoisse qui l’attendent à Bruxelles et qui risquent de sombrer dans la précarité, faute de revenus mensuels.

La solution ne peut venir que de la France et/ou de la Belgique
qui doivent mettre tout leur poids politique pour exiger la libération de Mohamed Alhoumékani. Tant que ces deux puissances ne le feront pas, la situation va se prolonger et on assistera à un pourrissement ou à une issue tragique, dont elles porteront la responsabilité.