08/01/2016 (Brève 613) Le Pays (Burkina Faso) ARRESTATION ET REPRESSION DOPPOSANTS A DJIBOUTI : Tant que ce pays représentera un enjeu géostratégique pour les Occidentaux Dabadi ZOUMBARA
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Il ne fait pas bon être opposant à Djibouti.
En effet, depuis près de trois semaines, une féroce répression sabat sur les opposants dans ce pays. Certains ont été lâchement assassinés, dautres, les plus chanceux, jetés en prison. Malgré lappel des Etats-Unis dAmérique au pouvoir autocratique dIsmaël Omar Guelleh à les relaxer, rien ny fit. Des membres de la coalition dopposition Union pour le salut national (USN) sont toujours au cachot. Parmi ces détenus figurent le secrétaire général Abdourahman Mohamed Guelleh et dautres cadres de lopposition.
Ce déluge de feu est dirigé contre des opposants djiboutiens, tout simplement parce quils sont opposés à un quatrième mandat que veut, contre vents et marées, briguer le président Ismaël Omar Guelleh. Or, il avait juré, la main sur le cur, quil ne prolongerait plus son bail à la tête de lEtat. Un parjure qui ne lui fait pas honneur.
Mais cette volte-face de Guelleh nest guère étonnante sous nos tropiques. Si les présidents violent leur Constitution pour se maintenir au pouvoir, ce nest pas une simple promesse de quitter les affaires, quun dictateur comme Ismaël Omar Guelleh respectera. Sous cet angle, on pourrait dire que lopposition a été naïve de croire à la sincérité dun homme qui, du reste, avait déjà montré sa mauvaise foi en sautant le verrou limitatif du nombre de mandats présidentiels en 2010.
Le moins que lon puisse dire, cest quà travers cette répression sanglante qui aura fait des dizaines de victimes selon les associations locales de défense des droits de lHomme, Ismaël Omar Guelleh montre une autre facette de sa dictature. Que lopposition ne se trompe donc pas, le satrape est prêt à tout pour conserver son pouvoir. Et tout laisse croire que toute contestation sera matée dans le sang.
Les Occidentaux ont décidé dassister au massacre de la démocratie
Quelle fait pitié, cette opposition dont on se demande si sa cause sera entendue par les Occidentaux ! De fait, la position géostratégique de Djibouti offre beaucoup dintérêts à biens des pays. La France qui y a installé une de ses plus grandes bases militaires, pour ne pas dire la plus grande en Afrique, tient à ce pays comme à la prunelle de ses yeux.
Si des zones dombre demeurent jusque-là autour de certaines affaires comme la mort du juge Bernard Borrel en 1995, cest parce que lancienne puissance coloniale ménage ce pays. Au nom des intérêts, les Occidentaux évitent de jeter un coup dil dans les placards dIsmaël Omar Guelleh. Ils préfèrent plutôt le caresser dans le sens du poil.
Ce faisant, ce dernier se permet beaucoup de choses, même les plus abjectes. Et tant quil continuera à garantir les intérêts des puissances occidentales, ces dernières, en particulier la France, noseront jamais lever le petit doigt pour condamner ses lubies.
La préoccupation première des Occidentaux à Djibouti nest, ni la promotion de la démocratie, ni celle des droits de lHomme, encore moins lalternance. Tout ce qui les intéresse, cest de disposer dun territoire où ils peuvent assurer en toute sécurité les mouvements de leurs navires.
Car, on le sait, les flibustiers y sont très actifs et nhésitent pas à sattaquer aux navires qui transportent diverses marchandises en direction de lAfrique ou de lEurope.
En tout cas, tant que Djibouti représentera un enjeu géostratégique pour les Occidentaux, les opposants nauront que leurs yeux pour pleurer. Ils continueront, à coup sûr, dêtre victimes du rouleau compresseur du dictateur Guelleh qui devrait étrenner son 4emandat. Si depuis 1999 Djibouti na pas connu dalternance, cest bien, en partie, à cause de lindifférence des Occidentaux.
On a le sentiment que dans la Corne de lAfrique, les Occidentaux ont décidé dassister au massacre de la démocratie, en simples spectateurs. Cela est dautant plus vrai que dans cette partie de lAfrique, lon dénombre bien des cancres de la démocratie. De la Somalie à Djibouti en passant par lErythrée, il ny a aucun modèle en matière de démocratie. Contrairement à lAfrique de lOuest où lon a quelques bons exemples, ces pays ont encore un long chemin à parcourir. La démocratie dans ces pays reste une ligne dhorizon.
Dabadi ZOUMBARA