09/01/2016 (Brève 617) Le Procureur de la République Maki Omar Adoulkader : un homme servile qui soigne sa publicité et qui contribue largement et efficacement à médiatiser la cruauté du régime de Guelleh à Djibouti. (Correspondant)

Comme cela avait été écrit le 3 janvier 2016 dans un article intitulé « L’arroseur va-t-il être arrosé » ?, l’évolution de la situation confirme qu’il a atteint un résultat contraire à ses objectifs.

Maki Omar Aboulkadeur Procureur djiboutien aux ordres de la dictature A titre d’exemple, son acharnement et nous pourrions même dire son sadisme à l’encontre de M. Omar Ali Ewado, qu’il a placé au secret à Gabode, n’autorisant aucune visite, même de son épouse ou de ses enfants (ce qui permet d’imaginer qu’il y est torturé et/ou soumis à un traitement inhumain et qu’il ne faut surtout pas dévoiler les blessures laissées par les sévices répétés et prolongés)
ne font que renforcer la médiatisation internationale. L’appel international urgent et commun de la FIDH et de l’Observatoire mondial contre la Torture du 8 janvier 2016 en est une preuve.

A l’origine le Procureur, dans son allégeance totale au régime, avait un objectif précis : celui de minimiser l’impact du massacre commis le matin du 21 décembre 2015 à la périphérie de Balbala. Il avait consenti officiellement le fait qu’une échauffourée entre un groupe et la police avait causé la mort de 7 personnes.

Mais voilà, il y a eu un grain de sable qui a contredit sa belle campagne de désinformation. Ce grain de sable, c’est le Président de la LDDH Omar Ali Ewado et son équipe qui ont mené une enquête sérieuse auprés des familles et ils ont dressé un bilan non exhaustif de 28 morts et 34 disparus (ce qui fait 62 morts), 52 blessés et 13 emprisonnés. La liste a été diffusée dans le monde entier, en particulier par RFI qui a diffusé une interview de M. EWADO. (Il y a longtemps que le régime a coupé l’antenne FM qui couvrait Djibouti !!)

Fou furieux et manquant totalement de vision, le Procureur Aboulkader s’est acharné sur la personne de M. Ewado, le faisant arrêter et transférer dans une brigade (BRD) spécialisée dans la torture et l’obtention illégale d’aveux
par la souffrance physique, au motif que sa liste des victimes était fausse et qu’il serait donc coupable, de diffusion de fausses nouvelles et pour en rajouter une couche, il a ajouté la diffamation publique.

Après sa présentation au Tribunal le dimanche
3 janvier où l’on a vu un homme fatigué, souffrant physiquement et complètement perdu après trois jours passés dans les locaux de la BRD, le tribunal a prononcé son incarcération à Gabode avant un jugement prévu pour ce dimanche 10 janvier.

Dans sa logique et sa perversité, le Procureur a décidé d’ajouter la mise au secret de M. Ewado, en refusant les permis de visite à sa famille, ce qui est très rare et réservé en général à des criminels très dangereux ou des affaires très sensibles quand le détenu pourrait divulguer ou recevoir des informations de nature à modifier la procédure, comme par exemple, des pressions sur les témoins.

Le refus incompréhensible de Me Zakaria Abdillahi de défendre le prévenu.
Nous comprenons fort bien les risques qu’encourent
les avocats djboutiens, s’ils acceptaient de défendre Omar Ali Ewado, mais la position catégorique de Me Zakaria -soupçonné par certains observateurs de mener un double jeu (non prouvé) entre le pouvoir et les inculpés, pour assurer l’existence de son Cabinet et se protéger de tout harcèlement à son encontre- est stupéfiante et incompréhensible.

Voilà un avocat qui revendique le titre de Président de la LDDH (alors que l’enrgistrement officiel de cette Association par le Ministre de l’intérieur djiboutien, nous indique sans contestation le Président EWADO) et qui refuse d’assister un Défenseur des Droits de l’Homme persécuté. Les masques sont-ils tombés ?

Monsieur EWADO n’est plus seul désormais, mais le sait-il aujourd’hui ?
Monsieur Ewado va donc comparaître le 10 janvier sans même savoir que le ténor du Barreau de Paris, Me Emmanuel Daoud du Cabinet Vigo a accepté de le défendre et sans avoir pu communiquer avec lui. Il sera le coupable idéal et le Procureur se prépare une voie royale pour prononcer un réquisitoire sans concession et obtenir du Juge (qui sert docilement le même patron) une lourde condamnation.

Comme matériellement, il sera impossible à Maître Daoud d’être présent ce dimanche à Djibouti et que l’on ne sait même pas si l’Ambassade lui accordera un visa et dans quel délai, Monsieur Ewado ne devrait pas être défendu par un Avocat.

Mais voilà, les codes de procédure et toutes les chartes internationales signées par Djibouti impose la présence physique d’un avocat aux côtés de l’inculpé, s’il en fait personnellement la demande au bâtonnier. Or mis au secret, il ne peut pas faire cette demande.

C’est la raison pour laquelle Me Daoud a écrit au bâtonnier en expliquant la situation et en lui demandant officiellement les mesures qu’il comptait prendre dans ce contexte pour garantir l’équité et les Droits inaliénables de la défense ?

Sa réponse sera certainement intéressante et nous l’attendons avec impatience.

Un résultat contraire aux objectifs du Procureur.
Toutes ces gesticulations, tout cet acharnement pour minimiser le nombre des victimes du massacre du 21 décembre (sans compter les pressions qui sont certainement exercées actuellement sur les familles des victimes pour qu’elles déclarent n’avoir pas été contactées par la LDDH)
ont déclenchés une vaste médiatisation non seulement en France, mais aussi à l’international. La revue de presse de l’ARDHD, arrêtée au 4 janvier 2015 contenait déjà 42 articles sous les plus grandes signatures de la presse. (A noter que son téléchargement a fait l’objet d’un piratage et qu’il n’a pu être rétabli qu’après quelques heures, ce qui pourrait confirmer l’agacement du Pouvoir face à cette montée en puissance de la condamnation internationale, ce qui ne servira probablement pas l’avancement du Procureur.)

Depuis le 4 janvier la médiatisation a pris de l’ampleur et le régime de Djibouti fait l’objet de condamnations sévères dans le monde, comme en témoignent de nombreux articles de presse qui accréditent généralement un bilan supérieur à 25 morts et parfois plus.

Le plus grave pour le Procureur, ce sont les plaintes internationales qui sont déposées auprès des organismes internationaux et qu’il a déclenché par son acharnement irrationnel et illégal. Il y en a plusieurs, y compris une sous la signature de la LDDH.

Qui est M Ewado ?
Loin de l’image du criminel que voudrait diffuser le Procureur, il s’agit d’un homme simple, marié et père de 7 enfants, instituteur dans un quartier défavorisé et menant une existence simple, à quelques trimestres de son départ en retraite. Mais c’est un homme courageux, qui a des convictions et qui entend les défendre contre les prédateurs qui ont accaparé toutes les richesses et ressources de Djibouti et qui ont recours à l’assassinat de masse des Djiboutiens et de leurs enfants pour assouvir leur insatiable besoin d’enrichissement personnel et de pouvoir.

Comment le Président et sa famille, avec un salaire aux alentours de 10.000 € par mois, ont-ils pu acquérir un tel patrimoine ?
Déjà la partie connue de ce patrimoine est ahurissante : un château à Haramous, un vaste appartement dans une avenue très chic de Paris, 80 voitures selon les déclarations de M Boreh devant la justice britannique. Sans compter les propriétés que la rumeur situe aux émirats et en Afrique du Sud, entre autres et de probables comptes bancaires bien garnis dans des paradis fiscaux….