10/05/2016 (Brève 787) PADD / Laccord militaire et sécuritaire entre Djibouti et lEthiopie : lettre ouverte au premier ministre de la république démocratique fédérale dEthiopie
![]() |
Parti Démocrate Djiboutien – PADD Quartier 4 Djibouti |
Réf. 005/Ltr/Mai.2016
Son Excellence
Haile Mariam Dessalegn
Office of the Prime Minister
P.O. Box 1031
Addis-Ababa
Ethiopia
Objet : Laccord militaire et sécuritaire entre Djibouti et lEthiopie
Son Excellence,
Le Ministre djiboutien de la Défense Hassan Darar, et son homologue éthiopien Siraj Fegessa, ont signé, jeudi 28 avril 2016, “un protocole de coopération globale dans les domaines sécuritaires et militaires” entre les deux pays, selon la télévision d’Etat djiboutienne RTD voir ce lien : (https://youtu.be/9cXM0Q1S-iA?t=8m49s).
Cette annonce a été faite à lissue d’une réunion de la Commission militaire mixte entre Djibouti et l’Éthiopie, qui sest tenue jeudi, dans la capitale, Djibouti, avec la participation du chef d’état-major des forces djiboutiennes, le général Zakaria Cheikh Ibrahim, et son homologue éthiopien, le général Samora Younis.
– Le discours du général de larmée djiboutienne, Zakaria Cheikh Ibrahim.
Dans son discours le chef d’état-major des forces djiboutiennes, le général Zakaria Cheikh Ibrahim, dit clairement : « larmée éthiopienne va nous aider à combattre des éléments indésirables à lintérieur du pays et nos actions conjointes ne se limiteront pas à nos frontières mais là où il y aura besoin. »
Les propos tenus par le général djiboutien sont très graves et surprenants parce quil déclare ouvertement que les soldats de larmée éthiopienne en uniformes peuvent opérer librement sur le territoire djiboutien pour participer aux exactions et massacres que mènent, à certains endroits du pays, la milice de Guelleh à lencontre de la population civile.
Que des officiers militaires censés défendre leur peuple contre les agressions de forces armées étrangères, invitent une autre armée à participer à des projets de massacre ou de génocide dans leur pays et sur les citoyens est chose vraiment inacceptable aux regards du droit international.
–
Les corridors et Le motif de larrivé de larmée éthiopienne à Djibouti.
Les trois principaux corridors daccès à la mer de lEthiopie sont les corridors dAssab (Erythrée), de Djibouti (Djibouti) et de Berbera (Somaliland).
Les autres ports de la sous-région, Port Soudan (Soudan), Massawa (Erythrée) ou Mombassa (Kenya) sont trop décentrés pour être utilisées régulièrement par lEthiopie et ne peuvent pas être considérés comme réellement compétitifs, même si de temps à autre lEthiopie a pu les utiliser pour y faire transiter certaines de ses importations ou exportations.
Bien que le corridor Djibouti/Addis-Abeba reste indispensable dans les temps actuels, il ny est pas lunique port dusage mais tire de son rôle quasi-permanent des liens de sang, de fraternités et damitiés historiques. En partant du rive de la Mer-Rouge, ports de Djibouti Zeila ou Assab, les accès commerciaux ont toujours traversé ,à environ 75% de leurs longueurs, les territoires des deux ethnies, Afar et Issa, qui peuplent Djibouti, le Nord de la Somalie, le Sud de lErythrée et le centre Est de lEthiopie.
Ceux-ci prouvent quaucun Afar ou Issa de Djibouti ne pensera mener des actions hostiles au fonctionnement de ces corridors parce que les premiers qui en souffriront ne sont pas les éthiopiens des plateaux du Nord de lÉthiopie et des régions de lOuest et Sud mais plutôt les Afars et les Issas du centre Est de lEthiopie.
Dans laccord militaire et sécuritaire signé entre Djibouti et lEthiopie 28 avril 2016, le président Ismaël Omar Guelleh autorise les hommes en uniformes des forces éthiopiennes à mener des actions ou des exactions contre la population djiboutienne dans notre pays.
Le corridor Djibouti/ Addis-Abeba existe depuis plus de 2 siècles et na jamais souffert daucune changement de régime, des menaces extérieurs et son plein fonctionnement na jamais nécessité la protection daucune force armée et moins linvasion de larmée éthiopienne sur le sol djiboutien.
La protection de laccès commercial précité ne peut cependant justifier linvasion du territoire djiboutien par des forces armées éthiopiennes amies et frères.
En réalité Ismaël Omar Guelleh a conclu cet accord avec lÉthiopie dans le but de protéger son régime tyrannique en vous impliquant aux affaires internes de la nation djiboutienne.
–
Les risques et les conséquences au niveau national et régional.
Au niveau national
Le peuple djiboutien en a ras le bol du régime clanico-mafieux dIsmaël Omar Guelleh et lui a fait savoir au cours de la dernière élection présidentielle du 8 avril 2016 dont le régime djiboutien, en faisant usage des tous les moyens illégaux pour obliger la population à se rendre aux bureaux de vote, même sil na réussi à mobiliser plus de 17% du corps électorale du pays.
Cela montre que le peuple djiboutien souhaite ardemment linstauration dune démocratie à la direction du pays et compte chasser le régime mafieux avec tous les moyens légaux qui seront à sa portée.
Mais, si les forces armées éthiopiennes participent à la répression du peuple djiboutien en tentant de protéger un régime illégitime et liberticide, Addis-Abeba sera responsable des hostilités et des conséquences inimaginables que cela engendrera entre des peuples amis, soient ceux des plateaux éthiopiens et Djiboutiens.
2 – Au niveau régional.
La présence des forces armées éthiopiennes à Djibouti empiétera sur les intérêts de plusieurs pays de la région et de la Mer-rouge au point de voir un surarmement de la région et même des possibles affrontements armées qui auront des conséquences négatifs sur les développements économiques et commerciales de deux pays, Djibouti et lEthiopie. Cette nouvelle situation de guerre dissuadera les peu dinvestisseurs courageux, qui malgré le manque de sécurité juridique, injectent leurs argents sur nos économie.
Pour assurer la sécurité du corridor Djibouti/Addis-Abeba le Protocole fixant les conditions de stationnement des forces armées françaises sur le territoire de la République de Djibouti après l’indépendance et les principes de la coopération militaire conclue avec la France et revu en 2011, un pays neutre des visés militaires, politiques, territoriales et économiques de chacun et chacune de la région, suffit et a en plus légitimé quil est source de stabilité dans la région presque un demi-siècle après son ratification.
–
La saisie de la ligue arabe, de lunion africaine et de lONU.
Pour éviter une deuxième Koweït dans le monde arabe, nous inviterons lUnion Africaine, la Ligue Arabe et lONU à avoir un regard particulier sur cet accord militaire entre Djibouti et lEthiopie.
–
La position de lÉthiopie au sujet du communiqué officiel du régime djiboutienne.
Le discours du chef d’état-major des forces djiboutiennes, le général Zakaria Cheikh Ibrahim, et certains informations que des barons du régime de Guelleh font circuler dans le pays a créé une inquiétude dans la population au point que le slogan suivant revient dans tous les discussions : « Nous ne serons pas une nouvelle Koweït, nous nous défendrons ! ».
Comme la population djiboutienne ne fait plus confiance au régime de Guelleh, la balle est dans le camp dAddis-Abeba pour clarifier les contenus officiels de laccord militaire en question.
En espérant que notre lettre saura attirer toute votre attention, nous vous prions de croire, Monsieur le Premier ministre, en notre plus haute considération.
Président de PADD
HASSAN CHER HARED
Copies à : UA Ligue Arabe – ONU