20/06/2017 (Brève 1015) « Jabbha », plus vieux détenu politique de Djibouti, condamné à la mort carcérale (Par Me Bérenger Tourné -Le grand soir)
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Mohamed Ahmed Edou, dit « Jabbha », est un militant du FRUD, le Front pour la restauration de lUnité et de la Démocratie à Djibouti.
Il est un combattant de la liberté des Afars et des Somalis, comme létait Mandela pour les Bafokengs et les Bochimans dAfrique du sud. Il est un combattant de la liberté de tous les peuples de Djibouti, Etat volé à ces derniers comme lAmérique fut prise aux indiens.
« Jabbha » a été arrêté le 3 mai 2010 par des soldats de larmée du régime autocratique de Oma Guelleh alors quil essayait de défendre une femme enceinte que ces mêmes soldats tentaient de violer, près de Moussa Ali, au Nord-Ouest du district de Tadjoura.
Après 60 jours au secret à être torturé par les sbires du service de documentation et de la sécurité, les services spéciaux djiboutiens, il sera écroué à Gabode, dans des conditions sanitaires déplorables.
Outre la privation de liberté, il va souffrir pendant plus de sept ans, sévices et humiliations pour finir par contracter un cancer au foie que va récemment révéler lexpertise médicale devant néanmoins le déclarer à comparaître devant la Cour dassises fantoche de lEtat guignol de Djibouti.
Car Djibouti pour qui lignore, est une marionnette. Aux bouts des ficelles, il y a la France, lElysée, à laquelle lautocrate Omar Guelleh vient rendre compte chaque fois quil y est invité, ou plutôt convoqué
La Défense de Mohamed Ahmed Edou, dit « Jabbha » na pu se rendre à Djibouti pour le défendre. Elle na pas été convoquée pour laudience par le greffe. Et surtout, toutes les dispositions étaient prises pour quelle soit refoulée à la frontière, si dès fois elle devait tenter de simposer.
Cest ainsi que Mohamed Ahmed Edou, dit « Jabbha », a été condamné ce dimanche 18 juin 2017 à 15 ans de réclusion criminelle à lissue dun procès dont les débats nont pas même duré plus de deux heures.
Il faut dire que le dossier de la procédure est aussi épais quune lame de rasoir. Il est vide. Aucun témoignage, aucune investigation, pas la moindre victime ne permet de fonder la moindre charge tangible.
Quà cela ne tienne. De plus vieux détenu politique du régime fascisant en place, « Jabbha » va sans nul doute devenir un nouveau martyr de la liberté, parce quau regard de son état de santé alarmant, tout porte à croire quil ne survivra pas à lincarcération, et que lon va le laisser crever en cellule sans lui fournir le minimum de soins qui devrait pourtant lui être prodigué en urgence.
Une adresse au Président de la République a été jetée dès le lendemain du verdict, comme une bouteille à la mer, pour lalerter sur la situation et ses conséquences.
Car il est bien certain que si un battement daile de papillon à Tokyo peut provoquer un orage à New York, un claquement de doigt à Paris suffit à ouvrir les geôles de Djibouti.
A défaut, « Jabbha » est condamné, et la France sera alors complice de son assassinat judiciaire.
Bérenger Tourné
Avocat à la Cour